Né le 18 juillet 1902 dans le département de Nagano ; mort le 4 septembre 1923 à Kameido. Premier président de la Fédération des jeunesses communistes japonaises (Nihon kyōsan seinen dōmei) ; l’une des victimes de l’Affaire de Kameido.
Fils d’un paysan pauvre, KAWAI Yoshitora naquit au village de Nishi-shioda, dans le district de Chiisagata, département de Nagano. Son père abandonna bientôt l’agriculture pour la mine. Il travailla en particulier dans les houillères d’Osarizawa (département d’Akita) et les mines de cuivre d’Ashio (département de Tochigi), d’où il fut renvoyé en raison de sa participation aux violents incidents de 1907. Il alla alors travailler successivement aux houillères de Tsubaki (département d’Akita), puis à celles de Hitachi (département d’Ibaragi). C’est à Hitachi que Yoshitora obtint son diplôme d’études primaires. En 1918, il entra comme apprenti tourneur dans une usine métallurgique dépendant des houillères de Hitachi. C’est alors qu’il fit la connaissance de SŌMA Ichirō, KITAJIMA Kichizō et TANNO Setsu, qui mirent sur pied la section de Hitachi de la Société fraternelle (Yūai kai). La venue aux mines de Hitachi de SUZUKI Bunji, ASŌ Hisashi et TANAHASHI Kotora lui fit une profonde impression et renforça son intérêt pour le mouvement ouvrier. Il décida donc d’adhérer à la section de Hitachi. La fin du mois de novembre vit le renvoi d’un grand nombre d’ouvriers affiliés à cette formation. KAWAI Yoshitora prit alors la ferme résolution de consacrer toutes sesforces au mouvement ouvrier. Alors qu’il était à Tōkyō en septembre 1920, il alla rendre visite à OKA Yōnosuke, son ancien professeur de l’école primaire de Hitachi, par l’entremise duquel il lui fut possible d’adhérer à la Société des hommes de l’aube (Gyōmin kai). Il suivit également les cours du soir de l’Université Nihon, tout en gagnant sa vie comme employé de bureau et comme ouvrier d’usine. Arrêté le 10 décembre 1920, alors qu’il s’était rendu au congrès constitutif de la Fédération socialiste du Japon (Nihon shakaishugi dōmei), il fut condamné à trois mois de prison et purgea sa peine à la prison de Sugamo (Tōkyō). Relâché en avril de l’année suivante, il trouva asile chez un anarchiste d’Osukayama, à Oji, NAKANOMIO Kōriki. Il fit bientôt venir de Hitachi sa mère et sa sœur cadette, et tous allèrent habiter à Kameido, dans le district de Minami-katsushika. KAWAI Yoshitora put assurer leur existence en travaillant à l’usine de bicyclettes Teikoku, située a Azuma-chō dans l’arrondissement de Mukōijima, ainsi qn’à l’atelier de constructions électriques Nozawa à Komatsugawa. Après avoir adhéré au Parti communiste japonais (Nihon kyōsan tō) dès la fondation de ce dernier en juillet 1922, KAWAI Yoshitora organisa en décembre, avec la collaboration de WATANABE Masanosuke, l’Association des ouvriers de Minami-katsushika (Minami-katsushika rōdō kyōkai). Lors du congrès du 28 avril 1923, KAWAI Yoshitora fut élu secrétaire général de cette organisation, qui avait été entre-temps rebaptisée Société des ouvriers de Minami-katsushika (Minami-katsushika rōdō kai). C’est en cette qualité qu’il fut en contact avec les grévistes des aciéries Oshima, de la Compagnie des chemins de fer ainsi que de l’usine de sauce de soja Nada. Le même mois fut constituée la Fédération des Jeunesses communistes japonaises (Nihon kyōsan seinen dōmei), dont KAWAI Yoshitora fut élu président. Il fut également choisi, avec NŌSAKA Sanzō, comme rédacteur de la revue Rōdō kumiai (Syndicats ouvriers), fondée en juin 1923, l’organe du groupe Left qui cherchait à constituer une organisation syndicale et à l’affilier au Profintern. C’est alors qu’il travaillait à la rédaction du quatrième numéro, dans les locaux de la revue Rōdō kumiai, situés à Shinbori dans l’arrondissement de Azabu, qu’il fut surpris par le Grand trembleroent de terre du Kantō (1er septembre 1923). Il revint en hâte vers sa maison de Kameido (il logeait alors au bureau de la Société des ouvriers de Minami-katsushika), mais, en chemin, il secourut trois enfants rescapés d’une maison effondrée et les emmena sur la colline d’Ueno où ils passèrent la nuit. Ce n’est que le 2 qu’il put rentrer chez lui. Le lendemain, à 10 heures du soir, la police l’arrêta alors qu’il sortait de chez lui pour prendre son tour de garde. Emmené au commissariat de Kameido, KAWAI Yoshitora y fut tué le 4 par des soldats du régiment de cavalerie de Narashino.
SOURCES : Kameido jiken no kiroku (Documents sur l’Affaire de Kameido), rédigé par le comité pour l’érection d’un mémorial aux victimes de l’Affaire de Kameido, 1971. — TSUKADA Taigan, Kyōsan seinen dōmei no rekishi (Histoire de la Fédération des jeunesses communistes), 1968. — GŌDŌI Tomoe et MAKISE Kikue, TANNO Setsu (Biographie de TANNO Setsu), 1969.