KAWAKAMI Hajime (pseudonymes littéraires : Bai’in, Fūgetsu)

Né le 20 octobre 1879 dans le département de Yamaguchi ; mort le 30 janvier 1946. Économiste marxiste ; militant communiste.

KAWAKAMI Hajime naquit au lieu-dit Sanpaku, dans le village de Nishikimi (aujourd’hui sur la commune d’Iwakuni), département de Yamaguchi. Son père, KAWAKAMI Sunao, était le chef du village. Sa mère se nommait Tazu. Hajime étudia d’abord à l’école primaire d’Iwakuni, puis entra en 1888 à l’école d’Iwakuni, dirigée par l’association éducatrice de Bōchō. Il y édita lui-même un petit bulletin, Kaihō (Rapport) et écrivit à l’âge de douze ans un « essai sur l’industrie japonaise » qui laissait présager ses futures activités de polémiste. KAWAKAMI Hajime entra ensuite, en 1893, à l’école supérieure de Yamaguchi. Il s’y intéressa à la littérature et composa des poèmes sous les pseudonymes littéraires de Bai’in et Fūgetsu. Admis en 1898 à l’Université impériale de Tōkyō, il s’intéressa cependant au droit. Il suivit les conférences de KINOSHITA Shōkō, UCHIMURA Kanzō, TANAKA Shōzō et ABE Isoo. En novembre 1911, KAWAKAMI Hajime fut tant impressionné par une conférence au bénéfice de la région polluée d’Ashio, qu’il fit don de tous ses vêtements à l’exception de ceux qu’il portait sur lui. Le Mainichi shimbun (Journal Mainichi) parla de lui à cette occasion, le surnommant « l’étudiant généreux ». KAWAKAMI fut diplômé de droit de l’Université de Tōkyō en juillet 1902. Il voulut se consacrer au journalisme sans y parvenir. En janvier 1903, il entra donc comme lecteur au Collège d’agronomie de l’Université de Tōkyō, au Gakushūin (collège réservé à la noblesse), à l’école préparatoire et à l’école professionnelle de l’Association des Chinois de Taiwan. En novembre 1902, KAWAKAMI Hajime épousa dans son village natal ŌTSUKA Hide, qui lui donna l’année suivante un fils, Masao. A partir d’octobre, sous le nom de plume du « Maître du pavillon des ondes infinies de la montagne Senzan », il publia dans le Yomiuri shimbun (Journal Yomiuri) une série d’articles intitulée « Critique du socialisme ». Il s’y attaquait aux socialistes, ainsi qu’aux membres du Groupe d’études sur la politique sociale (Shakai seisaku gakkai). Ces articles contribuèrent à augmenter la diffusion du Yomiuri shimbun et permirent à leur auteur de développer un socialisme humaniste original. Mais en décembre 1905, KAWAKAMI Hajime cessa soudainement d’écrire, démissionna de tous ses postes d’enseignant et entra au Muga-en (Le Jardin du renoncement à Soi) d’ITŌ Shōshin, où il prôna un altruisme inconditionnel. Mais il s’assigna bientôt des objectifs plus vastes. Aussi abandonna-t-il le groupe du Muga-en en février 1906 pour redevenir journaliste au Yomiuri shimbun. En janvier de cette année-là naquit sa fille aînée Shizu. Après avoir quitté le Yomiuri shimbun, KAWAKAMI fonda (1907) la revue Nihon keizai zasshi (Revue économique japonaise), dans le but de faire pièce au Tōkyō keizai zasshi (Revue économique de Tōkyō) de TAGUCHI Ukichi. Il commença dès lors ses recherches sur l’économie marxiste. Invité à entrer comme lecteur à l’Université impériale de Kyōto en août 1908, il se rendit dans cette ville avec sa famille et abandonna sa revue pour se consacrer à ses études. KAWAKAMI Hajime fut promu professeur assistant en juillet 1909. En juillet 1912 naquit sa deuxième fille, Yoshi, qui devait plus tard participer avec lui à l’action clandestine communiste. Envoyé comme boursier en Europe, en septembre 1913, il effectua une tournée d’études en Belgique, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne avant et après le début des hostilités. Il envoya ses articles au journal Ōsaka Asahi shimbun (Journal Asahi d’Ōsaka). KAWAKAMI obtint son doctorat de droit en octobre 1914 et revint au Japon, où l’attendait un poste de professeur, dès février 1915. De septembre à décembre 1916, il publia dans l’Ōsaka Asahi shimbun, Binbō monogatari (Histoire d’un pauvre). La même année, KUSHIDA Tamizō critiqua le « point de vue économique bourgeois » de KAWAKAMI. Ce dernier commença alors à se tourner vers l’économie socialiste et, en janvier 1919, fonda sa revue Shakai mondai kenkyū (Recherches sur les problèmes sociaux), qui devait paraître jusqu’en octobre 1930. Approfondissant sa connaissance du marxisme, KAWAKAMI Hajime affermit progressivement sa position matérialiste en entamant une controverse avec SAKAI Toshihiko, KUSHIDA Tamizō et FUKUMOTO Kazuo. En janvier 1926, son domicile fut l’objet de perquisitions en raison de l’Affaire dite « de l’union des étudiants de Kyōto ». Au lendemain de cette affaire se posa à nouveau le problème de l’installation d’un directeur d’études au centre de recherches sur les sciences sociales de l’Université de Kyōto. A la demande d’ARAKI Inzaburo, président de l’Université, KAWAKAMI Hajime accepta ce poste. En septembre de la même année, la maladie emporta son fils aîné Masao. En octobre 1927, KAWAKAMI supervisa avec ŌYAMA Ikuo Marukusushugi kōza (Conférences sur le marxisme), publié par la Société de critique politique (Seiji bihan sha). Certaines petites phrases insérées dans les brochures diffusées par souscription attirèrent l’attention du Sumitsuin (conseil privé de l’Empereur). Le ministre de l’Education, MIZUNO, insista auprès du président de l’Université de Kyōto, ARAKI, pour obtenir de KAWAKAMl Hajime qu’elles soient supprimées, mais ce dernier opposa un refus catégorique. A la fin du mois de novembre, KAWAKAMI se rendit à Tōkyō pour y participer à une causerie sous le patronage du comité d’édition des Conférences sur le marxisme. Un ordre d’annulation officiel empêcha cependant que la causerie ait lieu. Lors des premières élections au suffrage universel, en février 1928, KAWAKAMI Hajime apporta son soutien à ŌYAMA Ikuo, candidat indépendant dans le département de Kagawa : KAWAKAMI participait ainsi pour la première fois à une action militante. Au lendemain des élections, l’Affaire du 15 mars (répression du Parti communiste) entraîna des répercussions jusque dans l’Université de Kyōto. En raison des activités antérieures de KAWAKAMI, le président ARAKI lui donna l’ordre de démissionner de l’Université, ce qu’il fit en avril, par respect pour la décision du conseil des professeurs. Il se cantonna alors dans son bureau pour approfondir ses recherches sur Le Capital, et écrivit Shihon ron nyūmon (Introduction au Capital), ainsi que Keizaigaku taikō (Précis d’économie) et autres ouvrages, puis publia dans la revue Kaizō (Reconstruction), d’avril 1929 à juin 1930, Dai ni binbō monogatari (La Deuxième histoire d’un pauvre). En décembre 1928, KAWAKAMI participa au congrès pour la constitution d’un parti nouveau, dont le but était de faire renaître le Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmin tō ou Rōnō tō ), ce qui lui valut sa première arrestation. En novembre 1929, il contribua à la création du Parti ouvriers-paysans (Rōnō tō) d’ŌYAMA Ikuo et HOSOSAKO Kanemitsu. En janvier de l’année suivante, il alla habiter Tōkyō pour prendre part à la rédaction de l’organe du nouveau parti. En février, sur décision du Parti, KAWAKAMI Hajime se présenta aux deuxièmes élections au suffrage universel dans la première circonscription de Kyōto. Il échoua. Se rendant alors compte que le Parti communiste (Kyōsan tō) constituait par son existence même une négation du Parti ouvriers-paysans (Rōnō tō), KAWAKAMI lança avec HOSOSAKO Kanemitsu et KOIWAI Kiyoshi un mouvement pour la dissolution de ce dernier, mouvement qui aboutit au mois d’octobre de la même année. En juin 1932, KAWAKAMI Hajime se vit confier par le Parti communiste (Kyōsan tō), et ce par l’entremise de son beau-frère, ŌTSUKA Yūshō, la traduction des « Thèses de 1932 ». Après avoir mené cette tâche à bien, il adhéra en août au Parti communiste, mais fut arrêté dès janvier 1933. Lors de son premier procès, en juillet, il refusa le conseil du parquet de se renier. En prison, il écrivit Gokuchū dokugo (Monologue dans ma cellule), dans lequel il déclarait renoncer à l’action militante. Condamné en août, lors du deuxième procès, à cinq années de prison ferme, KAWAKAMI Hajime fut incarcéré à la prison de Kosuge, et fut libéré en juin 1937, grâce à l’amnistie proclamée à l’occasion de l’anniversaire du prince héritièr. A sa sortie de prison, il écrivit Gokuchū seigo (Réflexions dans ma cellule) afin d’expliquer ce sur quoi, dans ses recherches comme dans sa pensée personnelle, il n’aurait su revenir. Se cantonnant de nouveau dans son bureau, il commença à rédiger Jijoden (Autobiographie) en janvier 1943 et, en avril, revint s’installer à Kyōto. A partir de janvier 1945, souffrant de malnutrition, il dut rester alité. Au lendemain de la défaite, en janvier 1946, KAWAKAMI Hajime publia un dernier poème, Dōshi NOSAKA wo mukahete (Accueil au camarade NOSAKA), avant d’être emporté par une pneumonie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237263, notice KAWAKAMI Hajime (pseudonymes littéraires : Bai'in, Fūgetsu), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 14 avril 2021.

