SOUDAY Georges, Eugène

Par Jean-Jacques Doré

Né le 23 mars 1887 à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; tourneur sur métaux ; membre de la commission administrative du syndicat CGT des Métaux du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1918.

Le 14 avril 1887, Eva Souday, tisseuse, reconnut son fils Georges, né le 23 mars. Il se maria à Sotteville avec Marguerite Jamme le 6 août 1910.

Mobilisé en août 1914, il fut détaché à l’usine Schneider d’Harfleur près du Havre le 11 février 1916.

En 1916, les usines métallurgiques du Havre , Chantiers Augustin Normand, Westinghouse, Schneider, les Tréfileries... tournaient à plein régime avec le concours de nombreux affectés spéciaux mis à disposition par les autorités militaires. Le syndicat CGT des Métaux du Havre, réactivé en août 1916, était dirigé par un bureau favorable à l’Union sacrée où dominait la personnalité de Charles Le Chapelain : Bouty était secrétaire, Le Chapelain secrétaire adjoint et Abel Viandier trésorier.

Le syndicat connut une croissance continue, 2 000 adhérents en janvier 1917 puis 4 500 (8 000 selon Hélène Rannou) un an plus tard, renforçant d’autant la tendance minoritaire hostile à la guerre. Lors de l’assemblée générale du 3 février 1918, présidée par Claude Berthelon, le bureau sortant fut mis en minorité et la nouvelle équipe qui prit la direction était composée de Gaston Patout (secrétaire), Louis Legrain (secrétaire adjoint), Marcel Boulard (trésorier) et Claude Berthelon (trésorier adjoint). Elle était assistée d’une commission administrative de huit membres dominée par la personnalité de Georges Souday. Le nouveau bureau fit adopter un ordre du jour qui prévoyait "la lutte par tous les moyens à employer pour arriver à la satisfaction complète et totale au sujet des salaires et à la fin de la guerre". Il annonçait, en outre, la décision d’adhérer au Comité de défense syndicaliste.

En avril 1916, s’était fondé à la Bourse du Travail de Paris le CDS ouvert aux syndicats opposés à la guerre. Dirigé par Aimé Rey puis Raymond Péricat, il reçut l’adhésion de plusieurs syndicats du Bâtiment et de la Métallurgie de la Seine et de la Loire en 1917.

Le rapport du sous-lieutenant d’artillerie Chardenal contrôleur local de la main d’oeuvre militaire en date du 5 février 1918 ajoutait : "j’ai fait venir les nommés Berthelon et Souday pour savoir qui était à l’origine de l’ordre du jour lu par Berthelon. J’ai demandé à Souday s’il en acceptait la paternité, il ne l’a pas accepté. En fait Monsieur Laroze, commissaire de police qui assistait à la réunion, déclare formellement qu’il a vu Souday sortir de sa poche l’ordre du jour et le remettre à Berthelon. Son impression très nette est que Souday plus encore que Berthelon est le promoteur du Mouvement".

L’équipe dirigeante ne tarda pas à mettre en application le programme adopté. Réunie en mars, une assemblée générale à laquelle assistèrent 1 200 syndiqués adopta l’adhésion au CDS, une campagne pour revendiquer des hausses de salaires, la défense de la Charte d’Amiens et la lutte pour la paix. Les autorités militaires réagirent et convoquèrent Patout, Legrain, Berthelon et Souday le 11 avril 1918 au siège du gouverneur. La poursuite de l’action pacifiste entraînerait des sanctions, mutations, retour à l’armée d’active et même arrestations. Les "conjurés" passèrent outre, le 14 mai une assemblée générale de 800 métallurgistes désigna un délégué au congrès minoritaire qui devait se tenir à Saint-Etienne (Loire) les 19 et 20 mai et le 17 mai le syndicat provoqua des rassemblements en plein air dans les cours des usines Schneider, Westinghouse et Forges et Chantiers de la Méditerranée. Environ 3 000 ouvriers se mirent en grève et tentèrent de bloquer d’autres usines. Le mouvement fit long feu et cessa le lendemain.

Les autorités militaires réagirent aussitôt, le 18 mai Georges Souday et Claude Berthelon furent arrêtés pour "excitation à la grève", vingt affectés spéciaux "horsains" furent déplacés [ Berthelon fut muté à Frouard (Meurthe-et-Moselle)], seul Louis Legrain fut épargné car il vivait et travaillait au Havre depuis 1902. Les meneurs de Seine-Inférieure furent maintenus à leur poste sauf Georges Souday. Le 6 juillet 1918, il fut déplacé à l’usine Zèbre auto de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine).

Démobilisé le 28 décembre 1918, à Athis-de-l’Orne, il vécut 1 rue du Pont neuf à Alençon (Orne) de 1921 à 1928. En 1939, il habitait à Dracy-sur-Ouane près de Toucy (Yonne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235623, notice SOUDAY Georges, Eugène par Jean-Jacques Doré, version mise en ligne le 16 décembre 2020, dernière modification le 19 décembre 2020.

Par Jean-Jacques Doré

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Maritime série R Réunions syndicales 1918-1919, 10 MP 1333 grèves 1917-1919, État civil, Registre matricule militaire. — Notes d’Hélène Rannou et Guillaume Davranche. — Inspection des Forges de Paris, rapport du sous-lieutenant d’artillerie Chardenal, contrôleur local de la main d’oeuvre militaire en date du 5 février 1918.

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