CAVARD Marius, Michel alias Gaby dans la résistance

Par Eric Panthou

Né le 7 février 1900 à Montpeyroux (Puy-de-Dôme), mort le 14 août 1984 à Amiens (Somme) ; ouvrier Michelin, mécanicien ; membre de la CGT, délégué d’atelier ; résistant ; interné ; déporté à Buchenwald (Allemagne) ; membre de l’ANACR, membre du Comité national de l’association française Buchenwald-Dora et leurs commandos.

Fils de Baptiste et de Marie, née Vaudable, Marius Cavard était détenteur d’un CEP. Il se maria le 2 février 1924 à Yronde-et-Buron (Puy-de-Dôme) Emma Grand dont il divorça avant de se remarier avec Andrée Hues, mère de deux enfants. Marius Cavard était ouvrier chez Michelin, habitant 48 boulevard Gambetta à Chamalières (Puy-de-Dôme). Membre de la CGT, il était délégué d’atelier en 1938.
Il avait été réformé du service militaire en 1935 après avoir été aide-mécanicien au 35me régiment d’aviation. Il reprit son travail chez Michelin, affecté au service R.
Le 21 mars 1944, le préfet de région signa un arrêté ordonnant la mise en centre de séjour surveillé de Marius Cavard à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) pour menées antinationales et recel de pneus destinés suppose-t-on à une organisation gaulliste.
On avait trouvé 31 enveloppes et 31 chambres à air pour automobiles dans son garage le 16 février 1944 après l’envoi d’une lettre anonyme qui le présentait notamment comme proche du groupe des communistes clandestins dirigés par Robert Marchadier. Cavard déclara que les pneus avaient été apportés par un dénommé Richard sous les ordres d’un certain Perret, alias Serge, pseudonyme de [Nestor Perret>159156], arrêté le 26 octobre 1943 et mort sous la torture le lendemain. Cavard déclara faire partie d’une organisation gaulliste et avoir pour chef un dénommé "Cristal", nom de guerre d’Alphonse Roche, chef du groupe Cristal. Il précisa que c’est Perret qui en juillet 1943 l’avait sollicité pour lui louer son garage. Les pneus auraient été amenés dans le garage le 5 ou 6 août 1943 par le dénommé Richard. Peu après Cavard accepta d’intégrer la formation gaulliste de Richard et eut comme contact le dénommé Cristal. Cavard s’inquiéta des trois dépôts de pneus faits dans son garage, en particulier après l’arrestation de Nestor Perret. Cristal promit de bientôt les enlever. Malgré les promesses d’enlèvement renouvelées par un inconnu, celui-ci n’eut pas lieu avant la perquisition.
Cavard précisa que si en 1938, quand il était délégué d’atelier CGT, il avait connu Robert Marchadier, le secrétaire de la section syndicale Michelin, et une des principales figures de la Résistance communiste dans le département depuis, il nia énergiquement son appartenance au "groupe communo-réfractaire Vaillant Couturier" comme décrit dans la lettre anonyme.
La police essaya de déterminer la provenance des pneus, s’adressant à Marcel Crette, ingénieur Michelin, spécialiste des vols à la manufacture, ce qui permit de fixer une date de fabrication entre le 24 août et le 8 septembre 1943. Il précisa que le vol à l’intérieur de l’usine est peu probable car il nécessiterait la complicité de plusieurs personnes dont un magasinier et un comptable puisque les écritures ne firent apparaître aucun vol. C’est l’Établissement de rechanges automobiles (ERA) auprès des usines Michelin, à son dépôt Estaing près de la gare, qui était chargé en partie d’assurer la diffusion des pneus. Le soupçon du vol se porta au niveau du Service de transports automobiles des administrations centrales (STAAC), 16 rue Nationale à Vichy mais sans preuve absolue.
D’autres vols ont eu à Estaing mais toujours sur les quais d’expédition et des quantités plus faibles.
Il rejoignit les Mouvements unis de la Résistance, appartenant à la formation FFI d’Auvergne à partir du 15 mai 1943. Il a semble t-il été arrêté le 14 février 1944, date de sa fin d’homologation en tant que FFI.
Marius Cavard fut ensuite déporté à Buchenwald (Allemagne). Son nom n’apparaît pas cependant dans la base FMD.
Il a été homologué Déporté et interné de la résistance (DIR), Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Il habitait Coudes après-guerre avant d’aller habiter à Montpeyroux en 1958.
Membre de l’ANACR à la fin des années 60, il a participé dès 1966 à la préparation de d’un exposition ambitieuse sous la direction d’Alphonse Rozier, ex responsable du Front national sous l’Occupation ; exposition qui flamba dans des locaux appartenant à Émile Coulaudon, alias Gaspard en janvier 1970. Marius Cavard était membre du comité de Cournon de l’ANACR, membre du contrôle financier du Comité départemental. A l’occasion de son 11ème Congrès national, tenu à Clermont-Ferrand, Marius Cavard avait été élu au Comité national de l’association française Buchenwald-Dora et leurs commandos.
Il fut inhumé à Mouy (Oise).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235710, notice CAVARD Marius, Michel alias Gaby dans la résistance par Eric Panthou, version mise en ligne le 21 décembre 2020, dernière modification le 24 décembre 2021.

Par Eric Panthou

SOURCES : SHD Vincennes, GR 19 P 63/36 : liste des membres de la formation MUR FFI d’Auvergne. — SHD Vincennes, GR 16 P 113149, dossier Marius Cavard (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 85, dossier d’internement de Marius Cavard. — Archives Henri Verde (archives de la CGT Michelin) : liste des déportés politiques rentrés, maison Michelin, dactyl. — Archives Alphonse Rozier, Clermont-Ferrand. — AVCC Caen, AC 21 P 723750, dossier Marius Cavard (nc). — L’Auvergnat de Paris, 25 janvier 1958. — Buchenwald-Dora et leurs commandos, n°74, juin 1968. — Résistance d’Auvergne, n°56, octobre 1984. — Bulletin intérieur Michelin, n°17, juillet 1945. — État-civil INSEE.

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