BÉCOURT Roger, Lucien, Henri

Par Daniel Grason

Né le 17 avril 1920 à Paris (VIIe arr.), mort le 16 août 2004 à Vichy (Allier) ; ajusteur mécanicien ; communiste ; résistant ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fils de Julien et de Charlotte née Fourmy, Roger Bécourt obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. De la classe 1940, il n’a pas été appelé. Il fut repéré par des inspecteurs de la BS1 alors qu’il rencontrait Defrance responsable à l’organisation et politique. Ajusteur mécanicien, il travaillait à la Compagnie l’Électro-Mécanique 23 avenue Jean-Jaurès au Bourget (Seine, Seine-Saint-Denis).
Filé, il a été interpellé par des inspecteurs de la BS1 le 23 juillet 1942 à 19 heures 35 au domicile de ses parents 12 rue du Bois Renault à Saint-Gratien (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Les policiers perquisitionnèrent, ils saisissaient une brochure dont la couverture intitulée Le Vol de l’Aigle se présentait comme une édition des Mémoires de Napoléon, mais elle recouvrait un exemplaire des Cahiers du Bolchevisme, La Vie du Parti de juillet 1942, dix-huit numéros de l’Humanité de juin 1942, et un article manuscrit sur la propagande clandestine.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, interrogé, il affirma « Je n’ai jamais appartenu au Parti communiste jusqu’à ce jour. » Un inspecteur lui demanda pourquoi « le 20 juillet à 18 heures à l’arrêt de l’autobus Moulin du Bourget [il avait été vu] en conversation avec le responsable à l’organisation du 2ème secteur de la Région Paris-Nord, à savoir le nommé Defrance. »
Il reconnaissait « l’exactitude de cette rencontre, mais je prétends que j’avais besoin de voir ce camarade pour une question syndicale. » Plusieurs ouvriers avaient été augmentés, mais pas Bécourt qui avait donc décidé de rencontrer Defrance. Il reconnaissait que ce dernier lui avait « proposé d’entrer dans l’organisation clandestine, mais je prétends avoir refusé. »
Un inspecteur lui rappela les intitulés des tracts et brochures qui avaient été saisis à son domicile. Roger Bécourt répondit « J’ai trouvé tous ces tracts et brochures dans une armoire en bois qui m’est réservée, à proximité de mon établi, le 22 courant à 8 heures du matin. Je ne sais qui les y avait déposés. Je les ai emportés le soir même à mon domicile avec l’idée de les brûler. »
Un inspecteur rétorqua : « Vos déclarations sont invraisemblables et le fait que vous ayez ainsi disposé de 18 numéros identiques de L’Humanité parait bien indiquer que ce stock d’imprimés devait être diffusé par vous. »
Roger Bécourt maintint ses déclarations et son intention « de brûler ces tracts ». L’inspecteur lui demanda des explications sur le manuscrit d’un article de « L’Éclair de l’Électro Mécanique ». Il assuma être l’auteur de cette copie « J’affirme qu’il ne s’agit pas d’une composition personnelle ».
Emprisonné, Roger Bécourt était le 22 janvier 1944 dans le convoi de 2006 déportés à destination de Buchenwald en Allemagne, il a été affecté au kommando de travail de Weimar. Les déportés installés dans l’usine Gustloff fabriquaient des fusils et des caissons, ils étaient près de 2 350 détenus en janvier 1945. Du fait d’un bombardement des alliés au début avril 1945, mille cinq cents quatre-vingt-cinq hommes retournèrent au camp de Buchenwald.
Roger Bécourt participa aux actions de solidarité à l’intérieur du camp qui étaient autant d’actes de résistance à la barbarie. Le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Le Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu dans son ouvrage La zone grise ? La résistance française à Buchenwald.
Dans 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Roger Bécourt a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut le 16 août 2004 à Vichy dans l’Allier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236194, notice BÉCOURT Roger, Lucien, Henri par Daniel Grason, version mise en ligne le 5 janvier 2021, dernière modification le 4 janvier 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z-4-80 dossier 536. – Bureau Résistance GR 16 P 42758. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil Site internet Match ID.

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