DE SEGUIN DE REYNIÈS Ferdinand, Marie, Jean, Albert [Pseudonymes dans la Résistance : Renaud, Roland, Sylvain]

Par Jean-Luc Marquer

Né le 24 août 1900 à Arry (Moselle), disparu le 6 mai 1944 à Grenoble (Isère) ; militaire de carrière ; résistant, chef départemental de l’Organisation de Résistance de l’Armée, puis de l’Armée Secrète, homologué chef de Bataillon des Forces françaises de l’Intérieur, lieutenant-colonel à titre posthume

Albert DE SEGUIN DE REYNIÈS
Albert DE SEGUIN DE REYNIÈS
Photo : Richard Perrichon , Mémorial GenWeb, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

Ferdinand, Marie, Jean, Albert de Seguin de Reyniès était le fils d’Aristide, Antoine de Seguin, Marquis de Reyniès, et de Marie, Augustine, Marguerite de Villers, son épouse.
Issu d’une longue lignée de militaires, son père était officier au 6ème Bataillon alpin de Chasseurs à pied. La famille suivit les affectations du chef de famille : Nice, Embrun, et Grenoble à partir de 1907.
Au début de la 1ère guerre mondiale, Albert de Seguin de Reyniès entra à l’internat des Jésuites à Villefranche-sur-Saône (Rhône).
En 1917, il intégra l’école Sainte-Geneviève à Versailles pour préparer le concours d’entrée à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.
Reçu au concours il entra à Saint-Cyr le 24 avril 1918. Sa formation, adaptée aux circonstances, fit alterner des périodes de formation et des périodes d’activité.
Second de la promotion 1918-1920 dite " de la Victoire", il fut affecté comme sous-lieutenant au 5ème Bataillon de Chasseurs à pied en septembre 1920.
De 1920 à 1925, il fut affecté dans différentes unités, en Allemagne, Pologne et Maroc où il se distingua, ce qui lui valut la croix de guerre des T.O.E. avec étoile de bronze et la médaille coloniale, agrafe Maroc.
Il épousa Marie, Louise, Henriette de Parisot de Durand de la Boisse, le 30 mars 1925 à Lézignan-Corbières (Aude). Ils eurent 8 enfants. Le couple s’installa à Annecy (Haute-Savoie) où était stationné le 27ème B.C.A, sa nouvelle unité.
En 1929, le lieutenant de Seguin de Reyniès entra à l’École de guerre.
Après des périodes de stage dans différentes unités de l’Armée de Terre, suivirent deux ans de formation à l’École Militaire à Paris à l’issue desquelles il devint officier breveté.
Il fut alors affecté à l’état-major du gouverneur militaire de Lyon, commandant la 14e région militaire.
En 1934, il fut promu capitaine et fut élevé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel.
En 1936, il revint au 27e B.C.A. où il commanda la 2ème compagnie durant deux ans.
Revenu à l’état-major de 14e région militaire en 1938, il fut affecté à l’état-major de l’armée des Alpes à la déclaration de guerre. Son attitude héroîque durant la bataille de France lui valut une citation à l’ordre du corps d’armée et la croix de guerre 1940.
Promu chef de bataillon le 25 juin 1940, il fut placé auprès du chef d’état-major de la commission de Wiesbaden, chargée de l’application et du contrôle de l’armistice entre la France et l’Allemagne.
En mars 1942, il prit le commandement du 6e Bataillon de Chasseurs Alpins basé à Grenoble (Isère).
Après le débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, les troupes allemandes envahirent la zone libre et imposèrent la suppression de l’armée d’armistice.
Le 28 novembre 1942, le 6e B.C.A fut dissous à Brié-et-Angonnes (Isère). Albert de Seguin de Reyniès incita alors ses soldats à garder le contact et fit le nécessaire pour cacher le plus de matériel possible ne livrant qu’un minimum au dépôt officiel.
Après avoir été employé durant quelques temps au service des Eaux-et-Forêts à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), il fut affecté en mars 1943 au centre démobilisateur et de rapatriement de Pont-de-Claix (Isère), camouflage idéal pour l’action clandestine.
Il reprit alors contact avec ses anciens subordonnés pour préparer la reprise des combats. Le 6e B.C.A. commença à renaître dans le Vercors. Un premier camp fut créé à Malleval (Isère), puis un second à Saint-Martin-en-Vercors (Drôme).
Albert de Seguin de Reyniès, pseudonymes "Renaud", puis "Roland", prit la tête de l’Organisation de résistance de l’armée pour le département de l’Isère, puis le 1er décembre 1943, de l’Armée secrète de l’Isère, après la fusion de l’O.R.A et de l’A.S..
Il participa à ce titre à la réunion "Monaco" qui se tint le 25 janvier 1944 à Méaudre (aujourd’hui Autrans-Méaudre-en-Vercors, Isère) où fut créé le comité départemental de libération nationale (C.D.L.N.).
En février 1944, le C.D.L.N. le mit à la tête des Forces françaises de l’Intérieur de l’Isère, nouvellement créées. Il prit alors le pseudonyme de "Sylvain".
Le 6 mai 1944, dénoncé par un ancien chasseur alpin devenu milicien, Albert de Seguin de Reyniès fut arrêté par la police allemande alors qu’il sortait de l’hôtel de la Division, place de Verdun.
Conduit dans les locaux de la SIPO-SD à l’hôtel Gambetta, il fut interrogé durant plus de 5 heures sans rien révéler d’utile à l’ennemi.
Un document trouvé dans les archives de la police allemande après la libération de Grenoble permit d’apprendre que « Vers 24 heures, un employé de la prison annonçait qu’il l’avait trouvé mort dans la cellule  ».
Son corps ne fut jamais retrouvé.
L’acte de décès indiquant sa mort à la date du 6 mai 1944 fut établi par le service de l’état civil militaire le 3 octobre 1946 et transcrit le 12 octobre 1946 dans le registre des actes de décès de Grenoble.
Albert de Seguin de Reyniès obtint la mention "Mort pour la France" et fut homologué résistant, chef de Bataillon des Forces françaises de l’Intérieur, lieutenant-colonel à titre posthume.
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette.
La tombe 88 de la Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère) porte son nom.
Il figure également sur les monuments aux morts d’Arry (Moselle) et de Reyniès (Tarn-et-Garonne), sur une stèle commémorative 1939-1945 et sur une plaque à sa mémoire dans la chapelle du château de ses aïeux à Reyniès, sur une plaque apposée sur la façade de l’hôtel de la Division, place de Verdun à Grenoble, sur le monument commémoratif des Bataillons de chasseurs alpins et sur un monument érigé en son hommage, au quartier De Reyniès à Varces-Allières-et-Risset (Isère).
Le stade de l’École Militaire à Paris et une rue de Reyniès portent aussi son nom.


