DUVERT Louis, Eugène

Par Jean Reynaud

Né le 5 septembre 1922 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort le 25 mai 2017 à Grasse (Alpes-Maritimes) ; professeur agrégé de mathématiques ; militant syndicaliste du SNES, secrétaire du S2 du Rhône, secrétaire du S3 de Lyon, secrétaire départemental du SNET.

Louis Duvert
Louis Duvert
Assis en blouse blanche, classe de math. spé. au lycée de la Martinière en 1967.

Son père, François Duvert, ancien élève de l’École des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence, finit sa carrière comme directeur de l’école pratique, devenue École nationale d’enseignement technique, puis lycée technique de la rue du Rempart à Marseille, jusqu’à sa retraite en 1961. Il aimait à rappeler que, jeune « gadzart », il avait été, en 1920-1921, un des rares élèves à refuser de remplacer, sur les locomotives, les cheminots en grève.

Louis Duvert entra à l’École normale supérieure (sciences) de la rue d’Ulm en 1943. À la Libération, il participa aux réunions visant à fonder un syndicat des élèves ayant pour but d’obtenir la fonctionnarisation des élèves des ENS. Reçu à l’agrégation de mathématiques en 1946 (5e sur 29), il débuta comme professeur agrégé au lycée Ampère de Lyon et adhéra au Syndicat national de l’enseignement secondaire.

De 1948 à 1953, il fut secrétaire de la section (S1) du lycée Ampère-Bourse ; en 1957-1958, il succéda à Marcel Nicoud comme secrétaire de la section départementale (S2) du Rhône, et en 1959-1960, il devint secrétaire de la section académique (S3) de Lyon, puis trésorier académique en 1960-1961.

Louis Duvert assuma ses responsabilités dans les périodes de 1956 à 1961, où le SNET et le SNES s’engagèrent contre la guerre d’Algérie, contre l’avènement de De Gaulle en mai-juin 1958, ou en organisant notamment une collecte intersyndicale pour les victimes de la répression (1961). Avec ses camarades qui voulaient s’opposer à la tenue d’un meeting de Pierre Poujade au Hall de la Mécanique, il fut violemment matraqué, par un CRS, sur le crâne.

En 1961, nommé au lycée La Martinière, à Lyon, en classe de mathématiques spéciales, il adhéra au Syndicat national de l’enseignement technique, dont il devint secrétaire départemental en 1962-1963.

Louis Duvert fut toujours réfractaire aux luttes de tendance et à « l’esprit de tendance » « qui consiste, devant une motion, un texte, une déclaration à se demander d’abord qui en est l’auteur et de quelle tendance il se réclame, parfois même de s’en contenter pour se prononcer, sans même lire le texte ». Se référant à la position du Syndicat national de l’enseignement supérieur et du Syndicat national de la Recherche qui refusaient de participer aux votes d’orientation (élections des responsables sur listes bloquées), il présenta trois amendements lors de la discussion des futurs statuts du SNES unifié, en 1966, amendements qui auraient permis, pour les élections des commissions administratives, le panachage général des listes ou le panachage interne à une liste. Aucun ne fut retenu.

De 1967 à 1971, il fut cependant membre de la commission administrative académique du SNES unifié. Pendant toute la période où il eut des responsabilités au SNES et au SNET, Louis Duvert fut membre de la CA départementale de la Fédération de l’éducation nationale, et y anima plusieurs commissions pédagogiques.

Actif dans l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public, il faisait partie, à partir de 1967, du groupe fondateur du "Galion" à l’IREM (Institut de recherches sur l’enseignement des mathématiques) de Lyon, qui participa au renouvellement de l’enseignement des mathématiques en composant des fiches pour les élèves, matériel de référence des mathématiques modernes. Il rédigea en collaboration avec René Gauthier et Maurice Glaymann plusieurs opuscules intitulés Travaux de mathématiques, et ensuite avec Henri Bareil, André Henneton et Claude Lassave, Activités mathématiques en 4e-3e. Il présida par ailleurs le Conseil des parents d’élèves du groupe scolaire Ferdinand Buisson à Lyon, en 1963-1964.

Louis Duvert adhéra au Rassemblement démocratique révolutionnaire en 1948-1949 puis fut sympathisant du Parti socialiste unifié. Membre pendant une courte durée à Lyon de la Ligue des droits de l’Homme, il fut initié à la Franc-maçonnerie dans les années 1960 mais en démissionna l’année suivante. Il milita dans le mouvement pour le Planning familial dès sa fondation, dans la Ligue pour la liberté des vaccinations et se montra solidaire, en tant qu’adhérent du Mouvement pour une alternative non-violente, des revendications des paysans du Larzac. Il était aussi membre de l’Union rationaliste, de Citoyens du Monde depuis 1966.

Déçu par les insuffisances de la FEN (« pas de visée pédagogique, impuissance à harmoniser les positions des différentes catégories d’enseignants »), Louis Duvert disait avoir envisagé, sur sa fin de carrière, de rejoindre le Syndicat général de l’Éducation nationale, qui faisait partie d’une confédération ouvrière. Il n’en fit rien et resta adhérent du SNES.

Marié en avril 1952 à Lyon avec une secrétaire technique, père de deux enfants, Louis Duvert continua à suivre l’activité du SNES après sa prise de retraite. Il s’était retiré à Saint-Cézaire-sur-Siagne (Alpes-Maritimes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23593, notice DUVERT Louis, Eugène par Jean Reynaud, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 7 août 2021.

Par Jean Reynaud

Louis Duvert
Louis Duvert
Assis en blouse blanche, classe de math. spé. au lycée de la Martinière en 1967.

SOURCES : Arch. IRHSES (SNES, congrès, L’université syndicaliste, Le Travailleur de l’enseignement technique)). — Témoignages sur le groupe Galion sur le site internet de l’IREM de Lyon.— Renseignements fournis par l’intéressé en 1999. — Notes d’Alain Bujard et d’Alain Dalançon.

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