Né le 25 février dans le département d’Aichi. Dirigeant syndical ; un des fondateurs du Parti socialiste japonais ; député dès 1936 ; ministre du Travail dans le cabinet Ashida en 1948.
Né à Iwakura dans le district de Niwa, département d’Aichi, KATŌ Kanjū sortit de l’école primaire en 1902 et travailla comme apprenti dans un magasin d’étoffes à Nagoya pendant trois ans ; cependant, désireux de continuer ses études, il s’enfuit à Tōkyō où il fréquenta l’École de langue anglaise Seisoku ainsi que le collège secondaire Nihon, tout en gagnant sa vie comme vendeur de cigarettes, de journaux et comme livreur de lait. Il dut retourner dans son village natal pour des raisons familiales et n’ayant pu suivre les cours régulièrement, il n’obtint pas de diplôme. En 1912, il passa le conseil de révision, fut déclaré apte et resta sous les drapeaux pendant deux ans. Après sa démobilisation, afin de préparer le concours pour le titre d’avocat, KATŌ Kanjū suivit, tout en travaillant, les cours du soir de l’Université Nihon ; il y participa au Cercle d’art oratoire (Yūbenkai) dont il fut membre de l’exécutif et milita également dans le mouvement pour le suffrage universel ; entre-temps, il avait fait la connaissance de HASHIMOTO Tetsuma et d’ASAHARA Kenzō.
Peu avant de terminer ses études supérieures, il fut à nouveau mobilisé en 1918, lors de l’expédition de l’armée japonaise en Sibérie, et travailla à l’hôpital d’évacuation de Nagoya. C’est à partir de cette époque, semble-t-il, que KATŌ Kanjū devint antimilitariste. Démobilisé sept mois plus tard, décidant de ne pas retourner à l’université, il assuma le poste de rédacteur en chef de Rōdō sekai (Le Monde ouvrier) sur l’invitation de HASHIMOTO Tetsuma qui en était directeur ; cette revue devint, sous l’impulsion de KATŌ Kanjū, le centre d’animation d’un club actif de militants ouvriers ; KATŌ soutint plusieurs grèves et apporta son appui à la formation d’organisations ouvrières comme le Syndicat des typographes de presse, Kakushinkai (Société des progressistes révolutionnaires) dont il fut conseiller. En été 1918, la Kakushinkai organisa une grève générale dans seize journaux quotidiens de Tōkyō : ce fut la première grève que KATŌ Kanjū, futur « homme des grèves » dirigea, mais elle échoua totalement. A la suite de cette lutte, il fut invité à entrer comme journaliste au Mainichi shimbun (Journal Mainichi) de Tōkyō, qui était alors populaire parmi les ouvriers ; il y fit la connaissance de HIRASAWA Keishichi et de YAMAGUCHI Koken, vieux militant socialiste de l’époque Meiji, qui exerça sur lui une grande influence. En février 1920, remplaçant ASAHARA Kenzō, son ancien camarade qui avait été arrêté, KATŌ Kanjū prit la direction de la grève de l’usine sidérurgique de Yawata au cours de laquelle il fut arrêté, accusé du crime de sédition et détenu en prison pendant quatre mois avant de passer en jugement. Son nom fut subitement connu du pays entier et il entra en rapports avec nombre de socialistes et de militants du mouvement ouvrier ; lors de la formation de la Fédération socialiste du Japon (Nihon shakaishugi dōmei) en décembre 1920, KATŌ Kanjū figura sur la liste des fondateurs : un des facteurs de la création de cette Fédération fut, dit-on, la célébration de sa libération.
Auparavant, en septembre de la même année, il avait pris part à la formation de l’Union générale pan-japonaise des mineurs (Zennihon kōfu sorengōkai), et il déploya dès lors son activité principalement dans les mines : on le vit immanquablement à la tête des grévistes dans les mines de Yūbari, Ashio, Ani, Besshi, Osarizawa entre autres. Il attachait d’autre part, beaucoup d’importance aux enquêtes et organisa des sections spécialisées dans les syndicats pour entreprendre des investigations sur la silicose et la vie des ouvriers. II convient de noter ici que les fonds destinés à financer ces activités furent versés par ISHIMOTO Keikichi, dont la femme Shizue deviendra plus tard l’épouse de KATŌ Kanjū.
