AKAMATSU Katsumaro

Né le 4 décembre 1894 dans le département de Yamaguchi ; mort le 13 décembre 1953. L’un des fondateurs de la Société des hommes nouveaux (Shinjin kai) et l’un des dirigeants les plus influents de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei) ainsi que du Parti socialiste du peuple (Shakai minshū tō).

Personnalité remarquable, AKAMATSU Katsumaro a montré la voie du développement pour les mouvements ouvrier et socialiste, dans le cadre plus général du mouvement démocratique de la période Taishō. Après l’Incident de Mandchourie, il se fit l’apôtre d’un « socialisme japonais » et se lia pour un temps aux autorités militaires. Enfin, au lendemain de la défaite du Japon, il se fit l’avocat d’un retour à la philosophie traditionnelle de l’Extrême-Orient. La mobilité de sa pensée et de ses actes fait de lui un personnage particulier.
Le grand-père d’AKAMATSU Katsumaro n’était autre qu’AKAMATSU Renjō, administrateur du fameux temple de Nishi-honganji à Kyōto, qui exerça une influence notoire sur les milieux bouddhiques de l’époque Meiji. Cependant, quand il parlera plus tard de son enfance, Katsumaro déclarera volontiers : « Mon grand-père ne m’a guère marqué de son influence. » En revanche, il subit celle de son père, AKAMATSU Shōdō, administrateur du temple de Tokuōji et plus tard du temple de Nishi­honganji.
Ce dernier, gendre « adopté » d’AKAMATSU Renjō, grand-père de Katsumaro, ne se satisfaisait guère de l’idéal bouddhique de son époque. Animé d’un humanisme religieux, il voulut se consacrer au bien-être public. Il bénéficia pour cela de la compréhension et de l’aide de son épouse, Yasuko. Katsumaro était le quatrième fils de Shōdō et de Yasuko. Il naquit au temple Tokuōji à Tokuyama, dans le département de Yamaguchi. Sa sœur cadette, Tsuneko, et son frère cadet, Inamaro, jouirent également d’une certaine notoriété dans le mouvement socialiste. Alors qu’il étudiait en quatrième année à l’école secondaire de Tokuyama, AKAMATSU Katsumaro prit la tête d’un mouvement pour obtenir l’exclusion d’un professeur, à la suite de quoi il fut lui-même renvoyé de cet établissement. Après avoir étudié seul, il passa avec succès l’examen officiel de fin d’études secondaires, et c’est avec une avance notable sur les autres étudiants qu’il put commencer des études de droit anglais dans la première section de l’École supérieure Daisan (1912) où, parmi ses condisciples, se trouvait SHŌBARA Tatsu. En 1915, AKAMATSU Katsumaro entra à la section d’études politiques de la Faculté de droit de l’Université impériale de Tōkyō, d’où il sortit diplômé en juillet 1917. Il prit part, au cours de ses études universitaires, à la création de la Société des ouvriers et des étudiants (Rōgaku kai). En décembre 1918, il organisa, en compagnie d’ISHIWATARI Haruo et MIYAZAKI Ryūsuke, la Société des hommes nouveaux (Shinjin kai). Dès le début de l’année 1918, ISHIWATARI et MIYAZAKI se retrouvaient régulièrement chez YOSHINO Sakuzō, où se réunissait un groupe de recherches démocratiques dont ils étaient membres. L’année où AKAMATSU Katsumaro obtint son diplôme de l’université, il adhéra avec ASŌ Hisashi à la Société fraternelle (Yūai kai), puis, grâce à TAKANO Iwasaburō, il travailla au Tōyō keizai shinpō (Le Courrier économique de l’Asie orientale). Il quitta ce journal au bout de deux années, et en qualité de dirigeant de la Fédération générale du travail (Sōdōmei), il se consacra aux mouvements ouvrier et socialiste. Au cours de cette période, le journal de la Société fraternelle (Yūai kai) changea plusieurs fois de nom. Il se nomma tout d’abord Demokurashū (Démocratie), ensuite Senku (Pionniers) puis Dōhō (Frères), et enfin Nakhod (Le Peuple, en russe). Or il est à noter que la pensée d’AKAMATSU Katsumaro suivit une évolution parallèle. En effet, après s’être tourné vers un humanisme à la Tolstoï, il s’intéressa, en tant que démocrate, au mouvement en faveur du suffrage universel, mais, bientôt, il se rapprocha du socialisme qu’il étudia en profondeur. En juin 1922, il fonda avec MIWA Jūsō et diverses autres personnes la Société fraternelle pour la non-intervention en Russie (Tai ro hikanshō dōshikai). En juillet de la même année, AKAMATSU Katsumaro adhéra, dès sa fondation, au Parti communiste japonais (Nihon kyōsan tō). Cependant, à la suite des premières mesures de répression anticommuniste de juin 1923, il se fit lui-même l’avocat convaincu de la dissolution. Entre-temps, il avait épousé en mars 1923 Akiko, la deuxième fille de YOSHINO Sakuzō. Les liens unissant les deux hommes en devinrent encore plus étroits. Lors du XIIIe Congrès de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei), en février 1924, AKAMATSU Katsumaro prit ouvertement parti pour la démocratisation du mouvement ouvrier. La « proclamation du congrès » qui exposait les avantages d’une « politique de réformes » avait été rédigée par YAMANA Yoshitsuru, KAMIJŌ Aiichi, et surtout AKAMATSU lui-même. Il désirait faire du changement d’orientation de la Fédération une évolution de l’idéalisme vers le réalisme. AKAMATSU Katsumaro joua un rôle important dans ce sens, en donnant à la « proclamation du congrès » une signification social-démocrate. Il se fit également l’apôtre d’un « japonisme scientifique ». Il soutenait que, pour réformer le capitalisme japonais, il convenait de choisir la méthode parlementaire, et que, pour ce faire, il était indispensable que la pensée et les actions cessassent de se référer uniquement au modèle soviétique (AKAMATSU qualifiait cette référence constante de « tendance traductrice »), SHIGA Yoshio critiqua vivement le « japonisme scientifique » d’AKAMATSU. Il affirmait que c’était une abdication devant le libéralisme et le système de la croissance naturelle. AKAMATSU Katsumaro fit lui-même de sa controverse avec SHIGA Yoshio le point de départ théorique de l’antagonisme entre la droite et la gauche. En 1926, il provoqua la scission de l’aile droite du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmin tō), et prit la tête du mouvement de formation du Parti socialiste du peuple (Shakai minshū tō). Il y occupa successivement, en tant que membre du Comité central et du Comité exécutif, les fonctions de chef de la section de propagande, chef de la section d’organisation, puis, après 1930, de secrétaire général. Dès l’année 1927, AKAMATSU Katsumaro rencontrait, en compagnie de KAMEI Kan’ichirō, le lieutenant-général de l’armée japonaise MATSUI Ishine. En 1931, lors de « l’Affaire de mars », il projeta avec ŌKAWA Shūmei, et en liaison avec HASHIMOTO Kingorō, CHŌ Isamu, ainsi que d’autres officiers de l’armée japonaise, membres de la Société du cerisier (Sakura kai), un mouvement démocratique basé sur un coup d’État militaire. Des répétitions furent même organisées à cette intention. Par ailleurs, en septembre 1931, AKAMATSU Katsumaro et OKAWA Shūmei, regroupant autour d’eux ISHIKAWA Junjūrō et TSUKUI Tatsu, fondèrent l’Institut de recherches sur le socialisme japonais. Dans le cadre de cet Institut, AKAMATSU Katsumaro prit contact avec des social-démocrates indépendants comme TADOKORO Teruaki et MOCHIZUKI Genji. Il évolua vers le socialisme national. En 1932, il apparut qu’il ne pouvait pas entraîner le Parti socialiste du peuple (Minshū shakai tō) dans cette direction. AKAMATSU Katsumaro quitta alors ce parti et, immédiatement après « l’Affaire du 15 mai », il fonda le Parti socialiste d’état du Japou (Nihōn kokka shakai tō) où il occupa les fonctions de responsable des affaires courantes. Par la suite, en 1933, il créa l’Association populaire (Koknmin kyōkai). Elu membre de la Chambre des représentants en 1941, il constitua le Parti réformiste japonais (Nihōn kakushin tō), dont il assura la présidence. Après la guerre, AKAMATSU Katsumaro fut condamné au bannissement de la fonction publique. Quand cette peine eut pris fin en 1951, il entreprit d’écrire des discours polémiques sur la civilisation de l’Extrême Orient ; l’un d’eux s’intitule « De la libération au salut ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236988, notice AKAMATSU Katsumaro, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 1er février 2021.

ŒUVRE : Tenkanki no nihon shakai undō (Les Mouvements sociaux à une époque de transition), 1926. — Shakai undō ni okeru genjitsushugi (Le Réalisme dans les mouvements sociaux), 1928. — Shin kokumin undō no kichō (Les Bases du nouveau mouvement national), 1932. — Nihon shakai undō shi (Histoire du mouvement socialiste japonais), 1952. — Tōgō e no kyōshū (Nostalgie de l’Extrême-Orient).

SOURCES : Numéro spécial à la mémoire d’AKAMATSU Katsumaro, dans Nihon oyobi nihonjin (Le Japon et les Japonais), février-mars 1956. — Idem, dans Tōyō hyōron (La Revue critique de l’Extrême-Orient), mars 1956..

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