OUDINOT DE LA FAVERIE Pierre-Victor, François, Louis

Par Pierre Baudrier, Pierre-Henri Zaidman

Né le 25 décembre 1811 à Alençon (Orne) ; fabricant d’engrais ; favorable aux idées de Gracchus Babeuf ; communard.

Fils de François, Michel, Stanislas Oudineau (ou trouve les deux orthographes Oudinot et Oudineau) sous-préfet, chef de bataillon au 106e régiment de ligne et commandant la division des officiers aux Invalides, et de Rosalie Julie Guérin, Pierre-Victor naquit dans une fratrie de onze enfants dont le célèbre peintre-vitrier Eugène Oudinot de la Faverie (1827-1889).
Il fit ses études au lycée d’Alençon puis s’engagea à l’École de cavalerie de Saumur, il en sortit en 1831 comme maréchal des logis affecté au 1er régiment de hussards. En octobre 1836 plusieurs hussards du régiment de Vendôme rêvèrent de reproduire avec succès le soulèvement de Gracchus Babeuf et de gagner successivement tous les régiments. Mais le hussard Thierry se confia au trompette Mischeler qui prévint la hiérarchie. Le hussard Marchal trahit de lui-même. Passèrent en jugement : Bruyant (Charles-Victor), brigadier, profession de bijoutier avant d’entrer au service, âgé de 22 ans ; Thierry (Nicolas), hussard, profession de bottier avant d’entrer au service, (contumax) ; Oudinot (ou Oudineau) de la Faverie Pierre-Victor-François-Louis, brigadier, profession d’étudiant avant d’entrer au service, 25 ans ; Marchal (Louis-Nicolas), hussard, jardinier, 22 ans ; Descartes (Barthélémy-Théophile), hussard, corroyeur ; Brussière (Claude-Alphonse), hussard, imprimeur en papier peint, 25 ans ; Benoît (Pierre), hussard, chapelier, 25 ans ; Bernard (Pierre), hussard, maçon, 24 ans ; Lenoan, hussard, domestique, 29 ans ; Nardin (François-Auguste), hussard, bottier, 27 ans.
Le 2 décembre 1836, il fut condamné par un conseil de guerre à Tours à cinq ans de détention. Gracié, il s’engagea dans les spahis sénégalais (garde rouge) puis il servit dans les mobiles de la Seine.

Libéré comme adjudant sous-officier après 25 ans de service, Pierre-Victor Oudinot de la Faverie devint fabricant d’engrais à Paris. Il fut bonapartiste et reçu 900 francs sur la liste civile de l’empereur. Veuf et père d’un enfant, il était domicilié à Paris, 55 rue de l’Ouest (XIVe arr.).
Pendant le Siège de Paris, il s’engagea dans les Francs-tireurs des Ternes et fut blessé deux fois, à la Malmaison et à Montretout. Démobilisé, il s’engagea le 21 mars 1871 comme capitaine adjudant-major dans la 9e compagnie du 217e bataillon fédéré, uniquement, selon lui, pour des raisons pécuniaires et sur insistance des hommes de son quartier. Il déclara ainsi : « J’ai toujours combattu pour l’Empereur. J’ai méprisé les hommes de la Commune parce qu’il y avait là-dedans trop de fripons. Mes convictions étaient d’aller à Versailles mais il me fallait de l’argent. J’étais payé par la Commune 5 francs par jour, mes frais de bureaux étaient de 30 francs par mois ». Il monta la garde aux anciennes écuries de l’empereur au Louvre jusqu’au 1er avril puis le 10 avril, il passa dans les Éclaireurs du XIVe (de Montrouge). Il signa sous la dénomination de Oudinot, avec le chef du bataillon Martin Robert, un appel pour combler « les vides » dans les rangs de l’unité, occasionnés lors des premiers combats contre Versailles. Interrogé, il déclara que cela l’avait été à son insu. Le 21 mai, il abandonna son sabre, son revolver et sa boite de munitions. Il fut arrêté à son domicile le 3 juin et détenu sur la Marne à Brest.
La justice versaillaise bien que constatant qu’il n’avait fait qu’un service intérieur, lui reprocha d’avoir tenu rigoureusement la comptabilité de sa compagnie, d’avoir assuré le service de l’intendance et d’avoir « rendu de grands services à la Commune » mais il fut acquitté par le 7e conseil de guerre, le 19 février 1872.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235658, notice OUDINOT DE LA FAVERIE Pierre-Victor, François, Louis par Pierre Baudrier, Pierre-Henri Zaidman, version mise en ligne le 12 février 2022, dernière modification le 24 novembre 2022.

Par Pierre Baudrier, Pierre-Henri Zaidman

SOURCES : Arch. Min. Guerre, GR 8 J 246 (278). — L’Industriel de Saint-Germain-en-Laye, 2-mars-1872. — Les Murailles politiques françaises, T. II, p. 496. — Ulysse Tencé, Annuaire historique universel pour 1836, Paris, Thoisnier-Desplaces, p. 243-245. — Gazette nationale ou le Moniteur universel, 6 décembre 1836. — Gazette des Tribunaux, 23 décembre 1836, p. 182, 1ère col. ; 12 février 1837, p. 363, 2ème col. — Amélie Duntze-Ouvre, Eugène Stanislas Oudinot de la Faverie, artiste peintre-verrier (1827-1889) et le renouveau du vitrail civil au XIXe siècle, thèse d’histoire de l’art, Université de Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II, 2016.

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