Né le 13 octobre 1903 dans le département d’Akita ; mort sous la torture le 20 février 1933. Écrivain révolutionnaire. Militant communiste.
KOBAYASHI Takiji est né dans une famille de propriétaires fonciers (jinushi) qui habitait un village de la région d’Odate dans le nord du département d’Akita. Son grand-père possédait une auberge florissante, mais les affaires de son oncle paternel KOBAYASHI Keigi ayant périclité, quand KOBAYASHI Takiji naquit, ses parents étaient devenus des paysans pauvres en raison de la solidarité économique de rigueur dans le système familial japonais, surtout à cette époque.
En 1907, toute la famille suivit KOBAYASHI Keigi dans l’île de Hokkaidō. KOBAYASHI Takiji entra au lycée commercial d’Otaru, en avril 1916, avec le soutien matériel de son oncle chez lequel il s’installa et, tout en étudiant, il travailla dans l’entreprise familiale comme aide-boulanger. Très vite, il commença à peindre des aquarelles qui firent même l’objet d’une exposition, mais en septembre 1920, son oncle lui interdit de peindre. Quelques mois plus tard, KOBAYASHI Takiji passa du lycée à l’École supérieure de commerce d’Otaru. Il recevait toujours l’aide matérielle de son oncle, mais habitait à nouveau chez ses parents. Comme il lui était interdit de peindre, il se tourna vers la littérature et il commença à écrire des nouvelles pour les journaux.
Diplômé de l’École supérieure de commerce en mars 1924, KOBAYASHI Takiji trouva un poste à la banque Takushoku de Hokkaidō ; il ne s’était pas passé un mois qu’il créait avec d’autres écrivains la revue Kurarute (Clarté), dans le but de raviver à Otaru l’enthousiasme littéraire que la revue Tanemaku hito (Le Semeur) avait suscité mais qui s’était éteint. L’été de la même année, son père mourait. En octobre, il rencontra TAGUCHI Taki, une jeune femme qui était dans une situation difficile et à qui il vint en secours pour finalement, en avril 1925, la prendre chez lui. Mais TAGUCHI Taki, soucieuse de son indépendance, s’en alla en novembre. Cette année-là, KOBAYASHI Takiji lut un recueil de nouvelles de HAYAMA Kajū, intitulé Inbaifu (Les prostituées), qui le marqua profondément. Puis il commença peu à peu à lire des ouvrages marxistes.
Lors du mouvement des petits fermiers (kosaku) de Isono, en mars et avril 1927, KOBAYASHI Takiji fournit des informations concernant le propriétaire foncier aux dirigeants de la lutte qui les lui avaient demandées. Puis, en juin et en juillet, il soutint la grève des dockers d’Otaru. Le même été, il rejoignit la Ligue des artistes ouvriers et paysans (Rōgei ou Rōnōgeijutsuka renmei) et, en automne, la Fédération des artistes d’avant-garde (Zen’ei ou Zen’ei geijutsuka dōmei).
KOBAYASHI Takiji’ apporta son soutien actif en qualité d’orateur à la campagne électorale de YAMAMOTO Kenzō, qui se présenta comme candidat du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmin tō) lors des premières élections générales au suffrage universel, en février 1928. Trois mois plus tard, il organisa à Otaru une branche locale de la Ligue pan-japonaise de l’art prolétarien (N.A.P.F. ou Zen nihon musansha geijutsu renmei). A la même époque, KOBAYASHI Takiji fit un voyage à Tōkyō pour y rendre visite à KURAHARA Korehito qui l’influença sur le plan théorique. Senkyūhyakunijūhachinen sangatsu jūgonichi (Le 15 mars 1928), roman que lui avaient inspiré les arrestations massives du 15 mars, parut, grâce à KURAHARA Korehito, dans le numéro de novembre-décembre de Senki (Drapeau en lutte), organe de la N.A. P.F., et connut un grand retentissement.
Lors de la création de la Fédération japonaise des auteurs prolétariens (Nihon puroretaria sakka dōmei), en février 1929, KOBAYASHI Takiji devint membre du bureau central de cette fédération. Il désirait adhérer au Parti communiste japonais, mais cela lui fut refusé, ses activités étant jugées trop exclusivement littéraires. Victime de la vague d’arrestations du 16 avril 1929, il fut conduit au poste de police, mais relâché aussitôt.