ŒUVRE : KAWAKAMI Hajime chosaku shū (Recueil des œuvres de KAWAKAMI Hajime), 12 vol., 1964-1965.

SOURCES : HORIE Yūichi, Kaisō no KAWAKAMI Hajime (Souvenirs sur KAWAKAMI Hajime), 1948. — Jūgaku Bunshō, KAWAKAMI Hajime hakushi no koto (Sur le professeur KAWAKAMI Hajime), 1948. — SUMITANI Etsuji, Shisōshiteki ni mitaru KAWAKAMI Hajime hakushi (KAWAKAMI Hajime vu sous l’angle de l’histoire de la pensée), 1948. — SAKUTA Shōichi, Jūdai na hito KAWAKAMI Hajime (KAWAKAMI Hajime, homme de son époque), 1949. — MATSUMOTO Jin, KAWAKAMI Hajime no uta ta shōgai (L’Œuvre poétique et la vie de KAWAKAMI Hajime), 1949. — FURUTA Hikaru, KAWAKAMI Hajime, 1959. — SUMITANI Etsuji, KAWAKAMI Hajime, 1962. — Ō UCHI Hyōei, KAWAKAMI Hajime, 1966. - AMANO Keitarô, KAWAKAMI Hajime hakushi bunlcen shi (Documents relatifs au professeur KAWAKAMI Hajime), 1956. — KAWAKAMI Hide, Rusu nikki (Journal d’un absent), 1967.

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