VERRYCKEN Laurent.

Par Bernard Dandois

Grimbergen (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui pr. Brabant flamand, arr. Hal-Vilvorde), 1835 – Schaerbeek (aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 6 mars 1892. Boulanger, dirigeant de l’Association internationale des travailleurs, anarchiste, adhérent du Parti ouvrier belge dès 1885.

Orphelin de mère à l’âge de deux ans, Laurent Verrycken est élevé par sa grand-mère à Anderlecht (Bruxelles) avant de rejoindre son père, bourrelier-harnacheur à Tubize (aujourd’hui pr. Brabant wallon, arr. Nivelles), à l’âge de douze ans pour y apprendre son métier. Son père participe à un club républicain en 1848, c’est la première stimulation politique.

Lorsque Laurent Verrycken quitte Tubize pour Bruxelles, il devient boulanger puis chauffeur de locomotive au chemin de fer du Luxembourg pendant plusieurs années. Il redevient boulanger lors de la création, en 1868, de la coopérative, La Fourmi, qu’il gère jusqu’en 1872. Par la suite, il exercera divers métiers : marchand de journaux, libraire à la rue Haute, voyageur de commerce, expéditeur de journaux aux Messageries de la presse, fondées par Louis Bertrand, avec son fils Henri, en 1884.

En 1857, comme de nombreux ouvriers bruxellois, Laurent Verrycken manifeste avec les libéraux contre la « loi des couvents » mise en place par le gouvernement De Decker. Il adhère à la société pour les enterrements civils, L’Affranchissement. Il est en 1860 un des fondateurs de la société démocratique, Le Peuple, qui a comme organe, La Tribune du peuple. Le premier numéro de ce journal paraît le 12 mai 1861.

Laurent Verrycken devient membre de l’Internationale dès 1865, dont Le Peuple constitue alors la section belge. En janvier 1867, il est membre de l’Association des boulangers qu’il représente au sein de la commission administrative de la Fédération, section bruxelloise de l’Association internationale des travailleurs (AIT). En septembre 1868, il est délégué de l’association coopérative boulangère, La Fourmi, fondée le 26 avril 1868, au troisième Congrès de l’AIT à Bruxelles. Il est élu membre du Conseil général belge lors du Congrès de décembre 1868, il le restera jusqu’en décembre 1872. Il est le correspondant pour certaines communes du bassin de Charleroi, puis de sa fédération ouest : Marchienne-au-Pont (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi)…
Le 5 août 1871, Verrycken est nommé administrateur-gérant du journal, L’Internationale, en remplacement d’Henri Leryke*.

Délégué à la Conférence de l’Internationale à Londres en 1871, Laurent Verrycken se range aux côtés des autonomistes. Il se fait le propagateur en Belgique de la Fédération jurassienne. En juin 1872, il devient correspondant pour l’étranger aux côtés de César De Paepe. Il vote notamment la suppression du Conseil général belge au Congrès de décembre 1872. En septembre 1873, délégué général belge, il préside le Congrès – fédéraliste – de Genève au cours duquel il présente le rapport belge et lance une invitation pour le Congrès de Bruxelles. C’est au cours de ce dernier que César De Paepe* présente son important rapport sur les services public dans la société futures. Verrycken y rappelle son opposition à toute action politique et aux conceptions du rôle de l’État selon De Paepe.

Durant cette période de 1872 à 1879, Laurent Verrycken est un des principaux dirigeants de l’AIT en Belgique, engagé dans le camp autonomiste. Il s’oriente clairement vers l’anarchie. En 1872, Glaser, l’informateur de Marx à Bruxelles, lui confie à la vente de cent exemplaires de La Guerre civile en France. Glaser le méprise : « l’illuminé boulanger », « Verrycken a du bon, mais n’est pas un aigle ».

En 1879, Laurent Verrycken est secrétaire et correspondant à Bruxelles de la Ligue collectiviste anarchiste et édite un journal, Le Drapeau rouge. Deux ans plus tard, il fonde, avec Charles Delfosse, Eugène Steens* et Charles Debuyger, un journal hebdomadaire, La Justice sociale qui connaît quelques numéros. Fin 1881, il participe à la création d’une Ligue socialiste républicaine » avec Ch. Debuyger, E. Steens, Emmanuel Chauvière, qui a pour ambition de réunir socialistes révolutionnaires et anarchistes, sans succès.

Petit à petit, Laurent Verrycken se rallie alors à l’action politique de la classe ouvrière. En 1884, il entre, avec d’autres socialistes, au sein de l’Association libérale pour y favoriser la lutte en faveur du suffrage universel. Le 23 septembre 1884, il est un des signataires du Manifeste de la Ligue républicaine. Lorsque le Parti ouvrier belge (POB) est fondé en avril 1885, Verrycken en est un des premiers adhérents. C’est en tant que délégué du POB qu’il dépose un rapport devant la Commission du travail en 1886. La même année, il participe à plusieurs meetings en Hainaut où il est connu depuis l’AIT. En 1888, il représente le POB au Congrès international de Londres.

À consulter également ENCKELL M., Verrycken Laurent, dans Dictionnaire des anarchistes, Site Web : maitron.fr.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236277, notice VERRYCKEN Laurent. par Bernard Dandois, version mise en ligne le 5 janvier 2021, dernière modification le 10 janvier 2021.

Par Bernard Dandois

SOURCES : Vooruit, 8 septembre 1908, p. 1 – BERTRAND L., Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique, 2 vol., Bruxelles, 1906-1907 – POTY F., Histoire de la démocratie et du mouvement ouvrier au pays de Charleroi, t. 1 : Le blé qui lève, 1735 à 1905, Bruxelles, 1975 – Documents relatifs aux militants belges de l’Association internationale des travailleurs. Correspondance 1865-1872. Textes réunis, établis et annotés par Daisy-Eveline Devreese, Louvain-Bruxelles, 1986 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 79).

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