CARLIER Hilaire.

Par Francis Drugman

Élouges (aujourd’hui commune de Dour, pr. Hainaut, arr. Mons), 31 octobre 1906 – Dour, 2 novembre 1982. Ouvrier mineur, militant socialiste puis communiste, syndicaliste, conseiller communal d’Élouges (aujourd’hui commune de Dour, pr. Hainaut, arr. Mons), militant de l’Union des progressistes.

Fils de Louis Carlier, ouvrier mineur, et de Rosa Escutenaire, ménagère, Hilaire Carlier effectue ses études primaires à Élouges. Ses parents sont socialistes. Il prend très tôt conscience de la condition ouvrière et des revendications portées par les travailleurs.
Ouvrier mineur, confronté très jeune à la dure réalité quotidienne – il travaillera au fond de la mine jusqu’en 1934 puis en surface jusqu’en 1945 –, il s’affilie au Parti ouvrier belge (POB) à l’âge de vingt ans. Il s’implique dans toutes les sections de la Maison du peuple d’Élouges, notamment au sein de la fanfare Les Ouvriers réunis, fondée en 1902, où il fait montre de ses qualités de musicien. Il s’investit dans le mouvement de la Jeunesse socialiste dont il devient un des meilleurs militants.
Appelé en vue d’effectuer son service militaire en 1926, Hilaire Carlier est déclaré « inapte » et exempté en date du 20 novembre 1925. En 1927, il commence à travailler aux Charbonnages unis de l’Ouest de Mons, à la section de Bellevue – siège d’extraction n° 1 Ferrand, à Élouges. Il y exerce le métier de recarreur (rcâreû) ou remeneur-terres. Le 28 janvier 1932, il est victime, avec deux autres ouvriers, d’un coup de grisou, tous trois sont grièvement brûlés. Carlier est touché au deuxième degré aux mains et au visage. Il est hospitalisé pendant trois semaines, du 29 janvier au 23 février 1932) à l’Hôpital de Warquignies (aujourd’hui Centre hospitalier régional de Mons), qui relève de la Caisse commune d’assurance des charbonnages du Couchant de Mons, à Boussu (pr. Hainaut, arr. Mons). Complètement guéri de ses blessures, il reprend son travail dans le fond de la mine jusqu’en 1934. Il est ensuite occupé à la surface.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hilaire Carlier continue à travailler au puits n° 1 Ferrand à Élouges. Il y est membre du Comité de lutte syndicale.

En septembre 1944, Hilaire Carlier rompt avec le mouvement socialiste. Il motive cette rupture par la trahison des chefs du Parti ouvrier belge (POB) et le rejet de sa candidature comme tenancier de la Maison du peuple d’Élouges. Le 4 septembre, il adhère à la section locale du Parti communiste de Belgique (PCB) et suit les cours de l’école fédérale du parti. Il apparaît ravi de cette participation, mais ne peut s’empêcher de polémiquer avec la direction du parti en raison de la remarque de la personne chargée du cours qui le met en garde contre « son gauchisme ».

À la Libération, Hilaire Carlier, domicilié à Élouges, au n° 15 rue de Là-Haut, est président des Syndicats uniques du Borinage, affilié à la Confédération belge des syndicats uniques – intersyndicale du Borinage. De 1945 à 1955, Hilaire Carlier quitte la mine momentanément pour devenir secrétaire régional du Syndicat unique des mineurs de Mons. Lors du Congrès statutaire de la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB – syndicat interprofessionnel socialiste) des 28, 29 février et 1er mars 1948, Carlier pose sa candidature au Secrétariat national. Il faut signaler que les Syndicats uniques des mines représentent une force significative pour la FGTB. Néanmoins, en raison de la réduction du nombre de secrétaires de cinq à quatre, Hilaire Carlier qui a obtenu 136 voix, voit sa candidature rejetée, probablement en raison de ses liens avec le PC. En mai 1948, c’est en qualité de secrétaire régional du Syndicat unique des mineurs du Borinage qu’il entre au comité fédéral du PC. Lors du Xe Congrès du parti de mars 1951, il est élu membre du Comité central.
En 1955, Carlier redevient mineur de fond en 1955, mais perçoit à partir du 1er mars 1956 une pension d’invalidité. Il prend sa retraite le 1er janvier 1968.

