VOISIN Camille, Sylvain

Par André Balent

Né le 9 septembre 1910 à Magny-Montarlot (Côte-d’Or), mort le 31 juillet 1944 en action de combat à Bellegarde-Sainte-Marie (Haute-Garonne) ; militaire de carrière ; résistant du Corps franc Pommiès (CFP) de l’ORA (Organisation de résistance de l’Armée) en Haute-Garonne

Bellegarde-Sainte-Marie (Haute-Garonne). Stèle érigée à la mémoire de Camille Voisin."Ici a été assassiné par la Milice de Darnand et la Gestapo le 31 juillet 1944 le commandant Camille Voisin". En fait, mort en action de combat contre des militaires allemands.
Sourde : MemorialGenWeb

Militaire de carrière, Camille Voisin était marié et père de trois enfants. Il fit la campagne de 1939-1940 dans le 404e RADCA (régiment d’Artillerie de défense contre les aéronefs). Après l’armistice qui le trouva en Gironde, il fut affecté au 404e régiment d’Artillerie de défense contre les aéronefs, qui, à partir d’août 1941, fut divisé en plusieurs groupements affectés aux 12e, 13e, 16e et 17e régions militaires de la zone sud. Camus fut, pour sa part affecté au groupement de cette dernière région, celle de Toulouse (Haute-Garonne). Ce groupement fut dissous le 27 novembre 1942. Il avait le grade de capitaine.

En 1943, il intégra le Corps franc Pommiès (initialement « Corps franc pyrénéen »), unité de l’ORA active dans toute la R 4 autour de Toulouse (Haute-Garonne). Cette unité avait été créée par André Pommiès (1904-1972), capitaine, dans l’armée d’armistice au 18e régiment d’Infanterie de Pau (Bassses-Pyrénées/Pyrénées-Atlantiques). Camille Voisin qui l’avait rapidement intégré fut en contact étroit, dès le début de 1944, avec le commandant Pierre Conze du CFP, lui aussi un ancien de RADCA.

Dès janvier-février 1943, Camille Voisin participa à la mise en place d’un groupement de combat (bientôt « bataillon) de la Save rattaché au CFP : cette unité clandestine s’implanta dans la base vallée de la Save, affluent de la Garonne, à l’ouest de Toulouse, pour l’essentiel localisée dans la Haute-Garonne, mais aussi, dans des communes limitrophes du Gers (L’Isle-Jourdain). Il regroupa des anciens du 404e RADCA et des volontaires civils du cru. Dans un premier temps, il s’organisa, tout en mettent en place une filière d’évasion et de passages vers l’Espagne. Il aurait rassemblé un effectif de 220 hommes à la fin de 1943, d’après des informations communiquées par d’anciens membres de la formation. En janvier 1944, Voisin prit le commandement du bataillon de la Save qui fut bientôt connu comme le « bataillon Voisin ». Il fut un moment dispersé après des arrestations opérées par les Allemands dans les organisations de l’AS et de l’ORA de la Haute-Garonne. Il se regroupa et redevint opérationnel en juin 1944. Pierre Camus qui prit la tête d’une compagnie du bataillon devint son second après le débarquement allié sur les côtes normandes (6 juin 1944).
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Le maquis qui, à un moment avait trouvé refuge dans la forêt de Bouconne, entre Toulouse et la vallée de la Save s’installa alors dans un nouveau cantonnement à Thil (Haute-Garonne) autour du château d’Emmanuel de Thonel d’Orgeix qui avait accepté de les « héberger ». Le quartier général du maquis était installé dans le château de cet aristocrate d’origine ariégeoise. Le « bataillon Voisin » se livra, à partir de juin 1944, à des sabotages de voies ferrées et de lignes électriques à haute tension. Le 27 juillet 1944, avec seize hommes de la compagnie du lieutenant Camus, détruisirent un train de munitions qui avait été acheminé jusqu’au terrain d’aviation de Blagnac (Haute-Garonne).

Dans la nuit du 30 au 31 juillet 1944, les Allemands furieux de la destruction de ce train de munitions, dûment informés par dénonciations de sa localisation, attaquèrent le maquis de Thil en investissant le château de l’Arsenne et ses abords. Certains ont écrit que Voisin et Camus, avaient été tués par les Allemands lors de la dispersion du maquis cantonné au château et, principalement, à proximité, dans un bois. Selon un rapport de gendarmerie dressé à la Libération, le maquis qui était cantonné le 31 juillet 1944 dans le parc du château de L’Arsenne à Thil, fut attaqué par une colonne allemande soutenue par des miliciens. Le capitaine Voisin et le lieutenant Camus qui étaient à ce moment-là en mission entendirent la fusillade et se portèrent immédiatement au secours de leur groupe. Il était environ 7 heures lorsque, arrivés à la hauteur du monastère de la Trappe de Sainte-Marie-du-Désert, commune de Bellegarde-Sainte-Marie, ils furent attaqués par un groupe d’Allemands. Ils furent tous deux abattus par leurs assaillants. Des témoignages d’acteurs (des maquisards) et de témoins (des moines trappistes, entre autres, en particulier le Père Louis-Marie Tissinié qui coucha ses souvenirs sur papier en 1985) ont permis de préciser et de corriger cette version recueillie peu après les événements. Les deux hommes furent abattus par les Allemands et non par de miliciens comme on l’a écrit parfois.

