PRALONG Émile, Laurent alias Praline Matricule A 62001

Par Eric Panthou

Né le 5 août 1900 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne, ex Seine et Seine-et-Oise) ; mort le 6 février 1973 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; cimentier ; membre du Parti communiste (PCF) ; militant de la CGT ; résistant au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) et des FTP ; interné à Eysses.

Fils de Léon Pralong et de Jeanne Chabrier, Émile Pralong fut pupille de l’assistance publique de la Seine. Il habitait Issoire quand il fut incorporé en 1920 au service militaire comme Maréchal des Logis. Détenteur d’un CEP, il devint cimentier et habita successivement à Lugarde (Cantal) en 1924 puis Issoire, puis Clermont-Ferrand en 1933 puis enfin place des Sarrazins à Chamalières (Puy-de-Dôme). Il se maria le 10 décembre 1930 à Issoire avec Marie Pourrat. Le couple eut deux enfants.
Membre du Parti communiste (PCF), Émile Pralong devint secrétaire de la cellule de Chamalières avant-guerre. Il était par ailleurs membre de la CGT, élu des commissions délibératives de l’UD et de l’Union locale de Clermont-Ferrand.
Le 13 octobre 1939 il écrit, sans doute à la direction UD, pour répondre à une lettre du 11 octobre 39 où on lui demande de se positionner par rapport au pacte germano-soviétique. Il refuse de prendre position, respectant les statuts de la CGT et donc décide de démissionner de ses mandats de membres des commissions des deux unions locales et départementales.
Au moment de la mobilisation, il fut rappelé le 4 mars 1940, affecté au dépôt d’artillerie d’Issoire, puis démobilisé le 14 juillet suivant pour raisons de santé.
Il fut perquisitionné le 12 décembre 1940 suite à une distribution de tracts dans Clermont et banlieue le 30 novembre 1940 car signalé comme susceptible de se livrer à la diffusion de tracts. Il fut proposé comme individu pour une mesure d’internement dans un camp surveillé par le commissaire au préfet le 16 décembre 1940 après examen approfondi de son action. Le 18 décembre 1940, le préfet signa un arrêté ordonnant que Pralong soit conduit immédiatement au centre de séjour surveillé de Saint-Germain-les-Belles (Haute-Vienne) sur la base du décret du 18 novembre 1939 relatif aux mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la Défense nationale et la sécurité publique et vu le décret du 29 novembre 1939.
Il fut arrêté le lendemain. Il aurait ensuite été interné à Nexon (Haute-Vienne) tandis que son épouse fut condamnée à 18 mois de prison ferme pour distribution de tracts communistes. En octobre 1941, un rapport d’enquête de deux mois sur les menées communistes à Clermont-Ferrand établit qu’il était en relation avec la dame Roussis née Pourrat, probablement sa belle-sœur.

En février 1943, suite à demande du préfet si cet individu interné pouvait être libéré, le commissaire chef du service régional de police de sûreté à Clermont répondit qu’il était susceptible de s’être amendé et qu’une mesure de libération ne serait pas mal accueillie étant donné qu’il est interné depuis décembre 1940. Pour éviter des contacts "nuisibles", il préconisa de la placer en résidence hors de Chamalières et Clermont-Ferrand. Il fut finalement maintenant en détention à Eysses comme le confirme un avis défavorable d’un inspecteur de police de Chamalières en date du 30 décembre 1943 concernant une éventuelle libération.

Le 5 janvier 1944, l’Intendant de Police Artignan, du 8ème Bureau de Police à Vichy, signa un avis défavorable à la libération de Pralong alors incarcéré à la Centrale d’Eysses, commune de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). On ignore si Émile Pralong était encore à Eysses au moment de la révolte des prisonniers le 19 février 1944, matée par l’intervention des GMR aidés de l’artillerie allemande. Son nom ne figure pas sur la base en ligne de la Fondation de la Mémoire de la Déportation. Il n’a donc pas fait partie des 1121 prisonniers livrés par l’État français à la division SS Das Reich pour être déportés.

Il aurait été homologué membre de la Résistance intérieure française (RIF).

Fin novembre 1944, une enquête interne du PCF fut menée le concernant. Il y est dit qu’il fut arrêté en octobre 1944 (sic) pour menées antinationales, il fut interné avant d’être plus tard pris comme otage après une tentative d’évasion, ce qu’on suppose être une allusion à la révolte d’Eysses. Il est précisé que son épouse a également été condamnée à 18 mois de prison pour menées antinationales, bénéficiant ensuite d’une remise de peine de six mois. Il était interné à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) au moment du Débarquement. Il fit partie des 95 évadés quelques jours plus tard et rejoignit les maquis FTP à Digne au moment de la Libération. C’est dans cette commune qu’il a été démobilisé. Il est resté en contact avec les responsables du parti pendant son internement.

En janvier 1945, il a repris la responsabilité du secrétariat du syndicat du bâtiment du Puy-de-Dôme et signe à ce titre un article dans l’organe du PCF du Puy-de-Dôme, La Voix d’Auvergne. Il est membre de la cellule du Parti à Chamalières et se plaint du manque d’éducation et de combattivité de ses camarades. L’enquête interne du Parti vise à contrôler son attitude et son activité sous la clandestinité.
Son nom n’apparaît pas dans les instances départementales du Parti après-guerre. En revanche, il est membre de la Commission exécutive de l’UD CGT en 1950.
Il fut membre du Comité directeur de l’ANACR du Puy-de-Dôme, trésorier de la section de Clermont-Ferrand. Lors de son décès l’ANACR le présenta comme ancien FTP.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article235940, notice PRALONG Émile, Laurent alias Praline Matricule A 62001 par Eric Panthou, version mise en ligne le 27 décembre 2020, dernière modification le 31 juillet 2022.

Par Eric Panthou

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 90 : dossier d’internement d’Émile Pralong. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 75 : État des résultats obtenus dans la répression des menées communistes par la 6éme brigade régionale de police mobile de Clermont-Ferrand du 1er septembre 1939 au 15 janvier 1941 ainsi que des menées contre la sûreté de l’état. Département du Puy-de-Dôme. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 63 fiche individuelle en date du 19 décembre 1940. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 63 : Dossier menées anticommunistes. Lettre originale d’Émile Pralong, datée du 13/10/39. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 63 : Le commissaire chef du service régional de police de sûreté à Clermont au préfet du Puy-de-Dôme, le 2 février 1943. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 68 : Inspecteur police judiciaire à commissaire chef régional service police judiciaire, 3/09/42. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 100 : pv interrogatoire Marius Pourrat, 21/10/41. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, R 3672. Registres matricules - Bureau central des archives administratives du ministère de la Défense (Puy-de-Dôme , subdivision de Clermont-Ferrand). — SHD Vincennes, GR 16 P 489946, dossier Émile Pralong (nc). — La Voix du Peuple, 13 janvier 1945. — PV des instances de l’UD CGT, archives privées Robert Marchadier, conservées par Eric Panthou. — Dossier Pralongs, archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand. — Résistance d’Auvergne, n°9, janvier 1973. — Généanet.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable