ITŌ Noe

Née le 21 janvier 1895 dans le département de Fukuoka ; morte le 16 septembre 1923 à Tōkyō. Militante anarchiste.

Née dans le village d’Imajuku, district d’Itojima, département de Fukuoka, fille aînée d’un agent maritime ruiné, ITŌ Noe sortit de l’école primaire supérieure en 1909 et travailla pendant quelque temps au bureau de poste d’Imajuku. Puis, prise en charge financièrement par sa tante et son oncle qui demeuraient à Tōkyō, elle se rendit à Tōkyō et fut admise, en 1910, au lycée de jeunes filles d’Ueno, en quatrième année (avant-dernière année).
Le mariage d’ITŌ Noe avec SUEMATSU Fukusaburo fut arrangé par sa famille aux grandes vacances de l’année suivante. Mais, mécontente de sa vie conjugale, la jeune femme déserta son foyer en 1912, après sa sortie du lycée de jeunes filles d’Ueno et divorça officiellement d’avec son mari après avoir fait la connaissance de TSUJI Jun, professeur d’anglais dans sou lycée, avec lequel elle vécut. Sous l’influence de celui-ci, elle renforça ses conceptions individualistes, et prit une part active à la Société des bas-bleus (Seitō sha), dirigée par HIRATSUKA Raichō. Membre de la rédaction de l’organe Seitō (Bas-bleus), ITŌ Noe y publia plusieurs essais, critiques et traductions sur le mouvement féministe.
En 1915, lorsque HIRATSUKA Raichō exprima son intention d’abandonner la revue Seitō à cause d’embarras financiers et pour raisons de santé, ITŌ Noe décidant de continuer la publication, elle assuma la succession et reprit la direction de cette revue dans sa dernière période de parution. Entre-temps, elle avait eu deux enfants avec TSUJI Jun.
Après le Complot de lèse-majesté de 1910, ITŌ Noe, de moins en moins satisfaite par le mouvement féministe petit-bourgeois, s’intéressa aux activités socialistes et son attention se porta sur des réalités sociales plus générales, comme par exemple l’Affaire des dégâts provoqués par les fumées d’usine dans le village de Yanaka (Yanaka mura kōdoku jiken). Elle commença alors à s’éloigner de TSUJI Jun, individualiste convaincu et admirateur de Max Stirner. S’étant liée avec l’anarchiste ŌSUGI Sakae, ITŌ Noe quitta TSUJI en avril 1916.
OSUGI Sakae, qui prônait l’amour libre, fut blessé d’un coup de poignard en novembre de la même année, par sa maîtresse KAMICHIKA Ichiko, jalouse d’ITŌ Noe. C’est ce qu’on appela l’Affaire de Hayama, après laquelle, sans se soucier de l’opinion publique, ITŌ Noe vécut avec OSUGI toute sa vie et en eut quatre filles et un fils. La revue Seitō cessa de paraître et ITŌ Noe prit ses distances par rapport au mouvement féministe. Mais sous l’influence d’OSUGI Sakae, elle commença à militer dans le mouvement anarchiste dont il était le principal dirigeant, le secondant dans ses activités ; elle écrivit de nombreux articles parmi lesquels : « Kuropotokin no kenkyū » (Etude sur Kropotkine), « Kojiki no meiyo » (L’Honneur des mendiants), et publia la revue Bunmei hihyō (Critique de la civilisation). ITŌ Noe participa, d’autre part, avec YAMAKAWA Kikue et SAKAI Mae, à la formation de la Société des vagues rouges (Sekiran kai), groupe de femmes socialistes, organisé comme tel pour la première fois au Japon en 1921.
A l’occasion du malaise social provoqué par le Grand tremblement de terre du Kantō en septembre 1923, l’arme assassina de nombreux Coréens, des socialistes et des militants syndicalistes. ITŌ Noe fut emmenée, avec OSUGI Sakae et son neveu TACHIBANA Sōichi qui n’avait que six ans, au quartier général de la police militaire de Kōjimachi à Tōkyō, le 16 septembre ; ils y furent abattus par le capitaine AMAKASU et deux de ses hommes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237204, notice ITŌ Noe, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 31 mars 2021.

ŒUVRE : ITŌ Noe zenshū (Œuvres complètes d’ITŌ Noe), supplément des Œuvres complètes d’ŌSUGI Sakae, 1925. — ITŌ Noe zenshū (Œuvres complètes d’ITŌ Noe), en deux volumes, édités par Gakugei shoin, 1970.

SOURCES : Seitō (Bas-bleus), vol. I, no. 1 ; vol. VI, no. 2, édité par la Société des Bas­bleus, 1911-1916. — IWASAKI Kureo, Honoo no onna — ITŌ Noe den (Une Femme ardente — Vie d’ITŌ Noe), 1963.

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