Par Gauthier Langlois
Né le 24 mai 1816 à Toul (Meurthe, actuellement Meurthe-et-Moselle) ; célibataire, médecin à Toul, socialiste, opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 réfugié à Jersey.
Louis Nacquard est né dans une famille lorraine de juristes et de médecins dont les plus connus sont Charles François Nacquard (1690-1749) médecin de Stanislas, roi de Pologne à Nancy et Jean-Baptiste Nacquard (1780-1854) médecin de Balzac à Paris. Son acte de naissance précise qu’il est né de Jean-Baptiste Nacquard (vers 1770-1831) âgé de 46 ans, ancien receveur des domaines puis notaire et de Françoise Joséphine Rosalie Desbroux (vers 1780-1819) âgée de 36 ans, en présence de Charles Nacquard, directeur de la poste aux lettres, oncle paternel de l’enfant. Louis avait deux frères aînés, Jean-Baptiste François Adolphe, né vers 1803 qui fit carrière comme médecin et Charles Louis, né en 1811, qui fit carrière d’avocat.
Il était probablement franc-maçon car en 1841, un docteur Nacquard de Toul (lui ou son frère aîné), était membre de la loge Saint-Jean de Jérusalem, orient de Nancy. Socialiste et républicain, il s’investit dans la politique suite à la révolution de février 1848. Il fut choisi comme président du club démocratique de Toul tandis que son frère Charles Louis était élu au conseil municipal. Et le 10 avril, en cette qualité, il participait à la plantation d’un arbre de la Liberté et prononça à cette occasion un discours, aux côtés du maire Joseph André Didelot, du sous-commissaire du gouvernement Constantin de Vallerot, de l’abbé Georges, curé de la cathédrale et du rabbin de Nancy. Le 22 avril son club offrit un banquet démocratique à une colonne de 250 polonais qui rejoignaient leur pays pour participer à la révolution. En 1849 il fut candidat à l’assemblée constituante mais ne fut pas élu.
Opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il fut condamné à l’expulsion, le 11 février 1852, par la commission mixte de la Meurthe. Cette décision était motivée par le commentaire suivant : « Il est le chef du parti socialiste à Toul, et s’y livrait à la propagande la plus active. Candidat à l’assemblée législative en 1849, c’est un des hommes les plus dangereux et le véritable meneur de l’arrondissement. Il était en rapport avec tous les chefs socialistes et allait arrêter le sous-préfet au moment où il a été mis lui-même en état d’arrestation. Président du comité démocratique de Toul, il a signé en cette qualité le placard insurrectionnel qui proclamait la déchéance du prince Louis-Napoléon. Il faisait de fréquents voyages à Paris pour le parti démagogique et tous les étrangers socialistes avaient à leur passage à Toul des conférences avec lui. Il est un des 4 ou 5 chefs les plus dangereux du pays et son expulsion doit être ordonnée. »
Il se réfugia à Jersey d’où il fit une demande de grâce. Il bénéficia, le 12 février 1853, d’une grâce accordée par le chef de l’État, commuant son expulsion en interdiction de séjour dans la Meurthe.
Par Gauthier Langlois
SOURCES : Archives de Meurthe et Moselle, Acte de naissance. — Le Pays lorrain : revue régionale bi-mensuelle illustrée, année 16, 1924, p. 54. — L’Espérance : courrier de Nancy, 22 mars 1852. — Bnf, Fichier Bossu. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Nacquard - Pierre Louis Emmanuel », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Consulté en vain : tables décennales mariage et décès de Toul 1803-1872.