À partir de 1946, Hilaire Carlier se lance dans l’action politique. Le 17 février 1946, il est élu député suppléant de l’arrondissement de Mons. Placé à la quatrième place sur la liste communiste pour les élections provinciales, il n’est pas élu. En 1949, Hilaire Carlier se présente à nouveau sur les listes communistes lors des élections législatives et provinciales. Il obtient la deuxième suppléance à la Chambre et n’est pas élu à la province. Lors des scrutins de 1950 et de 1954, deuxième candidat effectif derrière Jean Terfve, il n’est pas élu mais est proclamé premier suppléant.

Le 24 novembre 1946, le PCB remporte une importante victoire à Élouges lors des élections communales. Carlier, deuxième candidat sur la liste communiste derrière le vétéran, Joseph Auguste Tahon, fait partie des quatre communistes élus au conseil communal. Une coalition socialiste-communiste est installée. Tahon devient échevin au sein d’un collège dirigé par un bourgmestre socialiste. Le conseil communal d’Élouges, issu du scrutin de novembre 1946, est installé le 13 janvier 1947. Lors des élections communales de 1952, les communistes perdent un mandat. Carlier est réélu au conseil communal d’Élouges. Cependant, la coalition de 1946 n’est pas renouvelée, les négociations avec les socialistes ayant abouti à un échec. Il faut attendre les élections communales de 1964 pour revoir Hilaire Carlier sur une liste communiste. Il est présent à la dernière place. Le PCB ne remporte aucun mandat. Ce scénario se reproduit lors du scrutin de 1970.
Dans les années 1970, Hilaire Carlier milite au sein de l’Union des progressistes, résultat du tournant politique opéré par le PCB, qui se rallie à une union des gauches, prônée par le sénateur montois, René Noël*. Il se présente sur la liste de l’Union démocratique et progressiste (UD)DP à Dour lors des premières élections se déroulant dans le cadre de la fusion des communes. C’est un échec qui annonce le déclin de l’UDP.

Sur le plan familial, Hilaire Carlier se marie le 2 juillet 1927 avec Zélie Joséphine Hennebicq, née à Élouges le 11 janvier 1907. Le couple a trois filles : Marie, décédée alors qu’elle est bébé, Mariette née à Élouges le 16 avril 1929 et Lucette née à Élouges le 21 février 1933.

Hilaire Carlier meurt en novembre 1982. Ses funérailles civiles ont lieu dans l’intimité à Élouges.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236460, notice CARLIER Hilaire. par Francis Drugman, version mise en ligne le 11 janvier 2021, dernière modification le 20 janvier 2021.

Par Francis Drugman

SOURCES : Archives communales de Dour, registres de l’état civil et de la population – Mons, Archives de l’état, archives de la commune d’Élouges, liasse relative aux élections communales (1921-1970) ; liasse « Milice » 1926 – La Louvière – site du Bois-du-Luc, Saicom – CArCoB, dossier « Carlier Hilaire » – Archives familiales de Alain Druart et Françoise Coulon – Papiers personnels de Francis Drugman – Site Web : filae.com, acte de naissance – Loos-en-Gohelle, Pas-de-Calais, France – RUELLE P., Le vocabulaire professionnel du houilleur borain, Bruxelles, 1953 – DERRIDER F., Influence de la « Maison du Peuple » d’Élouges sur la population du village pendant trois quarts de siècles, s.l., 1987 – MAERTEN F., « Du murmure au grondement. La Résistance politique et idéologique dans la province du Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale », dans Analectes d’histoire du Hainaut, t. 7, vol. II, Mons, 1999, p. 471 – TILLY A., André Renard, Bruxelles, Le Cri, 2005 – GOTOVITCH J., Du Communisme et des communistes en Belgique. Approches critiques, Bruxelles, Aden, 2012 – THOMAS A., « Une telle indifférence ». La présence communiste dans les entreprises belges de l’après-guerre (1945-1948), Master en histoire ULg, Liège, 2015.

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