GUITARD Henri, Eugène

Par André Balent

Né le 22 mai 1904 à Céret (Pyrénées-Orientales), mort le 12 novembre 1963 à Céret ; avoué ; militant radical puis socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales ; maire (1947-1963) et conseiller général (1951-1963) de Céret.

Henri Guitard
Henri Guitard
Collection André Balent

Henri Guitard était le fils d’Abdon Guitard, notaire, et de Marie–Marguerite née Luce, âgés respectivement de trente-cinq et vingt-quatre ans en 1904. Il s’établit ensuite comme avoué à Céret le 1er mai 1929. Par la suite, il s’installa à Perpignan (Pyrénées-Orientales), prenant la succession de son père. Son frère, Paul Guitard, choisit d’abord la militance communiste avant de bifurquer vers l’extrême droite et le collaborationnisme.

Henri Guitard se maria à Montesquieu (Pyrénées-Orientales) le 11 mai 1929 avec Marie-Thérèse Delclos. En secondes noces, le 21 décembre 1946, il épousa Lise Barre à Carcassonne (Aude). Il était le père de trois enfants.

Avant la Seconde Guerre mondiale, il affichait des opinions radicales, se situant ainsi dans le sillage du maire et conseiller général de Céret d’alors, Onuphre Tarris. En 1935, il fut élu conseiller municipal de Céret, puis, en 1937, conseiller d’arrondissement du canton de Céret. Ce fut cette affiliation radicale d’origine qui le fit choisir par le CDL pour occuper, en août 1944, les fonctions de premier adjoint de la sous-préfecture du Vallespir. Sa nomination à ces fonctions fut officiellement approuvée par la réunion du nouveau conseil municipal solennellement installé le 27 octobre 1944. Avec quatre autres conseillers élus en 1935 et dix-neuf nouveaux conseillers, il faisait partie de liste établie par le CDL et approuvée par le nouveau préfet, Jean Latscha. Il pouvait se réclamer de la Résistance, particulièrement active à Céret (filières de passage en Espagne des Évadés de France). Lui-même, mobilisé en 1939 et prisonnier de guerre rapatrié à Céret, s’évada en Espagne et gagna les rangs de Première armée de De Lattre de Tassigny. Le 6 juin 1945, Henri Guitard fut photographié à Céret, lors d’un rassemblement des États généraux de la résistance française, en compagnie d’éminents membres communistes ou socialistes de la résistance intérieure cérétane, comme Gaston Cardonne, Ferréol Matheu, Pierre Mau ou Jacques Souquet, désigné maire en août 1944.

À la Libération, Henri Guitard choisit d’adhérer à la SFIO. Il devint bientôt l’un des fidèles de Louis Noguères, député, président de la Haute Cour de Justice. Il fut, de juin à novembre 1945, un des administrateurs socialistes de l’éphémère quotidien perpignanais Le Cri du Soir, fondé par Louis Noguères et Dominique Parsuire. Cette presse quotidienne, qui ne se substituait pas à l’hebdomadaire de la fédération socialiste, tourna court par manque de moyens financiers. Élu maire à l’issue des élections municipales générales des 19 et 26 octobre 1947, il fut ensuite constamment réélu à tous les scrutins jusqu’en 1959 inclus.

Candidat à Céret aux cantonales des 23 et 30 septembre 1945, il dut se désister au second tour en faveur du communiste Gaston Cardonne, n’ayant obtenu que 1 991 voix sur 7 298 inscrits et 4 885 suffrages exprimés. Les 7 et 14 octobre 1951, il fut élu grâce au désistement du candidat radical. La SFIO des Pyrénées-Orientales était alors divisée entre « officiels » et « orthodoxes », favorables au député-maire de Thuir, Louis Noguères, et « indépendants » ou « dissidents » qui soutenaient Arthur Conte. Les deux fédérations s’entendirent néanmoins pour présenter un front uni aux élections cantonales qui préfigurait leur congrès fédéral de « réconciliation » et de réunification du 10 mars 1952. Guitard, fidèle de Noguères, put donc triompher au terme d’un difficile ballottage. En 1951, il était secrétaire (« noguériste ») de la section socialiste SFIO de Céret. Les 20 et 27 avril 1958, Henri Guitard se représenta aux élections cantonales. Il fut réélu à l’issue du ballottage grâce au désistement – que Roger Bernis qualifie de « boudeur » – de son adjoint radical à la mairie de Céret, André Bonne, avoué.

Henri Guitard fut aussi candidat de la SFIO (fédération « officielle ») aux législatives du 17 juin 1951 sur la liste conduite par Léon-Jean Grégory. À ce denier scrutin, Arthur Conte, de la fédération « dissidente », fut, sur trois élus à l’Assemblée nationale, le seul élu de la mouvance socialiste (autres élus : André Tourné*, PCF, et François Delcos, radical) ; la SFIO, représentée par les seuls « officiels » « noguéristes », perdit environ 50 % des suffrages par rapport aux élections législatives de 1946. Il fut le suppléant de Paul Alduy aux législatives de novembre 1958 et de novembre 1962, élu à chaque fois député de la circonscription de Perpignan-Céret.

Henri Guitard eut des responsabilités départementales. Il était le président de l’Office public de HLM des Pyrénées-Orientales et vice-président de l’Association de maires des Pyrénées-Orientales (président : Arthur Conte). Notable de la seconde sous-préfecture des Pyrénées-Orientales, il fut par ailleurs le président d’honneur de la section de Céret des anciens combattants prisonniers de guerre, de l’Union de évadés de France et des Anciens de la 1re Armée, de la clique fanfare de Céret, de Céret sportif (rugby).

Henri Guitard était chevalier de Légion d’honneur. Une place de Céret porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23637, notice GUITARD Henri, Eugène par André Balent, version mise en ligne le 7 novembre 2008, dernière modification le 16 avril 2015.

Par André Balent

Henri Guitard
Henri Guitard
Collection André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 2 Mi 77 R17, état civil de Céret. — Arch. Com. Céret, registre des délibérations du conseil municipal, 1944, registres de l’état civil. — Le Républicain du Midi, Perpignan 1944-1950. — L’Indépendant, Perpignan (à partir de 1950, résultats électoraux, notice nécrologique et faire parts de décès, 14 novembre 1963). — Roger Bernis, Roussillon politique du réséda à la rose, t. 1, Le temps de quatrième (1944-1958), Toulouse, Privat, 1984, pp. 27-28, 70-71, 85, 87-88, 117, 217-218, 253. — Raymond Gual, Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 828.

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