KAMINO Shin’ichi

Né le 3 janvier 1889 dans le département d’Ehime ; mort le 19 septembre 1933. Leader du mouvement ouvrier de tendance nationaliste ; président du Club japonais du travail Industriel.

Né dans le village d’Ōi, district d’Ochi, département d’Ehime, KAMINO Shin’ichi sortit de l’école primaire d’Ōi en 1903. Il fut embauché comme garçon de courses dans une usine de cotonnades, mais, désirant être mécanicien, il quitta cet emploi un mois plus tard et devint apprenti ouvrier, en mai de la même année, dans l’arsenal de la marine de Kure, département d’Hiroshima. En mars 1905, il travailla dans les chantiers navals Kawasaki de Kōbe, tout en fréquentant le cours complémentaire de l’Ecole technique de Minatogawa, dont il sortit diplômé de la section de dessin industriel et de fabrication de machines. Il entra, en 1907, à l’usine sidérurgique d’In-tchon en Corée et fut nommé contremaître en mai 1910. A la mort de son père en 1911, il retourna au Japon et reprit un emploi dans les chantiers navals Kawasaki ; il fut, en 1912, employé par la compagnie d’appareils électriques Siemens de Kōbe comme « foreman » (contremaître). KAMINO Shin’ichi se rendit ensuite à Sasebo en 1914 où il travailla dans l’arsenal de la marine ; devenu chef d’une équipe de cinq ouvriers l’année suivante, il fut promu contremaître en 1916. En avril 1918, entrant dans les chantiers navals d’Ishikawajima, il prit son huitième emploi, qu’il conservera cette fois jusqu’à sa mort. La même année, en septembre, il fut nommé contremaître.
Vers cette époque, KAMINO Shin’ichi forma, dans ces chantiers navals, la Société Keiseikai, cercle d’études d’ouvriers qui avait pour but, selon sa conception, d’étudier la technique de la construction navale et les problèmes idéologiques ; il assuma la présidence de cette société.
Après avoir été sélectionné, il fut envoyé, en mars 1920, en Suisse pour un séjour d’un an afin d’apprendre la technique de fabrication des turbines. Jusqu’à cette époque, il semble que KAMINO Shin’ichi ait été un homme de gauche, mais un an de séjour à l’étranger fit de lui un nationaliste. Rentré au Japon, il s’opposa au mouvement syndical et essaya de briser la grève des chantiers navals d’Ishikawajima, qui débuta en octobre 1921, en envoyant, par exemple, ses agents parmi les grévistes. Afin de contrarier les activités du syndicat de gauche, il organisa des ouvriers de ces chantiers navals et créa, en 1924, le groupe d’études Nogiko dont l’objectif était de se perfectionner en respectant l’esprit du général NOGI qui s’était suicidé en 1913 à la mort de l’empereur MEIJI. En décembre 1926, KAMINO Shin’ichi forma, autour de ce groupe Nogiko, le Syndicat des ouvriers qui « s’efforcent par eux­mêmes » (Jikyō rōdō kumiai) dont il devint président et qui était en fait au service du patronat des chantiers navals Ishikawajima.
Sous la direction de YASUOKA Masaatsu, savant de l’école confucéenne Yōmeigaku, dont il était disciple, KAMINO Shin’ichi fut l’initiateur du Mouvement ouvrier « japoniste » c’est-à-dire fondé sur les spécificités culturelles japonaises (Nihon shugi rōdō undō) qui était articulé autour des thèmes de l’« édification du pays par l’industrie » (Sangyō rikkoku) et de l’« association des patrons et des ouvriers » (Rōshi yūgō). Ce mouvement ouvrier « japoniste », qu’il s’efforça de propager dans d’autres entreprises, fraya le chemin au Mouvement patriotique industriel (Sangyō hōkoku undō) des années 1940 dont le centre fut l’Association patriotique industrielle (Sangyō hōkoku kai) et qui prêcha « l’union des patrons et des ouvriers » (Rōshi ittai) et « le dévouement au pays par l’industrie » (Sangyō hōkoku).
En 1929, KAMINO Shin’ichi fit partie de la Ligne de Busō (Busō renmei), association des syndicats des docks de Yokohama et d’Uraga ; il s’empara, peu après, de la direction de cette Ligue qui devint, l’année suivante, la Ligue japonaise du travail des chantiers navals (Nihon zōsen rōdō renmei). En qualité de représentant de cette Ligue japonaise du travail des chantiers navals, il fut nommé conseiller de la délégation ouvrière japonaise à la XIVe assemblée générale de l’Organisation internationale du Travail qui se tint en 1931.
L’année suivante, KAMINO Shin’ichi fit campagne pour la démolition des navires hors d’usage dans le cadre des mesures contre le chômage dans l’industrie navale. Il invita d’autres syndicats à se joindre à ce mouvement et forma l’Association pour une politique de lutte contre le chômage des ouvriers de l’industrie des métaux lourds (Jūkinzoku kō shitsugyō taisaku kyōgikai). Puis, en septembre de la même année 1932, il créa l’Association ouvrière pour la contribution à la défense du pays (Kokubō kenkin rōdō kyōkai) et déploya son activité dans le mouvement pour la fourniture d’avions militaires (Gun’yō ki kennō undō). Ensuite, le 29 avril 1933, jour de naissance de l’actuel empereur Showa, il prit l’initiative de la Fête patriotique du travail (Aikoku rōdō sai) pour contrecarrer la Fête du travail du 1er mai. En mai de la même année, il fonda le Club japonais du travail industriel (Nihon sangyō rōdō kurabu), organisation au niveau national des syndicats ouvriers "japonistes>> (Nihon shugi Rōdō kumiai), et il accéda à la présidence de ce club. Il mourut quatre mois plus tard, en septembre 1933.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237227, notice KAMINO Shin'ichi, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 7 avril 2021.

ŒUVRE : Nihon shugi rōdō undō no shinzui (L’essence du mouvement ouvrier japoniste), 1933.

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