GALAUP Jacques, Gilbert

Par Christian Bougeard

Né le 9 septembre 1927 à Paris (Xe arr.), mort le 26 septembre 2011 à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ; professeur agrégé d’anglais ; militant Nouvelle gauche, UGS, PSU, Vert à Saint-Brieuc ; conseiller municipal de Saint-Brieuc (1959-1990).

Fils d’un garçon coiffeur et d’une femme de ménage, Jacques Galaup fut d’abord élève à l’École normale d’Auteuil, transférée sous l’Occupation au collège Chaptal, suite à la fermeture des EN par le régime de Vichy. En 1948, il intégra l’École normale supérieure de Saint-Cloud où il obtint un certificat de lettres modernes, puis l’agrégation d’anglais. Militant à la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC), le jeune homme encadra aussi des jeunes dans le cadre des Francas. Nommé au lycée Le Braz à Saint-Brieuc en 1955, puis au lycée Rabelais en 1967, Jacques Galaup milita d’abord au SNES, notamment avec Édouard Prigent*, avant de rejoindre le SGEN CFDT. Au milieu des années 1950, il appartenait à la Nouvelle Gauche, le mouvement créé par Claude Bourdet et Gilles Martinet*.

Jacques Galaup arriva à Saint-Brieuc au moment où naissait un courant catholique de gauche issu du MRP. En effet, le député Henri Bouret venait d’être exclu du MRP pour avoir voté contre la communauté européenne de défense (CED). Ses partisans à Saint-Brieuc, le Dr Rahuel, conseiller municipal et conseiller général, et Roger Huon, professeur d’histoire et géographie au lycée Le Braz et conseiller municipal, fondèrent le groupe d’Action travailliste rattaché à la Jeune République (JR) et présentèrent une liste favorable au mendésisme aux élections législatives du 2 janvier 1956 (5,8% des voix). Venant de la Nouvelle Gauche (NG), opposé à la guerre d’Algérie, Jacques Galaup collabora régulièrement au mensuel L’Action travailliste des Côtes-du-Nord, publié à partir de mars 1956. Il écrivit de nombreux articles en faveur de la décolonisation et de la paix en Algérie, critiquant la politique de Guy Mollet (Suez) et de Robert Lacoste*, tout en développant une politique de rapprochement avec Antoine Mazier* et les minoritaires de la SFIO ainsi qu’avec le PCF. Il anima plusieurs réunions et meetings dans les Côtes-du-Nord, notamment contre la torture en Algérie en 1957. En décembre 1957, Jacques Galaup s’engagea dans la fusion de la JR, de la NG, du Mouvement de libération du peuple (MLP) et de l’Action socialiste au sein de l’Union de la gauche socialiste (UGS). Acceptée en décembre lors d’un congrès fédéral à Saint-Brieuc, elle fut rejetée au congrès national du 15 décembre par Roger Huon* et la majorité de la JR sur la question scolaire et la laïcité. L’Action travailliste conserva son autonomie tandis que Jacques Galaup devenait le principal animateur et secrétaire fédéral de l’UGS des Côtes-du-Nord. Le 1er février 1960, il vint annoncer au congrès du PSA que la « quasi-totalité » des membres de son mouvement avait décidé la fusion avec le PSA et Tribune du communisme pour créer le PSU au congrès d’Alfortville. En fait, 80 % des membres de l’UGS, soit une trentaine, adhérèrent au PSU. Jacques Galaup fut élu le 3 mai 1960 au bureau de la section de Saint-Brieuc comme secrétaire à la formation, puis, en juin 1960, il devint secrétaire fédéral adjoint.