Voir : Grenoble, d’octobre 1943 à août 1944
Voir : Nécropole nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236534, notice DE SEGUIN DE REYNIÈS Ferdinand, Marie, Jean, Albert [Pseudonymes dans la Résistance : Renaud, Roland, Sylvain] par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 13 janvier 2021, dernière modification le 4 février 2022.

Par Jean-Luc Marquer

Albert DE SEGUIN DE REYNIÈS
Albert DE SEGUIN DE REYNIÈS
Photo : Richard Perrichon , Mémorial GenWeb, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0
Monument commémoratif, Quartier De Reyniès, Varces-Allières-et-Risset (Isère)
Monument commémoratif, Quartier De Reyniès, Varces-Allières-et-Risset (Isère)
Photo : Gaby André Vitinger, Mémorial GenWeb, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0
Tombe 88, Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère)
Tombe 88, Nécropole Nationale de Saint-Nizier-du-Moucherotte (Isère)
Photo : Thierry Pinel, Geneanet, sous licence d’usage CC BY-NC-SA 2.0

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 176739 (à consulter) ; GR 19 P 38/2 — Musée de la Résistance en ligneWikipedia (notice rédigée pour l’essentiel par le Musée de la Résistance et de la Déportation en Isère) — Mémoire des hommes — Mémorial GenWeb — Geneanet — État civil

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