FRANC Félix, Auguste

Par Jacques Girault

Né le 11 septembre 1916 à Saint-Étienne (Loire), mort le 5 mars 2013 à Saint-Chamond (Loire) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; maire socialiste de Lorette (Loire, 1977-1989), conseiller général (1976-1989).

Félix Franc
Félix Franc

Fils d’une brodeuse qui se sépara de son père en 1925 et mourut en 1927, Félix Franc, comme son frère et sa sœur, fut élevé par sa grand-mère et leur tante institutrice ; il reçut les premiers sacrements catholiques. Après trois années de cours complémentaire de Firminy, il entra à l’École normale d’instituteurs de Montbrison (Loire) en 1932 et commença sa carrière d’instituteur à Sainte-Croix-en-Jarez (1935-1937). Membre du Syndicat national des instituteurs, il se maria civilement en mars 1940 à Lorette avec une institutrice. Leur fils ne reçut pas de sacrements religieux.

Appelé au service militaire dans un régiment d’infanterie à Montluçon (Allier) comme soldat de deuxième classe, Félix Franc participa à la guerre en Belgique, puis en Flandres où il fut fait prisonnier le 31 mai 1940. Dans ses kommandos successifs, il participa à l’animation culturelle (études, cours du soir, chorale, théâtre). Évadé, repris, il séjourna en camp disciplinaire (juin-décembre 1942). Il prit part aux activités de résistance par la création d’un journal clandestin. Libéré par les troupes soviétiques en avril 1945, il resta en Allemagne jusqu’au 1er juin 1945 avant d’être démobilisé en octobre 1945.

Félix Franc prit alors son poste à Lorette, directeur d’une école de quatre classes. Il créa et dirigea un cours complémentaire qui devint collège d’enseignement général. Principal adjoint du collège d’enseignement secondaire de Grand-Pont en 1970 (après la fusion du CEG de Lorette avec celui de Grand-Croix), il termina sa carrière en 1971.

Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs à partir de 1946, Félix Franc créa un syndicat CGT-Force ouvrière des instituteurs, y voyant l’occasion d’avoir « un nouveau syndicalisme libéré du pouvoir politique », et participa au congrès constitutif de la CGT-FO où il prit la parole. Non suivi, il réintégra le SNI, fut signataire en 1949 de la motion favorable à la CGT-FO et, en 1950-1955, devenu secrétaire de la section départementale, fut aussi le secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’éducation nationale (1950-1952, 1967-1968).

Il insista pour qu’Urbain Thévenon*, instituteur sanctionné à la Libération, puisse retrouver un poste d’enseignant. Il polémiqua avec Pierre Clauzet à propos de l’école soviétique. Il anima pendant quelques années un des deux courants se réclamant de la tendance majoritaire de la FEN. Syndicaliste révolutionnaire, proche des Amis de L’École émancipée, se définissant comme libertaire et pacifiste, il collaborait à La Révolution prolétarienne et à la presse syndicale départementale. Lors du congrès national du SNI en 1954, il intervint à deux reprises. Après le rapport moral, il regretta que le SNI n’ait pas voulu, lors de la dernière réunion de son conseil national, débattre de l’attitude à avoir par rapport aux « équipes enseignantes ». Les enseignants catholiques qui les animaient se conduisaient en parfaits laïques dans la Loire selon lui où la CFTC cherchait à mener des actions unitaires avec les autres organisations syndicales. Il souhaitait que soit créée dans L’École libératrice une « tribune libre des sections ». Le 8 juillet, après le rapport de James Marangé* sur la culture populaire, il insistait dans son intervention pour ne laisser à d’autres la possibilité de transmettre des éléments de cette culture qui prolongeait les connaissances acquises dans les écoles primaires. Le lendemain, il fut assesseur de la séance du matin.

Au milieu des années 1960, il était toujours membre du bureau de la section départementale du SNI. Lors des élections du conseil syndical en mars 1966, à la tête de la liste École émancipée "pour un syndicalisme de combat", réélu avec quatre militants, il fut désigné pour faire partie des commissions administrative et corporative, des affaires pédagogiques, de la propagande.

Au début des années 1990, en désaccord avec le SNI, Félix Franc le quitta et se contenta d’adhérer directement à la Fédération générale des retraités dont il fut le secrétaire puis le président départemental.

À la Libération, il adhéra à la section de Lorette des prisonniers de guerre et collaborait régulièrement au journal Le Mirador. À la fin de 1946, son article sur l’Allemagne étant refusé, il cessa cette collaboration et le publia en brochure.

Membre du Parti socialiste unifié depuis la guerre d’Algérie, membre du Parti socialiste de 1975 à 1988, Félix Franc présidait et assurait le secrétariat des œuvres laïques dans le canton de Rive-de-Gier de 1946 à 1980. Il créa puis présida le centre social et culturel de Lorette.

Félix Franc fut maire de Lorette de 1977 à 1989. La municipalité d’union de la gauche procéda à divers aménagements (reconstruction du quartier, constructions de logements sociaux, d’une nouvelle poste, d’une nouvelle mairie, d’un hall des sports, de terrains de tennis, d’une bibliothèque, réfection du système d’alimentation en eau, aménagements de jardins ouvriers et d’un bassin pour la pêche à la ligne, entre autres). La liste sortante qu’il conduisait aux élections municipales de 1989 fut distancée de 7 voix.

Félix Franc représenta le canton de Grand-Croix au conseil général (1976-1989) et y présida la commission des affaires sociales (1976-1979). Parmi ses activités, membre du conseil d’administration du Parc naturel régional du Pilat, il créa puis présida jusqu’en 1989 le Centre permanent d’initiations à l’environnement, l’Association départementale pour la diffusion et l’initiation musicales, présida pendant douze ans le Fédération des centres musicaux ruraux. En outre, dans le cadre de la Ligue de l’enseignement, il présida pendant trois ans le cercle Condorcet à Saint-Étienne. Il prononça aussi seize conférences littéraires dans la région stéphanoise.

En 1991, Félix Franc quitta Lorette pour Saint-Chamond où son épouse mourut en 1997. Jusqu’en 2007, il présida le Conseil pour l’animation culturelle de la résidence pour personnes âgées La Renaudière.

À partir de son autobiographie, Jean Andersson et André Picon tournèrent un film : Félix Franc, l’errance d’une vie, films du Hibou, 2001.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23699, notice FRANC Félix, Auguste par Jacques Girault, version mise en ligne le 22 novembre 2008, dernière modification le 26 avril 2022.

Par Jacques Girault

Félix Franc
Félix Franc

ŒUVRE : Le problème allemand, brochure, 1946. — L’École russe, édité par La Révolution prolétarienne, 1952. — Errance d’une vie, Saint-Étienne, Arts graphiques, 2002, t. 1 : Et l’enfant devint un homme, t. 2 : Un homme libre dans la cité. — Dans les plis du temps, Saint-Étienne, Arts graphiques, 2006, 114 p.
À partir de son autobiographie, Jean Andersson et André Picon tournèrent un film : Félix Franc, l’errance d’une vie, films du Hibou, 2001.

SOURCES : Presse syndicale. — Site Internet « Encyclopédia Forensis » avec photographies. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Sources orales.

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