Mais le rapprochement avec le PSA était intervenu depuis plusieurs mois déjà. Lors des élections municipales de mars 1959, Jacques Galaup figurait en 5e position sur la liste Mazier (20,5 % au 1er tour) et il fut élu au second sur la liste d’union de la gauche (PSA, PCF, Action travailliste) qui eut 13 élus (aucun PCF) sur 31. Les élections ayant été annulées par le Conseil d’État, la gauche l’emporta en août 1962 et il fut réélu, ainsi qu’en 1965. Jacques Galaup devint alors 5e adjoint chargé des affaires culturelles (culture, beaux-arts et sport) et le resta dans les municipalités Le Foll* de 1965 à 1977. Lors des élections municipales de mars 1977, Jacques Galaup conduisit la liste du PSU « pour le contrôle populaire » qui n’obtint que 5 % des voix. Le PCF, qui avait aussi formé sa propre liste, fut éliminé de la mairie au profit du PS tout comme le PSU.
En effet, lorsqu’Yves Le Foll* et Yves Dollo rallièrent le PS avec Michel Rocard* en 1974, Jacques Galaup resta garder « la maison PSU » à Saint-Brieuc, poursuivant la publication du Combat socialiste dont il prit la responsabilité éditoriale en 1977. La publication départementale se transforma en mensuel du PSU Bretagne avec pour titre Le combat socialiste-vivre au pays et il en devint le directeur de publication. Le PSU s’investissant de plus en plus dans le combat antinucléaire (contre la centrale de Plogoff), écologiste et culturel breton, Jacques Galaup participa au groupe de travail sur l’autonomie énergétique alternative en Bretagne (sans pétrole ni nucléaire) qui publia en 1980 Projet Alter Breton.

Membre de la direction politique bretonne du PSU, Jacques Galaup se présenta le 14 juin 1981 aux élections législatives dans la circonscription de Saint-Brieuc avec l’étiquette Alternative 1981 recueillant 1 782 voix, 2,2 %. Au second tour, il se désista pour son ancien camarade du PSU passé au PS Yves Dollo qui fut élu. Réélu en mars 1983 conseiller municipal PSU sur la liste « gauche unie » de Claude Saunier (PS) – 54 % au premier tour – Jacques Galaup fut à nouveau chargé de l’action culturelle. Il ne se représenta pas aux élections municipales de mars 1989, les pourparlers PS-PSU n’ayant pas abouti.

Après la disparition du PSU, Jacques Galaup poursuivit à Saint-Brieuc la publication du mensuel Vivre au pays, sous-titré en 1990 « Socialisme. Écologie. Autogestion », rattaché d’abord à l’AREV, l’alternative rouge et verte, puis de manière indépendante sur une ligne « rouge et verte ». Finalement, il adhéra au parti des Verts en 1998.

Jacques Galaup s’était marié en juin 1952 à Paris (XVIe arr.) avec Françoise Le Grain. son épouse participa à tous ses combats.

Par sa plume, son action d’élu municipal, sa participation aux comités de soutien et de grèves, la vente de son journal sur le marché ou aux portes des usines, Jacques Galaup marqua la gauche militante briochine pendant un demi-siècle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23600, notice GALAUP Jacques, Gilbert par Christian Bougeard, version mise en ligne le 1er novembre 2008, dernière modification le 29 juillet 2021.

Par Christian Bougeard

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 46 W 8 et 9 : rapports des Renseignements généraux (1957-1962). — Informations transmises par Jacques Galaup le 29 janvier 2003. — L’Action travailliste des Côtes-du-Nord, (1956-1959). — Ouest-France,1959, 1962, 1965, 1971, 1977, 1983, 1989. — Le Monde, juin 1981. — Le combat socialiste-vivre au pays, 1980, 1981, 1990. — « Origines et implantation du PSU en Bretagne : les fédérations des Côtes-du-Nord et du Finistère », in Tudi Kernalegenn, François Prigent et alii, Le PSU vu d’en bas. Un parti dans les régions : réseaux sociaux, mouvement politique, laboratoire d’idées (années 50 - années 80), à paraître. — État civil de Paris (Xe arr.).

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