KANNO Suga (Pseudonyme : Yūgetsu).

Née le 7 juin 1881 à Ōsaka (?) ; exécutée le 25 janvier 1911 après l’Affaire du complot de lèse majesté ; militante anarchiste.

KANNO Suga naquit, semble-t-il, à Ōsaka. Son père, ingénieur des mines, se déplaçait si fréquemment à l’intérieur du Japon que le lieu de naissance de Suga est incertain. Sa mère mourut en 1897, quand elle avait seize ans ; son père se remaria et la jeune fille ne s’entendit guère avec sa belle-mère. En septembre 1899, elle se maria à Tōkyō avec un certain KOMIYA qui était commerçant et dont elle divorça peu après. Désirant être écrivain, elle devint disciple de UDAGAWA Bunkai à Ōsaka et elle eut aussi, dans cette ville, des relations avec le cercle chrétien Kyōfūkai. En février 1906, recommandée par SAKAI Toshihiko, elle entra au journal Muro shinpō (Dépêche de Muro), publié par MŌRI Saïan demeurant à Tanabe dans le département de Wakayama, et fit la connaissance d’ARAHATA Kanson qui collaborait également à ce journal. A la fin du mois d’avril de la même année, elle quitta son emploi et se rendit à Tōkyō où elle devint journaliste au Mainichi denpō, puis, en décembre, elle se mit en ménage avec ARAHATA Kanson qui était plus jeune qu’elle. Vers cette époque, elle fut atteinte de tuberculose pulmonaire et eut à suivre de nombreux traitements.
Arrêtée au cours de l’Affaire du drapeau rouge (Akahata jiken) du 22 juin 1908, elle fut accusée mais acquittée ; KANNO Suga devint socialiste sous l’influence d’ARAHATA Kanson, mais l’Affaire du drapeau rouge lui fit connaître la violence des autorités policières et, par défi, elle déclara en salle d’audience qu’elle était anarchiste. ARAHATA Kanson, pour sa part, fut reconnu coupable dans cette affaire et incarcéré dans la prison de Chiba ; ainsi prirent fin les relations entre KANNO Suga et ce dernier. Après son acquittement, KANNO Suga se rapprocha de KŌTOKU Shūsui et ils finirent par vivre ensemble après que KŌTOKU eût divorcé.
En 1909, KANNO et KŌTOKU publièrent les deux premiers numéros de la revue Jiyū shisō (Pensée libertaire) qui furent interdits et une lourde amende de cent quarante yen pour le numéro un et de quatre cents yen pour le numéro deux fut infligée à KANNO Suga, directrice de cette revue. Comme elle ne put acquitter l’amende de quatre cents yen, elle fut envoyée au bagne le 18 mai 1910. Le 31 mai de la même année, KANNO fut accusée du crime de lèse-majesté, avec KŌTOKU Shūsui, NIIMURA Tadao, MIYASHITA Takichi, FURUKAWA Rikisaku et d’autres, et l’instruction fut ouverte. MIYASHITA, qui avait rendu visite à KŌTOKU en février et en juin 1909, lui avait révélé son intention d’assassiner l’Empereur ; KANNO Suga avait fait savoir à MIYASHITA Takichi qu’elle adhérait à ce projet avec enthousiasme et avait fait entrer NIIMURA et FURUKAWA dans le groupe. KANNO Suga, prenant modèle sur Sophia Petrovskaya, aurait dû donner le signal du lancement de la bombe sur l’empereur Meiji. KANNO Suga fut condamnée à la peine de mort le 18 janvier 1911 et exécutée le 25 du même mois.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237240, notice KANNO Suga (Pseudonyme : Yūgetsu)., version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 9 avril 2021.

SOURCES : SEKIYAMA Naotarō, « Wakayamaken ni okeru shoki shakaishugi undō no issetsu » (Un chapitre du mouvement socialiste naissant dans le département de Wakayama), in Keizai riron (Théorie de l’économie) nos 49 et 50,1959. — ARAHATA Kanson, Kanson jiden (Autobiographie de Kanson), 1er tome, 1950. — SHIOTA Shōbëi et WATANABE Junzō, Hiroku taigyaku jiken (Documents secrets sur le Complot de lèse-majesté), 1959. — ITOYA Toshio, KANNO Suga (KANNO Suga), 1970. — KANZAKI Kiyoshi, Kakumei denselsu (Légendes sur la révolution), en quatre volumes, 1960-1969. — Gokuchū shuki (Mémoires de prison) écrits de KANNO édités par KANZAKI Kiyoshi, 1950. — Taigyaku jiken arubamu (Album de l’Affaire du Complot de lèse-majesté), édité par le comité de rédaction des œuvres complètes de KŌTOKU Shūsui, 1972.

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