En 1923, immédiatement après le Grand tremblement de terre du Kantō, KATŌ Kanjū succéda à MATSUOKA Komakichi comme secrétaire général provisoire de la Fédération générale du travail (Sōdōmei), dont il devint officiellement secrétaire général et responsable de la trésorerie lors du congrès de l’année suivante. Sous la direction de KATŌ Kanjū, des syndicats de tendance de gauche, comme par exemple, le Syndicat unifié de l’Est de Tōkyō (Tōkyō tōbu gōdō) dirigé par WATANABE Masanosuke, purent faire partie de la Sōdōmei, mais il en résulta aussitôt une opposition violente entre aile gauche et aile droite de cette fédération ; KATŌ Kanjū tenta vainement d’y remédier en adoptant une position neutre et donna sa démission à la fin de décembre 1924 du poste de secrétaire général. Fuyant ces conflits, il se rendit à Kosaka dans le département d’Akita où il dirigea pendant trois mois le mouvement paysan de lutte contre les fumées des mines de Kosaka.
En avril 1925, il devint secrétaire général de l’Union générale pan-japonaise des mineurs (Zennihon kōfu sōrengōkai), poste qu’il occupa jusqu’en août 1928. KATŌ Kanjū avait par ailleurs participé à la création en décembre 1926 du Parti ouvriers-paysans japonais (Nihon rōnō tō) et, jusqu’en 1930, de concert avec ASŌ Hisashi, il exerça des fonctions de responsable dans les partis politiques successeurs de cette lignée comme par exemple celles de membre de l’exécutif du Comité central ou de directeur de section chargée des relations avec le parlement. Il fut en même temps membre de l’exécutif du Comité central et chef de la section d’organisation de la Fédération des syndicats ouvriers japonais (Nihon rōdō kumiai dōmei) qui avait été créée également en décembre 1926.
Aux premières élections générales au suffrage universel en 1928, il fut candidat, sans succès, dans la cinquième circonscription de Tōkyō. A partir de cette époque, le centre de ses activités se déplaça peu à peu vers les villes ; en 1930, il assuma la présidence du Syndicat ouvrier de l’industrie métallurgique du Kantō (Kantō kinzoku sangyō rōdō kumiai). Lorsque la Fédération des syndicats ouvriers nationaux (Zenrō ou Zenkoku rōdō kumiai dōmei) s’affilia en juillet 1931 au Club japonais du travail (Nihon rōdō kurabu), de tendance anticommuniste, KATŌ organisa à l’intérieur de la Zenrō la Ligue contre le Club (Haidō ou Zenrō kurabu haigeki tōsō dōmei) et développa ce mouvement d’opposition, mais, ayant échoué, il fut exclu de la Fédération des syndicats nationaux (Zenrō). Ayant pris ses distances avec le « centre », il dirigea la lutte contre le fascisme avec SUZUKI Mosaburō et TAKANO Minoru dans le cadre de la gauche légale. En mars 1933, il constitua le Congrès national unifié de la Zenrō (Zenrō zenkoku tōitsu kaigi) et devint président de son Comité national, puis, réunissant d’autres syndicats de gauche, il fonda le Congrès des syndicats ouvriers du Kantō (Kantō rōdō kumai kaigi) qu’il réorganisa en novembre de l’année suivante en Conseil national des syndicats ouvriers du Japon (Zempyō ou Nihon rōdō kumiai zenkoku hyōgikai) dont il assuma la présidence.
Invité par Harry Bridges, KATŌ Kanjū se rendit en avril 1935 aux États-Unis où, pendant près de trois mois, il donna quarante-cinq conférences et participa à quarante-trois entretiens afin d’en appeler à l’opinion publique américaine pour lutter contre la guerre et contre le fascisme. Entre-temps, il avait également rencontré NŌSAKA Sanzō délégué japonais du Comintern, avec lequel il avait échangé des informations.
Aux élections législatives de l’année suivante en 1936, KATŌ Kanjū fut élu avec 53 714 voix, soit le plus grand nombre de suffrages obtenus par un candidat au cours de ces élections ; son frère aîné Chūichi, candidat du Parti de la politique populaire (Minsei tō), ayant été élu lui aussi, ils devinrent célèbres comme les « frères députés ». Ce fut l’Association des organisations prolétariennes ouvriers-paysans, (Rōnō musan dantai kyōgikai), animée par l’Association nationale des syndicats ouvriers japonais (Zenkyō ou Nihon rōdō kumiai zenkoku kyōgikai), qui soutint KATŌ Kanjū lors de ces élections. Cette association, dont il était président, proposa une alliance au Parti socialiste populaire (Shakai taishū tō) pour former un front populaire, mais ayant essuyé un refus, elle se réorganisa pour devenir en mars 1937 le Parti prolétarien japonais (Nihon musan tō) dont KATŌ Kanjū assuma la présidence.
