EECKHOUTTE Léon

Par Gilles Morin

Né le 4 septembre 1911 à Fins (Somme), mort le 31 janvier 2004 à Toulouse (Haute-Garonne) ; professeur agrégé ; militant socialiste de Haute-Garonne ; maire (1947-1995) et conseiller général (1951-1994) de Villemur-sur-Tarn ; président du conseil général (1966-1988) et sénateur (1971-1989).

[Sénat]

Originaire du Nord de la France, Léon Eeckhoutte avait un père flamand, Paul René, berger, tué en 1914 devant Arras, et une mère picarde, sans profession, Marie, Léontine Baudoux (ou Boudoux). Élève au Lycée Michelet de Vanves, puis à la faculté des sciences de Paris, licencié en sciences physiques, et en sciences naturelles, il obtint l’agrégation de biologie. Il enseigna deux années au lycée Faidherbe à Lille avant la Seconde Guerre mondiale (1937-1939). Il se maria en septembre 1937 à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne).

Mobilisé comme officier d’artillerie à Sarreguemines sur le front de l’Est, Léon Eeckhoutte fut capturé puis interné dans un oflag en Poméranie de 1940 à 1945. Il fut démobilisé comme capitaine de réserve. Nommé en Haute-Garonne, il s’installa à Villemur-sur-Tarn après la Libération. Il enseigna de 1945 à 1971 dans les classes préparatoires au lycée Pierre-de-Fermat à Toulouse, où il exerçait aux côtés de Raymond Badiou, Paul Débauges et André Rey*.

Léon Eeckhoutte fut élu maire socialiste SFIO de Villemur le 2 novembre 1947 (il conservera son mandat jusqu’en 1995). Quatre ans après ce premier succès, à la suite du décès en fin de mandat du conseiller général de Villemur, le socialiste Boudy, Léon Eeckhoutte fut désigné pour représenter la SFIO aux cantonales d’octobre 1951. Arrivé en ballottage favorable à l’issue du premier tour (923 voix sur 2 330 exprimés), il bénéficia du désistement du candidat communiste après avoir accepté de signer un programme minimum en huit points présenté par le PCF. Il fut élu au deuxième tour avec 1 399 voix, contre 1 105 au RGR Barbe. Léon Eeckhoutte, réélu régulièrement jusqu’en 1994 (année où il fut battu par l’UDF Jean-Marc Dumoulin), s’imposa rapidement comme un des leaders socialistes dans un département où ce parti dominait la vie politique, notamment grâce au contrôle de l’assemblée départementale. En 1961, il accéda à la fonction stratégique de rapporteur du budget.

En 1966, Léon Eeckhoutte succéda à la présidence du conseil général de la Haute-Garonne à Eugène Montel*, le député-maire de Colomiers qui venait de décéder. Il conserva ce mandat jusqu’en 1988. Il annonça cette année-là qu’il ne se représentait pas mais continua à présider la commission des finances. Il eut à gérer le maintien de la majorité socialiste, fragilisée à l’Assemblée départementale par la perte de la ville centre, Toulouse, gagnée par la droite en 1971. Ses affrontements avec les Baudis, père puis fils, furent réguliers.

Maire et président de l’Assemblée départementale, Léon Eeckhoutte se devait désormais d’acquérir un mandat national pour asseoir sa position. Il ne postula jamais à un siège de député, mais fut élu sénateur de la Haute-Garonne le 26 septembre 1971. Il siégea à la haute assemblée jusqu’au 24 septembre 1989. Président de la commission des affaires culturelles du Sénat de 1977 à 1986, il fut rapporteur de la mission d’information sur les enseignements supérieurs et la recherche scientifique et technique, en 1976. Léon Eeckhoutte présida aussi le groupe sénatorial d’étude des problèmes de la presse à partir de 1978. A partir de 1980, il fut membre du comité pour la diffusion des langues étrangères.

Désigné conseiller régional de Midi-Pyrénées, comme sénateur, d’octobre 1973 à 1986, Léon Eeckhoutte présida la commission permanente du conseil présidé par Alain Savary* en 1974. Il présida d’autres organismes à vocation régionale : le comité régional d’expansion économique Midi-Pyrénées à partir de juillet 1975, l’Agence technique départementale d’aide aux collectivités locales et encore l’ARCAD (Association régionale de coordination des arts et de leur développement). Il fut par ailleurs délégué titulaire à l’Assemblée du traité de l’Atlantique-Nord d’octobre 1974 à décembre 1980.

Grand élu local et régional, sénateur, Léon Eeckhoutte qui cumulait les mandats électifs, ne semble pas avoir cherché à assumer des mandats partisans ni à mettre en avant des positions personnelles, suivant généralement celles de son parti. Il s’opposa toutefois au retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 alors qu’il était secrétaire à la propagande la SFIO dans la 3e circonscription. En octobre 1966, il présida la FGDS de la Haute-Garonne.

Homme du Nord devenu le principal leader d’une fédération socialiste méridionale, Léon Eeckhoutte qui semblait ne pas bénéficier d’un grand charisme personnel s’imposait par ses capacités intellectuelles et par un goût prononcé du compromis. Sa modération et sa réputation d’intégrité lui assuraient par ailleurs des appuis larges au conseil général. Dans les années Giscard d’Estaing, le préfet notait que le principal animateur de l’opposition sur le plan départemental avait des rapports fréquents et courtois avec l’administration et que les scores obtenus lors de sa réélection à la présidence de l’Assemblée montraient l’estime que lui portaient ses adversaires politiques.

Marié avec Jeanne Panchad, Léon Eeckhoutte se remaria en 1986, après le décès de cette dernière, avec l’architecte Françoise Girard. Il eut un fils, Michel. Commandeur de la Légion d’honneur (le 15 mai 2000), il était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23636, notice EECKHOUTTE Léon par Gilles Morin, version mise en ligne le 7 novembre 2008, dernière modification le 1er juillet 2009.

Par Gilles Morin

[Sénat]

SOURCES : Arch. Nat., 4AG/69 ; F/1cII/290 et 440 ; F/1cIV/152 ; CAC 19890523/10. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Archives de l’OURS, dossiers Haute-Garonne et dossier Eeckhoutte ; 2/APO/2, fonds FGDS. — Le Trombinoscope des régions, départements et DOM-TOM, La Gazette du Parlement, tome 2, Paris, 1991. — Le Monde, 21 septembre 1988 et 4 février 2004. — État civil de Fins.

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