GAUTIER Raoul, Auguste

Raoul Gautier a été machiniste à la Société des transports de la région parisienne (STCRP) avant d’être employé à la Préfecture de la Seine, service des ponts et chaussées. Il fut repéré par des inspecteurs des Renseignements généraux le 5 octobre 1942 à proximité du pont de Saint-Maur, alors qu’il conversait avec plusieurs militants dont Groll. Le 14 octobre 1942 plusieurs policiers de la BS1 se présentèrent à son domicile au 26 rue Viollet le Duc à La Varenne Saint-Hilaire aujourd’hui Saint-Maur des Fossés (Val-de-Marne). La perquisition domiciliaire fut dérisoire, les policiers saisissaient dans des chaussures les textes des chants La Carmagnole et L’Internationale.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, interrogé il a été brutalisé lors de son interrogatoire. Emprisonné au fort de Romainville, Raoul Gautier était le 24 janvier 1943 dans le convoi de 1466 hommes qui partit de Compiègne à destination de Sachsenhausen en Allemagne. En fin de convoi dans plusieurs wagons 230 femmes dont beaucoup de communistes étaient déportées à Auschwitz en Pologne.
Il fut affecté au kommando de travail des usines Heinkel, le plus important camp annexe de Sachsenhausen. Les barbelés ceinturaient le vaste espace boisé de Germendorf, un village situé à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Orianenbourg, où alternaient les blocks de déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel. Le camp compta jusqu’à 8000 détenus en 1944.
Son épouse Fernande, trente-huit ans, témoigna le 30 mars 1945 devant les membres d’une commission rogatoire, elle déclara : « Mon époux a été arrêté à notre domicile, en mon absence le 14 octobre 1942 dans des circonstances que j’ignore. Conduit à la Préfecture, mon mari y a été détenu environ une semaine, il a été ensuite transféré au Dépôt où les allemands sont venus le prendre pour l’incarcérer au Cherche-Midi. »
« Au cours de son séjour au Dépôt, mon mari m’a fait savoir par une lettre clandestine, qu’il avait été frappé par des policiers des Brigades spéciales. Il me réclamait aussi ses cigarettes qui se trouvaient dans l’armoire. Comme elles avaient disparues, j’en conclus que les inspecteurs les avaient volées pour leur usage personnel. »
« Du Cherche-Midi, mon époux a été transféré au Fort de Romainville, puis à Compiègne d’où il a été déporté pour l’Allemagne le 24 janvier 1943. J’ai reçu de ses nouvelles jusqu’au 30 juillet 1944. »
Elle porta plainte contre les policiers qui arrêtèrent son mari, et se rendirent coupables de vol, ainsi que contre ceux qui le frappèrent.
Raoul Gautier a été libéré le 4 mai 1945 à Schwerin en Allemagne. Il a été homologué au titre de combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut à l’âge de 99 ans dans son village natal.