Par Daniel Grason
Né le 22 mars 1906 à Quimper (Finistère), mort le 28 mai 1975 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; employé ; communiste ; déporté à Sachsenhausen (Allemagne).
Fils de Jean et de Corentine Le Berre, Corentin Le Berre alla à l’école primaire. De la classe 1926 recrutement de Quimper, il s’engagea en 1922. Marié, veuf, père de deux enfants mineurs, la famille vivait 99 rue Championnet à Paris (XVIIIe arr.). Il était employé à la Compagnie de producteurs et distributeurs d’énergie de la Région parisienne (CPDE) au 14 rue des Bateliers à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Corentin Le Berre a été mobilisé le 16 août 1940.
Lors de filatures des inspecteurs de la BS1 notaient qu’il rencontra le 15 avril 1942 à 18 heures 50, Henras à l’angle des rues de La Chapelle et des Godillots à Saint-Ouen. Les inspecteurs de la BS1 effectuaient de nombreuses filatures de militants communistes. Identifié, Corentin Le Berre fut abandonné par les policiers qui filaient d’autres résistants.
Ils l’interpellèrent trois mois plus tard, le 24 juillet 1942. Lors de la perquisition de son domicile les policiers saisissaient un plan topographique de l’itinéraire entre le boulevard Bessière et le cimetière de Saint-Ouen. Questionné sur sa rencontre avec Henras, il répondit ne pas le connaître.
Le plan qui avait été saisi intriguait les inspecteurs, un autre militant arrêté possédait « un plan identique » pour Saint-Denis. Les policiers en déduisirent que « Ces itinéraires ont été établis vraisemblablement pour les rassemblements prévus par l’organisation clandestine, à l’occasion du 14 juillet. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ? » demanda un policier.
Corentin Le Berre répondit posément : « J’ai établi moi-même ce plan, ayant un rendez-vous avec une jeune femme, à proximité du cimetière de Saint-Ouen. Je ne puis indiquer l’identité de cette personne car elle est mariée et je ne veux pas lui causer d’ennuis. »
L’un des inspecteurs qualifia son explication d’un mot « invraisemblable », il en concluait : « Cela est d’autant plus invraisemblable que vous connaissez Saint-Ouen, puisque vous travaillez dans cette ville. » Corentin Le Berre maintint ses explications.
Emprisonné, Corentin Le Berre était le 8 mai 1943 dans le convoi de 884 hommes à destination du camp de concentration de Sachsenhausen en Allemagne. Corentin Le Berre matricule 66513 a été affecté au kommando de travail des usines Heinkel.
C’était le plus important camp annexe de Sachsenhausen. Des barbelés ceinturaient le vaste espace boisé de Germendorf (un village situé à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Oranienburg) où alternaient les blocks des déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel. Ce camp comptait jusqu’à 8 000 détenus en 1944. Le 21 avril 1945 les déportés furent évacués du camp.
Plus d’un tiers des déportés de ce convoi étaient morts. Corentin Le Berre fut parmi les survivants. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).
Il mourut à l’âge de 69 ans, le 28 mai 1975 à Marseille dans les Bouches-du-Rhône.
Par Daniel Grason
SOURCES : AN Z/4/80 dossier 536 Grellat et autres. – Bureau Résistance GR 16 P 345106. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site internet Match ID.