De fait, passant la nuit soit à L’Isle-Jourdain, soit à Ségoufielle, deux localités du Gers, à la limite de la Haute-Garonne, ils se rendaient tous les matins au maquis. Le 31 juillet, vers 4 heures 30, leur automobile fut stoppée par un poste allemand établi à un carrefour à proximité de l’abbaye de Sainte-Marie-le Désert, entre Bellegarde-Sainte-Marie et Thil. Les deux hommes furent abattus par les Allemands et non par de miliciens comme on l’a écrit parfois. Le frère trappiste Louis-Marie Tissinié témoin de la scène a expliqué en 1985 (Henry, Lallement, J.Voisin, op. cit., PDF, s.d.) que les deux hommes eurent « leur torse percé de balles de mitraillettes. Les Allemands donnent le coup de grâce : une balle dans l’œil droit et au front ». Nous verrons que le constat médical pratiqué le 1er août — Cf. ci-dessous pour Voisin et dans la notice de Camus — comporte quelques différences avec ce témoignage. En effet, le docteur Pradel, de Cadours (Haute-Garonne), procéda, le lendemain, 1er août 1944, à l’autopsie des corps de Voisin et de Camus. Il constata sur celui de Voisin quatre entrées de balles, deux sur la poitrine, une dans la mâchoire gauche. Un coup à bout portant, sans doute d’un revolver, fut tiré dans l’œil. Les maquisards purent se replier sans pertes de leur cantonnement, mais néanmoins avec quelques blessés. Les pertes allemandes et miliciennes furet considérables, provoquées par les explosions de bombes déclenchées par des maquisards à l’entrée des assaillants dans le parc du château. L’hôte du maquis, le « comte » d’Orgeix, Emmanuel de Thonel, fut tué, vraisemblablement par des miliciens. Les deux jours suivants le château fut systématiquement pillé puis brûla après avoir sauté.

Camus et Voisin furent enterrés le 1er août au cimetière de Bellegarde-Sainte-Marie. Vers 9 heures, l’aumônier du maquis, l’abbé Pierre Bockel dit une messe à la chapelle du monastère pour le repos de s âmes des défunts. Vers 10 heures, les cercueils arrivèrent de Cadours et on procéda à la mise en bière. Le Père tienne Leclercq, du monastère, ancien officier de marine célébra alors une seconde messe, celle de l’enterrement des victimes avant que leurs dépouilles ne fussent conduites au cimetière communal de Bellegarde-Sainte-Marie afin d’y être inhumées.

Les trappistes furent ensuite interrogés et brutalisés par les Allemands et les miliciens. Le monastère fut fouillé de fond en comble.

Pendant son activité au sein de CFP, le capitaine Voisin accéda au grade de commandant des FFI à compter du 20 juillet 1944. Déclaré « mort pour la France », il fut, à titre posthume, décoré la Croix de guerre et fait chevalier de la Légion d’honneur. Une stèle fut érigée en sa mémoire sur le lieu de sa mort au combat, à côté de celle du lieutenant Camus, à proximité de l’abbaye de Sainte-Marie-du-Désert. Son nom figure sur le monument aux morts de Magny-Montarlot et sur mémorial du Corps franc Pommiès à Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées). Il y a un dossier, non consulté, au Service historique de la Défense à Vincennes, cote 16 P 598659.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235709, notice VOISIN Camille, Sylvain par André Balent, version mise en ligne le 16 décembre 2020, dernière modification le 15 mars 2022.

Par André Balent

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Bellegarde-Sainte-Marie (Haute-Garonne). Stèle érigée à la mémoire de Camille Voisin."Ici a été assassiné par la Milice de Darnand et la Gestapo le 31 juillet 1944 le commandant Camille Voisin". En fait, mort en action de combat contre des militaires allemands.
Sourde : MemorialGenWeb
Camille Voisin (1910-1944), Morhange (Moselle), 1939
Archives famille Voisin, extrait de : Henry, Lallemant, Voisin, PDF, s.l., s.d., op. cit., p. 8. Reproduction André Balent

SOURCES : Camille Henry, Colette Lallement, Jacques Voisin (enfants de Camille, Sylvain Voisin), « Le bataillon Voisin. Région de Toulouse 1943-1945 », Comité pour la mémoire de la brigade Alsace-Lorraine, [Comebal.free.fr], PDF, s.l., s.d., 12 p. — Site MemorialGenWeb, consulté le 14 décembre 2020. — Mémoire des hommes, site consulté le 17 décembre 2020. — Site histoire-patrimoine-saveetgaronne, consulté le 14 décembre 2020.

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