VENTURA Elie

Elie Ventura naquit dans une famille d’immigrés juifs espagnols venus de Smyrne (Empire ottoman), d’une mère couturière et d’un père marchand ambulant. Orphelin à dix ans, il eut une enfance difficile élevé par ses frères et sœurs dans une grande pauvreté. Il suivit des études d’horticulture et intégrera l’école Nationale d’Horticulture de Versailles dont il sortit diplômé en 1933. Il y rencontra Camille Samson. Il suivit une préparation militaire comme élève-officier de réserve dont il sortit avec le grade de sergent. Il fut jardinier ouvrier d’État à la ville de Paris. Il fréquenta la Cité Nouvelle de Châtenay-Malabry où il rencontra Jeannette Béraud. Il adhéra au Parti communiste en 1938 et fut secrétaire de cellule et secrétaire adjoint de la section horticulture du syndicat du personnel des collectivités locales.
En 1939, il fut mobilisé dans une unité d’infanterie. Là il fit la connaissance de Georges Déziré. Il reçut une citation à l’ordre du régiment et fut démobilisé en septembre 1940.
Fin 1940, Elie Ventura reprit son travail et son activité militante pour la réorganisation de sa section syndicale et du Parti dans la clandestinité. Début 1941 il fut victime d’une arrestation par la police française mais fut relâché faute de preuves. Il reprit son activité militante aidé d’Aline Samson (sœur de Camille Samson) et de Jeannette Béraud. En juillet 1941 il échappa de justesse à une arrestation. Recherché par la police, il dut quitter l’administration et entrer dans la clandestinité. Il mangea souvent au restaurant « Chez la mère My » et échappa de justesse de nouveau, au coup de filet monté par le policier Leblanc et les Brigades spéciales pour arrêter l’auteur de l’attentat de Nantes Gilbert Brustlein, réfugié dans le « laboratoire » proche de Chez My ». Camille Samson, sa sœur Aline, la sœur d’Elie furent arrêtés et emprisonnés.
En fuite il rejoignit dans l’Eure Georges Déziré qui lui proposa de travailler pour réorganiser le Parti dans ce département. Ils formèrent alors un triangle de direction avec Georges Déziré et Jeannette Béraud. C’est à ce moment qu’eurent lieu les chutes importantes de militants et responsables communistes en Normandie à la suite du travail des Brigades Spéciales et de l’arrestation de plusieurs haut-responsables communistes en février 1942. Ils furent tous les trois accusés, à tort, par le Parti communiste d’avoir « donné » certains des camarades. Georges Déziré fut tué d’une balle dans la nuque « le 17 mars 1942 » à Chatou par des membres du groupe Valmy. Il devait subir le même sort dans les bois de Meudon mais le pistolet s’enraya et il peut se sauver à temps. Jeannette Béraud, malade, ne se rendit pas à la convocation et sauva sa vie.
Elie Ventura partit alors se réfugier chez un ami pépiniériste près de Tours. En juin 1944 il décida de rejoindre la lutte armée et partit en Saône-et-Loire. Il intégra le maquis de Sylla partie prenante du régiment FFI du Charollais en tant que sous-lieutenant sous le nom de Paul Jourdain. Il participa, entre autres, à la libération de Cluny. Il obtint une citation à l’ordre de la division. Après la libération de la Saône-et-Loire, il intégra la première armée de De Lattre de Tassigny dans le commando de Cluny qui devient le 4e bataillon de Choc. Il participa à la libération de Belfort (2e citation à l’ordre de la division), la campagne d’Alsace et la campagne d’Allemagne qui se finit sur les bords du lac de Constance. Il fut démobilisé en février 1946.
Dès 1942 et les différents rapports rédigés pour le Parti communiste sur son activité, Elie Ventura demanda dans de nombreux courriers (une trentaine !) la révision de sa condamnation et sa réhabilitation. Plusieurs commissions d’enquête formées par la direction du PCF aboutirent en 1950 et 1953 à la conclusion que les condamnations à mort avaient été prises à partir de rapports faussés et qu’ils étaient innocents. Leur innocence ne fut cependant jamais rendue publique. Elie Ventura resta malgré tout fidèle à son idéal communiste.
Elie Ventura avait intégré en 1947 l’Institut National de la Recherche Agronomique et il travailla à Versailles au Service d’homologation des produits phytosanitaires et milita à la CGT. Il épousa Aline Samson, fille d’un employé à la manufacture des tabacs et d’une mère cigarière en 1949 et elle aussi orpheline très jeune. Aline Samson, sœur de Camille Samson était depuis 1939 militante et résistante à l’Union des Femmes Françaises. Ils eurent trois enfants.
Elie Ventura décéda le 8 juillet 1977 à Versailles à l’âge de 64 ans.