BONNAFOUX Marcel, Fernand [pseudonyme dans la Résistance : Marceau]

Par Hélène Chaubin

Né le 29 mars 1910 à Anduze (Gard), tué au combat le 10 août 1944 au Vigan (Gard) ; peintre-décorateur à Nîmes (Gard) ; entré en résistance dès 1940 ; en clandestinité à partir de novembre 1942 ; membre du maquis de Lassalle (Gard) puis du maquis Aigoual-Cévennes.

Marceau, résistant cévenol.
Marceau, résistant cévenol.

Marcel Bonnafoux était le fil de Marie Bony et de Jules, Armand Bonnafoux. Son père était un employé de la société ferroviaire du PLM (Paris-Lyon-Marseille), sa mère était fileuse de soie. C’était un enfant naturel qui fut légitimé par le mariage de ses parents le 11 juillet 1912. Il vivait à Nîmes (Gard) où il épousa Renée, Marie, Madeleine Bousquet le 31 mars 1931. Il devint artisan : peintre et décorateur d’intérieur. Son atelier, situé rue Auguste Pellet prospéra. Le 12 octobre 1935 il se remaria au Teil( Ardèche) avec Germaine, Juliette Lamothe. La guerre civile espagnole l’amena à se préoccuper des problèmes politiques du temps et il se montra particulièrement sensible au sort des réfugiés espagnols. A leur arrivée massive en 1939, il organisa pour eux des collectes.
Il fut hostile au régime de Vichy dès ses débuts. Les premiers signes de sa volonté de résistance furent, comme pour beaucoup, l’écoute de la BBC, la distribution de tracts, l’écriture de graffiti et l’inscription de croix de Lorraine dans les espaces publics. Ce sont les mesures antisémites de 1940 et 1941 – les statuts des Juifs -, qui décidèrent Marcel Bonnafoux à adhérer à Combat ainsi qu’au Comité d’action socialiste.
Les mouvements de Résistance se structuraient quand intervint en novembre 1942 l’occupation de la zone Sud. Marcel Bonnafoux adopta comme pseudo « Marceau », du nom du général qui servit la Révolution française en Vendée et sur le Rhin et fut tué à 27 ans. Avec ses amis et des lycéens il organisa quelques actions d’intimidation contre la Légion qui soutenait le régime de Vichy, particulièrement contre les Légionnaires qui adhéraient au SOL (le Service d’Ordre Légionnaire). Avec l’instauration du STO, le Service Obligatoire du Travail, en février 1943, il s’engagea dans l’aide aux réfractaires. Il fallait les héberger, les ravitailler. Quand son ami René Rascalon créa un maquis à Aire-de-Côte, petite localité des Cévennes sur le flanc du mont Aigoual, Marceau en assura le ravitaillement depuis Nîmes. Mais il fut repéré par la police et les services allemands et dut lui aussi aller se réfugier dans les Cévennes en novembre 1943 au maquis de Lasalle (Gard). Son épouse Germaine assurait les liaisons.Le maquis fusionnaient : attaqué par les Allemands en juin 1943, le petit maquis d’Aire-de-Côte avait perdu sept hommes et une quarantaine de ses maquisards avaient été déportés en Allemagne. Les quelques rescapés avaient rejoint un autre maquis cévenol, et sous la conduite de René Rascalon ils avaient alors formè ensemble le maquis de Lasalle. On était là en plein pays camisard. Bien organisé, le maquis prit des contacts dans les gendarmeries les plus proches, procéda pour son ravitaillement par des réquisitions mais aussi par des accords avec les producteurs locaux. En janvier 1944, le maquis se dota d’un groupe franc dont fit partie Marcel Bonnafoux. Le 1er février 1944, les maquisards de Lasalle organisèrent un défilé militaire dans la localité avec un dépôt de gerbe au monument aux morts, en chantant la Marseillaise et « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ». Parmi les expéditions du corps franc, en mars 1944, il y eut la récupération de matériels du Chantier de Jeunesse de Lozère du Marquairès. Les attaques des Allemands de la 9ème Panzer étaient incessantes. Un maquis installé à Ardaillers (Gard) depuis novembre 1943 et dirigé par le pasteur Olivès fut chassé de la Soureilhade où il était installé ; ce maquis fusionna le 17 juillet 1944 avec le maquis de Lasalle pour former le maquis Aigoual-Cévennes qui allait devenir, avec plus de 2000 hommes, le plus important des maquis de la région en août 1944. A sa tête était placé un directoire formé du pasteur Olivès, de René Rascalon et de Marcel Bonnafoux, auquel, dans la Résistance, fut reconnu le grade de Commandant. Mais le 10 août 1944, lors d’une attaque contre la garnison allemande de Lasalle, Marcel Bonnafous fut tué. D’abord inhumé à l’Espérou, son corps fut ramené à Saumane (Gard) en octobre 1944 après la Libération.
Marcel Bonnafous a été reconnu « Mort pour la France ».
Il a reçu la Croix de guerre avec palme. Son nom figure sur des stèles du Gard à Saumane et au Vigan ainsi que sur le Monument aux morts de Nîmes.
Une place nîmoise porte son nom ainsi qu’une allée du parc des Cordeliers à Anduze.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237222, notice BONNAFOUX Marcel, Fernand [pseudonyme dans la Résistance : Marceau] par Hélène Chaubin, version mise en ligne le 3 février 2021, dernière modification le 29 octobre 2021.

Par Hélène Chaubin

Marceau, résistant cévenol.
Marceau, résistant cévenol.
Territoire du maquis Aigoual-Cévennes.
Territoire du maquis Aigoual-Cévennes.
Stèle dédiée à Marceau et placée sur le lieu de sa mort.
Stèle dédiée à Marceau et placée sur le lieu de sa mort.
Tombeau de Marceau
Tombeau de Marceau
épitaphe en hommage à Marceau.
épitaphe en hommage à Marceau.

SOURCES : Arch.dép.du Gard, 1 W 74, Menées antinationales 1941-1944. — ONAC, Dossiers CVR du Gard. — CDrom AERI , La Résistance dans le Gard, 2009. — Fabrice Sugier, "Marcel Bonnafoux", biographie, CDrom AERI Gard et biographie DBMOMS. — Aimé Vielzeuf, Marceau, éditions Lacour, Nîmes, 1993. — Raymond Huard, "Aimé Vielzeuf", biographie, DBMOS, 2010. — Midi Libre, "Marcel Bonnafoux", 10 novembre 2011. — Site internet : Résistancecévenole. — MemorialGenweb consulté en janvier 2021.

fiches auteur-e-s
Version imprimable