LÉON Nissim, Jacques, Michel dit Max LÉON, dit Roger FRANÇOIS

Par Daniel Grason

Né le 20 mars 1924 à Avignon (Vaucluse), mort le 27 mars 2002 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ; militant communiste ; résistant FTP ; journaliste à l’Humanité, envoyé spécial en Union Soviétique.

Nissim Léon dit Max Léon (Arch. PPo.GB 151 D.R.)
Nissim Léon dit Max Léon (Arch. PPo.GB 151 D.R.)

Fils d’un marchand forain, né à Smyrne, et d’une mère née à Salonique, il fut légitimé par le mariage de ses parents à Avignon en septembre 1934. En 1943 il adhéra aux Jeunesses communistes et aux Auberges de Jeunesse, le responsable était Jean Ridoux (https://catedraunescodh.unam.mx/jeanridoux/Bienvenu.html) avec son copain Claude Mathon, frère de Denise Mathon, qui sera la première épouse de Max Léon. En juin 1943, il sera membre des FTPF à Paris. Le responsable était le colonel Ruaux de son vrai nom Yves Le Dréan. À la fin de l’année 1943, il devint Commissaire militaire régional Région H (Saint-Denis), les Interrégionaux étaient Ruaux et Dassonville (Lemaire).
Le commissaire politique de cette région était Marc. En décembre 1943, il fut Commissaire aux opérations interrégional adjoint sur l’Inter-région 27, la Normandie dont les responsables étaient Ruaux et Gilles. Max Léon fut commissaire aux opérations en Normandie, proche de Roland Leroy.
Arrêté en mars 1944 sous le nom de Roger François, les policiers saisissaient lors de la perquisition de son logement : 7500 francs, une fausse carte d’identité portant sa photographie au nom de Carlier. La pièce d’identité était tamponnée des cachets (faux) de la sous-préfecture de Senlis (Oise). Plusieurs faux certificats de travail, des certificats de recensement et d’hospitalisation en blanc revêtus des cachets de la mairie de Senlis et du sanatorium de Brévannes (Seine-et-Oise, Essonne). Une autre fausse carte d’identité en cours de confection était destinée à Henriette Clisci, née Tovarowski.
Il fut interrogé par un commissaire divisionnaire. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il aurait rencontré à L’Aigle dans l’Orne un homme qui s’engagea à lui procurer une fausse carte d’identité. Au cours du mois d’août 1943, l’homme la lui aurait donnée, lors d’un rendez-vous, avenue de la Marne à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). Roger François devint agent de liaison des FTP avec la Normandie et une partie de la Somme.
Questionné sur la provenance de ces pièces, il répondit qu’elles lui avaient été remises par un nommé « Ruaud ». Il détenait des rapports d’activité en date du 15 février 1944 signés de « Maxime ». Il était recommandé dans une note de veiller à l’éducation militaire des hommes qui jamais n’utilisèrent d’armes. Interrogé sur l’identité de « Maxime » il répondit qu’il ne pensait pas avoir été en contact avec lui.
Interrogé sur autre rapport signé « Michel » en date du 23 février 1944, note N°72, il déclara que sur ordre de « Ruaud », il avait recopié l’original qu’il devait remettre à un autre responsable qu’il n’avait pu joindre. Quant à la carte d’identité destinée à Henriette Clisci, elle lui avait été commandée par Denise Soleilbeau, il avait vu Henri Goldszmidt. Il affirma n’avoir jamais été en contact avec Henriette Clisci.
Quant aux 7500 francs saisis à son domicile, il affirma que 3000 francs lui étaient destinés. Il devait remettre la même somme à un homme avec qui il avait rendez-vous à la gare Montparnasse le lendemain de son arrestation.
À l’issue de son interrogatoire, le commissaire laissa 500 francs à François Roger pour ses frais de nourriture pendant sa détention préventive. La 3ème Brigade de Police de Sûreté de Rouen fut prévenue téléphoniquement de l’arrestation de Roger François.
Le 1er avril 1944, le commissaire organisa une confrontation entre Roger François et Robert Vimont, commissaire aux opérations de la région X (Paris Rive droite) des FTP. Roger François ne répondit pas aux déclarations de Robert Vimont, il ne prononça pas une parole, resta de marbre. Le commissaire divisionnaire mentionna sur le procès-verbal : « pour éviter d’avoir à préciser son activité actuelle, et son passé politique, le nommé François a pris une attitude simulant la folie, ce qui explique son abstention à répondre. » De fait, François Roger avait précédé Robert Vimont dans la responsabilité de Commissaire aux opérations de la région X (Paris rive droite) des FTP.
Le 2 avril nouvelle confrontation entre Robert Vimont et Roger François (Max Léon). Ce dernier reconnut ses responsabilités antérieures, il précisa « Quand j’étais militaire régional, je n’ai jamais eu à prendre de commandement. » Roger François (Max Léon) a été inculpé le 3 avril d’infraction au Décret du 26 septembre 1939 pour « propagande communiste », et infraction à la loi du 27 octobre 1940 qui instituait une « carte d’identité de français ».