En mai-juin, KOBAYASHI Takiji publia Kanikōsen (Le bateau-usine de crabes) qui connut un succès aussi grand que son roman précédent. Dorénavant, il s’imposa comme un des écrivains les plus importants du mouvement littéraire prolétarien. Il participa, en août, aux travaux préparatoires à la fondation du Syndicat ouvrier général de Otaru (Zen otaru rōdō kumiai) et à la fin de l’automne il publia Fuzai jinushi (Le propriétaire foncier absentéiste), ouvrage traitant des problèmes de la Fédération des ouvriers et des paysans (Rōnō dōmei). Il fut alors licencié par la banque où il travaillait et, en mars 1930, il partit pour Tōkyō.
Suspecté par la police d’apporter un soutien financier au Parti communiste, KOBAYASHI Takiji fut arrêté deux mois après son arrivée à Tōkyō et, en juillet, accusé en outre d’outrage à la personne humaine à cause du contenu de son roman Kanikōsen. Il fut incarcéré le mois suivant, après avoir été condamné en vertu de la Loi sur le maintien de l’ordre (Chian ijihō).
KOBAYASHI Takiji obtint sa libération sous caution en janvier 1931 et cinq mois plus tard il publia Orugu (l’Organisateur), suite de Kōbasaibō (Cellules d’entreprise) paru en 1930. Il fut nommé secrétaire général de la Fédération japonaise des auteurs prolétariens (N.A.R.P. ou Nihon puroretaria sakka dōmei) en juillet, puis il adhéra, en octobre, au Parti communiste.
En mars 1932, alors que débutait la grande répression dirigée contre la Ligue japonaise de la culture prolétarienne (K.O.P.F. ou Nihon puroretaria bunka renmei), et à la suite d’une visite rendue à SHIGA Naoya, écrivain qu’il admirait beaucoup, KOBAYASHI Takiji entra dans la clandestinité pour consacrer ses efforts avec MIYAMOTO Kenji et beaucoup d’autres à la reconstruction du mouvement culturel. C’est à cette époque qu’il épousa ITŌ Fujiko. En août, il prit la tête du regroupement des intellectuels du Parti communiste disséminés dans les organisations culturelles. Puis il fit paraître des textes polémiques, dénonçant l’opportunisme des membres de la N.A.R.P. Son œuvre intitulée Chikuno hitobito (Les gens du quartier) fut publiée dans le numéro de mars 1933 de la revue Kaizō (Reconstruction). Dès sa parution, le 18 février, cet écrit déclencha une réaction immédiate de la police secrète qui arrêta l’écrivain à un rendez-vous deux jours plus tard. KOBAYASHI Takiji succomba aux tortures qui lui furent alors infligées, mais la police, prétendant qu’il était mort d’une crise cardiaque, s’opposa à l’autopsie. Tous ceux qui vinrent le pleurer furent arrêtés sur le champ. Le 15 mars, ses funérailles organisées par des ouvriers et des paysans eurent lieu malgré la répression et Lou-Si lui-même envoya ses condoléances.
Tōseikatsusha (Ceux qui vivent au sein du Parti), roman de KOBAYASHI Takiji, qui décrivait la vie dans la clandestinité fnt publié, avec de nombreux passages censurés, et sous un autre titre : Tenkanjidai (L’Époque du tournant). Les œuvres principales de l’écrivain ont été traduites et publiées en Union soviétique, aux États-Unis, en Tchécoslovaquie, en R.D.A. et en République populaire de Chine.
ŒUVRE : KOBAYASHI Takiji zenshū (Œuvres complètes de KOBAYASHI Takiji) 15 volumes, 1968-1969.
SOURCES : TEZUKA Hidetaka, KOBAYASHI Takiji, 1958. — ODAGIRI Hideo, KOBAYASHI Takiji, 1969. —Société des amis de Takiji et Yuriko, KOBAYASHI Takiji dokuhon (Lire KOBAYASHI Takiji), 1970.