DUTILLEUL Pierre, Louis

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 22 février 1901 à Dorignies-les-Douai, commune de Douai (Nord), mort le 12 septembre 1974 à Sens (Yonne) ; ouvrier métallurgiste, employé puis rédacteur de presse ; conseiller municipal communiste de Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) à partir de 1929 ; membre du bureau politique du Parti populaire français (PPF) de 1936 à 1944.

Pierre Dutilleul naquit dans une famille d’ouvriers verriers du Nord. Sa mère Augustine était la sœur de Léonard Dutilleul, militant socialiste avant 1914, et d’Émile Dutilleul qui fut trésorier du Parti communiste. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale comme engagé volontaire dès l’âge de seize ans, il adhéra au Parti communiste au début des années 1920. Pierre Dutilleul aurait été secrétaire de la Fédération du Nord du Secours ouvrier international (SOI) avant de venir s’installer à Saint-Denis (Seine) où il était « employé » (peut-être permanent). Il entra au conseil municipal de cette ville à l’occasion des élections municipales de mai 1929. Tout le conseil municipal démissionna le 15 février 1930. La liste communiste fut réélue le 23 mars 1930. Rédacteur au journal communiste L’Émancipation (organe de Saint-Denis et des environs), il subit une condamnation pour délit de presse en 1930 et séjourna à la prison de la Santé. Pierre Dutilleul se solidarisa avec Jacques Doriot, maire de Saint-Denis, exclu du Parti communiste en juin 1934. Doriot lui confia le secrétariat général des « Amis de l’Unité », puis, en fit son sixième adjoint après les élections municipales de mai 1935.
Membre fondateur du Parti populaire français en 1936, Pierre Dutilleul siégea au bureau politique de cette organisation jusqu’à la Libération. Il présida à partir de 1938 la Commission centrale de contrôle politique qui disposait de nombreux renseignements. Victor Barthélémy raconta qu’en octobre 1941 : « le chef de l’Abwehr en France proposait au PPF de collaborer avec lui. Il savait que le parti avait la possibilité de recueillir une quantité de renseignements intéressants, sur les communistes en particulier, étant donné son implantation dans tout le pays et l’importante proportion d’anciens communistes dans ses rangs. Le colonel savait aussi que le parti disposait d’un service de renseignements [...] confié à Pierre Dutilleul » (Du communisme au fascisme, p. 265-266). Dutilleul jouissait de la confiance et de l’amitié de Doriot. Ainsi, celui-ci mobilisé en septembre 1939 continuait à donner des éditoriaux à L’Émancipation nationale en empruntant la signature de P. Dutilleul. Le maire adjoint de Saint-Denis collabora à La Liberté, au Cri du Peuple, aux Cahiers de l’Émancipation et au Bulletin corporatif. Il prit le chemin de l’exil en août 1944 pour aboutir à Neustadt (Allemagne). Dans quelles conditions fut-il arrêté ? Un tribunal français le condamna à la peine de mort le 12 mai 1948. Pierre Dutilleul avait, au cours du procès, fait valoir ses interventions pour éviter la déportation en Allemagne de son oncle Émile. Celui-ci était mort quelques jours avant le procès. Le jugement ayant été cassé, Dutilleul vit sa peine réduite à cinq ans de travaux forcés en juin 1948. Il bénéficia ensuite d’une amnistie.
Pierre Dutilleul s’était marié le 25 août 1923 à Douai.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23562, notice DUTILLEUL Pierre, Louis par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 1er novembre 2010.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3, D 3 M2 n° 3, et Versement 1045/76/1. — L’Émancipation, mai 1929, mai 1935. — Le Monde, 13 mai 1948, 20 juin 1948, 17 et 21 septembre 1974. — Jean-Paul Brunet, Une banlieue ouvrière : Saint-Denis (1890-1939), thèse, op. cit., — Victor Barthélémy, Du communisme au fascisme : l’histoire d’un engagement politique, Paris, 1978. — H. Coston, Dictionnaire de la politique française, Paris, 1972, t. 2. — État civil de Dorignies-les-Douai.

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