En conclusion, le commissaire concluait l’enquête sur Roger François (Max Léon) ainsi : « Son arrestation est la conséquence d’une inobservation de sa part des consignes du Parti communiste. Il se trouvait en effet en contact avec des éléments trotskystes et était hébergé par eux. »
En réalité, témoigne Vladimir son fils : « Les agents de la Brigade spéciale prennent mon père pour le Commandant Maxime, commandant de la subdivision, en raison d’une bribe de papier retrouvée sur lui qu’il n’était pas parvenu à détruire et qui portait ce nom. Durant les interrogatoires, il s’en tient au nom de Roger François, sous lequel il sera écroué. Il subit une confrontation avec un ancien camarade FTP, lui aussi torturé (« Je le vois arriver dans un état lamentable. Moi, je ne devais pas être beaucoup plus beau. Mais lui, plein de chaînes aux pieds, aux mains, et qui dit, en entrant dans la salle : “Oui, c’est lui”. Je me suis senti m’écrouler : “Merde ! Ils savent tout, maintenant, par lui”. Je me suis ressaisi, pensant qu’ils ne savaient pas grand-chose de moi. Ils savaient, oui, que j’avais été responsable des FTP pour la Région Nord, mais ils ne savaient plus rien depuis. Ah là, j’ai failli m’écrouler. Mais j’ai maintenu. Un sursaut. J’ai dit : “Je ne le connais pas. Je ne l’ai jamais vu, etc. Je ne comprends pas” – (extrait d’une interview de Max Léon). Parmi ses faux noms, il utilisait aussi l’alias.
Transféré à la Santé cellule 13-64 avec Rieux (de l’Huma) Despanis (illisible) (du comité de libération du Gaz rue Condorcet), Lucien Rameau P. section du XI arrondissement, il fut libéré le 17 août 1944. Il rejoignit Ruaux à Melun.
À la fin août, il était à la Caserne de Reuilly. Puis à l’École du Val de Grâce (EVDG) le 5 septembre 1944 comme capitaine FFI. Capitaine adjoint au Commandant Major (Quiller) du 1er régiment de Paris commandé par le Colonel Ruaux. Ce dernier l’envoya au Service de sécurité Nationale en octobre 1944 par Ruaux. Il fut Commandant du Bureau de Sécurité Départemental à Tours. Il a été viré de ce service lors de la formation du 5e Bureau.
Envoyé au Dépôt 206/22 puis en stage à Sceaux (Février Mars 1945). Intégré aspirant de réserve le 16 mai 1945 passé à la 301e Cie de GPGA en juillet 1946. Il a été promu sous-lieutenant de réserve le 25 décembre 1946.
Capitaine FFI, il suivit l’école militaire de Fontainebleau, sous-lieutenant, il a été renvoyé fin 1946 pour ses opinions. Max Léon a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Il se maria à Paris IXe arrondissement en juillet 1946 avec Denise Mathon, divorça en 1959 et se remaria à Moscou en octobre 1959 avec Svetlana Kotchetkova.
Journaliste à Ce Soir, il dirigea un journal communiste en Charente puis La Gironde populaire enfin les Nouvelles de Bordeaux. Entré à l’Humanité en 1949, il suivit l’Espagne, le Portugal et le Proche Orient et fut envoyé spécial en Union soviétique de 1958 à 1975.
Il écrivit deux ouvrages sur l’Union Soviétique, Un français découvre le Far East Soviétique et en 1981 U.R.S.S. familière et secrète, sous-titré Vingt ans en direct avec les réalités Soviétiques. Dans le second ouvrage, dédié à ses enfants « À Svet, à Pierre et Vladimir », il brosse avec enthousiasme l’histoire de l’Union Soviétique tel qu’il l’avait vécu en tant qu’envoyé spécial de L’Humanité depuis 1958 : la conquête spatiale avec Youri Gagarine, et Guerman Titov, la Sibérie et le chemin de fer du BAM (Baïkal, Amour,…), la Yakoutie dans le grand nord où il rencontra Kostia, chasseur de renards, l’usine l’alevinage où avec des pécheurs il tirait un filet où grouillaient des saumons… L’ouvrage se clôt en avril 1979 avec les entretiens entre Giscard d’Estaing et Léonide Brejnev, coopération économique et détente étaient au programme.
En 1967, dans L’Humanité dimanche du 50e anniversaire de la Révolution d’octobre, sur cinq pages grand format sous le titre L’Étoile rouge à rendez-vous avec la Lune, Max Léon faisait part des résultats de l’Union Soviétique dans la conquête spatiale et des perspectives d’avenir.
Max Léon mourut le 27 mars 2002 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235822, notice LÉON Nissim, Jacques, Michel dit Max LÉON, dit Roger FRANÇOIS par Daniel Grason, version mise en ligne le 25 janvier 2021, dernière modification le 26 janvier 2021.

Par Daniel Grason

Nissim Léon dit Max Léon (Arch. PPo.GB 151 D.R.)
Nissim Léon dit Max Léon (Arch. PPo.GB 151 D.R.)

SOURCES : Arch. PPo. GA 1, GB 85, rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 11 avril 1944 (au nom de Roger François). – Bureau Résistance GR 16 P 362899 (homologation au nom de Max Léon). – Un français découvre le Far East Soviétique et en 1981 U.R.S.S. familière et secrète, sous-titré Vingt ans en direct avec les réalités Soviétiques. – L’Humanité dimanche spécial 50e anniversaire. – Nos remerciements à Vladimir Léon fils de Max Léon pour les précieuses informations qu’il nous a transmises.

Photographie : Arch. PPo. GB 151 (D.R.)

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