EICHAKER Oscar [EICHACKER Édouard, Jules]

Par Antoine Olivesi, Rodolphe Prager

Né le 21 janvier 1881 à Avignon (Vaucluse), mort le 23 juin 1961 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; peintre, sculpteur, professeur aux Beaux-Arts de Marseille ; militant trotskiste du Parti communiste international.

Fils d’Oscar, Maximilien, Anatole, capitaine au 141e régiment, et de Marie, Henriette, Benoîte Eymieu, sans profession, Oscar Eichaker (écrit Eichacker sur le registre d’état civil)) se maria avec Marie Thomasson le 13 mars 1902 à Marseille et, en secondes noces, le 10 septembre 1928, à Paris (Xe arr.) avec Germaine Desmettre, couturière, née le 6 décembre 1898 à Tourcoing (Nord). Peintre et sculpteur, Oscar Eichaker était professeur à l’École des Beaux-Arts de Marseille. On lui doit en particulier, des bustes d’hommes politiques marseillais, tels que ceux de Léon Bon, Albert Perrin et Henri Tasso, ancien maire de la cité, que l’on peut découvrir place de Lenche. Il réalisa également un buste de Jaurès inauguré à Istres le 22 juillet 1934 pour le vingtième anniversaire de la mort du grand tribun, en présence de Léon Blum et de Félix Gouin.

En tant qu’artiste, sculpteur surtout, mais aussi peintre, il travailla souvent en collaboration avec l’architecte Gaston Castel. Il fut notamment l’auteur de la frise allégorique qui orne le hall d’entrée de l’Opéra de Marseille reconstruit après l’incendie de 1919. Toujours avec Castel, il participa à la décoration du Palais de Justice. On lui doit aussi les vases d’amortissement en pierre de Lens qui constituent la sculpture ornementale du grand escalier de la gare Saint-Charles. Castel conserva dans sa collection privée un buste de toréador sculpté par Eichaker. Il fut également auteur d’œuvres graphiques en « sanguine » et au fusain. Il écrivit dans des revues locales comme Arts, Les Cahiers du Sud ou le journal Le Mondain.

En octobre 1936, Oscar Eichaker fut élu au comité central du Parti communiste internationaliste (trotskyste) animé par Raymond Molinier* et Pierre Frank. Il y représentait la région marseillaise dont il était le responsable.

Le couple Eichaker accueillit à l’automne 1940 les militants du PCI repliés à Marseille pour fuir l’occupation allemande, notamment Gabrielle Brausch*, Maurice Ségal* et Maurice Braguinsky*, qui logèrent un temps à leur domicile du 18 cours Pierre Puget. Après les arrestations de Brausch puis de Segal, fin 1941, début 1942, les Eichaker s’occupèrent activement de venir à leur secours, payant les avocats et leur faisant parvenir des colis en prison. L’arrestation de Braguinsky à Lyon en mai 1943, entraîna l’inculpation d’Oscar Eichaker pour « activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre de la IIIe Internationale ». Les interrogatoires qu’il subit en juin 1943, ainsi que ceux de sa femme, ne permirent pas d’étayer ces accusations, l’action de solidarité qu’ils assumèrent ne suffisant pas à représenter une action séditieuse. Oscar Eichaker bénéficia finalement d’un non-lieu.

Professeur de modelage, il donnait encore des cours du soir à l’École des Beaux-Arts de Marseille après la Seconde Guerre mondiale. Son décès, survenu le 23 juin 1961, passa semble-t-il inaperçu dans la presse quotidienne, dans la semaine même où Botinelly, dont on considérait entre les deux guerres qu’Oscar Eichaker était le grand rival, était honoré par l’Institut de France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23629, notice EICHAKER Oscar [EICHACKER Édouard, Jules] par Antoine Olivesi, Rodolphe Prager, version mise en ligne le 6 novembre 2008, dernière modification le 17 novembre 2021.

Par Antoine Olivesi, Rodolphe Prager

SOURCES : Arch. J. Maitron et R. Prager. — Renseignements communiqués par P. Broué et J.-M. Brabant. — Presse locale marseillaise. Marseille, revue municipale, n° 16, janvier-mars 1952. — État civil Avignon et Marseille. — Renseignements fournis par Louis Arnaud, sculpteur et Ello Castel, fils de Gaston Castel, architecte lui-même, qui fut l’élève d’Eichaker et Albert Detaille.

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