FUGIER Huguette, Charlotte, Andrée

Par Jeannette Boulay

Née le 6 février 1926 à La Tronche (Isère) ; universitaire à Grenoble (Isère) puis à Strasbourg (Bas-Rhin) ; militante de la cause algérienne pendant et après la guerre d’Algérie.

Fille d’André Fugier, professeur d’histoire contemporaine à la faculté des lettres de Lyon, médaillé militaire et Croix de guerre, et de Simone Rey, sans profession, Huguette Fugier fréquenta le lycée Edgar-Quinet à Lyon (où Lucie Aubrac* fut l’un de ses professeurs en 1942-1943). Elle étudia les lettres classiques à Lyon et obtint l’agrégation de grammaire en 1949. Après avoir exercé au lycée de Mâcon (Saône-et-Loire), elle fut nommée en 1951 assistante de latin et de grec à la faculté des lettres de Grenoble.

C’est dans cette ville que commencèrent d’une part son engagement comme syndiquée à la FEN (SNESup), et surtout ses contacts avec le milieu algérien, à partir d’une équipe émanant de la faculté de droit et du groupe Esprit. Avec des collègues et des étudiants, elle participa aux manifestations contre le départ des rappelés et pour une paix négociée tout en assurant des cours d’alphabétisation pour les travailleurs maghrébins. En 1956, elle fut nommée à la faculté des lettres de Strasbourg, où elle fut successivement chargée d’enseignement, maître de conférences, enfin professeur de latin en 1964 : à l’institut de latin, elle fut la collègue d’André Mandouze* de 1956 à 1963. Elle reprit son engagement dans le cadre du service municipal d’alphabétisation au foyer Sonacotra de la Meinau, où ces cours se poursuivirent trois fois par semaine jusqu’en 1962 (malgré les difficultés inhérentes au contexte « de la sale guerre »). Elle participa également à toutes les manifestations pour la paix en Algérie et contre les exactions policières et les saisies de publications.

Son attachement à la cause algérienne se poursuivit après l’indépendance. Dès l’été 1963, grâce à des contacts avec les Pères blancs d’Alger, elle fut à l’origine des cours de « rattrapage » organisés pour des étudiants de toutes disciplines. Jusqu’en 1967, trente à quarante étudiants, en majorité strasbourgeois, consacrèrent quelques semaines à transmettre leur savoir et à nouer des liens avec de jeunes Algériens désireux d’entamer des études solides. L’antenne de France-Algérie à Strasbourg prit le relais de l’organisation, initialement amicale et militante, mise sur pied par Huguette Fugier pour subventionner les voyages d’étudiants, les contacts et les conférences locales.

Huguette Fugier passa l’année universitaire 1967-1968 à Abidjan (Côte-d’Ivoire) : elle y assuma la fonction de doyen de l’école de lettres tout en enseignant la linguistique française et générale. Jusqu’en 1975, elle y effectua régulièrement quelques semaines de mission. Cette expérience, dans un pays où malgré l’indépendance, se maintenait une société coloniale sans états d’âme, fut très féconde en contacts avec la population ivoirienne.

En 1974, elle entama une nouvelle étape dans son engagement de citoyenne, en devenant secrétaire, puis trésorière du groupe 23 d’Amnesty International. Durant près de vingt ans, elle représenta Amnesty à la commission « Migrations, Réfugiés et Démocratie » au Conseil de l’Europe.

Ses travaux universitaires, d’abord centrés sur les lettres classiques, s’élargirent en 1984 à une réflexion, des travaux et des publications de linguistique générale. Son ouverture sur le monde l’amena à se consacrer à une connaissance approfondie et spécialisée du malgache : elle fut, entre autres, l’auteur d’une grammaire malgache.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23706, notice FUGIER Huguette, Charlotte, Andrée par Jeannette Boulay, version mise en ligne le 22 novembre 2008, dernière modification le 16 janvier 2019.

Par Jeannette Boulay

SOURCE : Entretien avec Huguette Fugier le 12 septembre 2007. — État civil de La Tronche (2008).

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