Au cours du même mois de mars 1937, KATŌ, candidat du Parti prolétarien japonais dans l’arrondissement de Meguro, fut élu conseiller municipal de Tōkyō, puis, aux élections législatives du mois suivant, il fut réélu député de la Chambre des représentants. En décembre de cette année, il voyagea en Chine pour encourager l’armée impériale japonaise, en tant que membre d’un groupe parlementaire, mais, à peine rentré au Japon, il fut arrêté au cours de ce qu’on appelle l’Affaire du Front populaire pour contravention à la Loi sur le maintien de l’ordre et passa deux ans en prison avant d’être jugé. Condamné en première instance à quatre ans et demi de travaux forcés, il fit appel devant la Cour suprême, et pendant que celle-ci procédait à l’examen de son cas, survint la fin de la guerre. Entre-temps, KATŌ Kanjū s’était marié en 1944 avec ISHIMOTO Shizue qui l’avait soutenu depuis longtemps. Après la guerre, il participa à la formation du Parti socialiste japonais (Nihon shakai tō), devint membre permanent de l’exécutif de son comité central et assuma la direction de la section de liaison avec les travailleurs. Comme SUZUKI Mosaburō, KATŌ Kanjū fut au centre de l’aile gauche du parti et accorda son appui à la création d’un front uni de la gauche ; à l’époque de la grève générale du 1er février 1947, il organisa régulièrement des réunions de liaison avec le Parti communiste. Il milita également à la tête des mouvements populaires et présida, par exemple, la grande réunion nationale pour le renversement du cabinet YOSHIDA. D’autre part, estimé pour sa carrière passée, il entretint d’étroites relations avec les forces d’occupation américaines, étant aidé par sa femme Shizue qui servait d’interprète, et put exercer dans une certaine mesure son influence sur les décisions du quartier général américain concernant la politique du travail. Auparavant, aux élections générales d’avril 1946, il avait été élu député socialiste dans la première circonscription du département d’Aichi ; sa femme avait été élue en même temps et ils siégèrent ensemble à la Chambre des représentants. Dès lors, jusqu’à son retrait du monde politique, KATŌ détiendra neuf mandats de député, soit onze mandats au total depuis l’avant-guerre.
En mai 1947, au cours d’une conférence de presse, avec SUZUKI Mosaburō, il annonça à un groupe de journalistes étrangers la rupture des relations du Parti socialiste avec le Parti communiste en révision de la ligne commune qu’ils avaient adoptée. En mars de l’année suivante, en dépit des objections de SUZUKI entre autres, KATŌ accepta le portefeuille de ministre du Travail dans le cabinet ASHIDA ; il essaya en en vain de freiner à l’intérieur du gouvernement le processus de dégradation de la législation du travail, et c’est contraint par une ordonnance du général MacArthur, commandant en chef des forces d’occupation américaines qu’il dut proclamer le décret gouvernemental no 201 qui stipulait la restriction des droits fondamentaux du travail des fonctionnaires.
Lors de la scission en automne 1951 du Parti socialiste provoquée par des désaccords au sujet du traité de paix, KATŌ Kanjū qui était favorable à la signature de ce traité, se joignit au Parti socialiste de droite (Uha shakai tō), où il occupa le poste de directeur de la section d’organisation, puis de la section d’éducation et d’informations ; il assuma ensuite la présidence de la commission de contrôle et de la commission pour la défense de la Constitution.
En 1969, il se retira du premier plan de la scène politique en raison de son âge avancé. Il est actuellement conseiller du Parti socialiste japonais (1972).
ŒUVRE : Kaikyūsen no sentō wo iku (A la tête de la lutte des classes), 1928. — Sutoraiki senjutsu (La stratégie de la grève), 1931. — Tenkanki no Amerika (Les États-Unis, à leur tournant), 1936. — Jijoden (Autobiographie), 1963.
SURCES : publié sous la· direction de NAKAMURA Takehide, ITŌ Takashi et HARA Akira, Gendaishi wo tsukuru hitobito (Ceux qui font l’histoire contemporaine), tome III, 1971.