KOIWAI Kiyoshi

Né le 9 juin 1897 dans le département de Nagano ; mort le 19 février 1959. Avocat au service des ouvriers et des paysans.

Issu d’une famille de paysans moyens du village de Shimadate, district de Higashitsukmna, département de Nagano, KOIWAI Kiyoshi fut dans son enfance choyé par ses grands-parents, ses deux sœurs et sa mère, séparée de son père alors qu’il était encore bébé. Dès l’école primaire, il se familiarisa avec la littérature, surtout l’œuvre de ISHIKAWA Takuboku, dont il était un fervent admirateur. Au collège départemental de Matsumoto, pour répondre au souhait de ses sœurs qui finançaient ses études, il se destinait à la carrière diplomatique, mais il fut bientôt renvoyé, pour avoir pris la direction du mouvement étudiant dans l’établissement. Ayant obtenu un poste d’instituteur non titularisé à l’école primaire, il continua ses études à l’École supérieure Daiichi. Au cours d’un voyage organisé en août 1918, il prit conscience de la domination de l’impérialisme japonais partout en Chine et renonça à devenir diplomate. Étudiant à la Faculté de droit de l’Université de Tōkyō, il se distingua comme un militant actif de la Société des hommes nouveaux (Shinjinkai). Ses camarades de dortoir étaient KAZAHAYA Yasoji, KURUMA Kyō, CHIBA Yūjirō, HOSOSAKO Kanemitsu. Un voyage qu’il fit seul durant l’été 1921, dans le nord­ est de la Chine et en Sibérie soviétique, marqua un tournant décisif ; diplômé de l’université, l’année suivante, il trouva une place d’avocat dans le cabinet de KAWAI Eizō à Ōsaka et se consacra entièrement au mouvement ouvrier. Opposé désormais au syndicalisme de type corporatiste, il fut introduit par ARAHATA Kanson au Parti communiste ; il y adhéra et devint responsable de la section d’Ōsaka. Avec NABEYAMA Sadachika et NODA Ritsuta, il joua un rôle de tout premier plan dans la réorganisation du groupe de jeunes militants constitué d’éléments actifs de l’Union de Ōsaka de la Fédération générale japonaise du travail (Nihon rōdō sōdōmei ou Sōdōmei) qui devinrent l’avant-garde du syndicat. A l’occasion du conflit de l’exploitation agricole FUJITA, il fut arrêté et inculpé en même temps que YUKIMASA Chōzō, mais finalement reconnu innocent.
En août 1923, KOIWAI Kiyoshi fut appréhendé dans le cadre de la première vague de répression contre le Parti communiste. Détenu à la prison d" Ichigaya, il fut témoin des « Affaires de terreur blanche » qui eurent lieu à la faveur du Grand séisme de Tōkyō et se rendit alors compte de l’importance d’une implantation dans les masses. Lors de la formation du premier parti populaire légal, dans la deuxième moitié de l’année 1925, déployant son activité en tant que secrétaire du Comité préparatoire, il tenta de s’opposer au sectarisme de l’aile gauche du Parti communiste. De mai 1926 à janvier 1927, il purgea la peine à laquelle il avait été condamné dans le procès de l’Affaire de répression du Parti communiste, puis il adhéra au Parti des ouvriers et des paysans (Rōnō nōmin tō), tout en gardant une attitude critique à l’égard du « fukumotoïsme ». Son action militante se bornaà contribuer à la création d’un Groupe de recherche sur la culture de l’ère Shōwa (Shōwa bunka gakkai) avec KAWAKAMI Kan’ichi. Il n’était pas non plus partie prenante de l’école marxiste Rōnō (Rōnōha) constituée autour d’ARAHATA Kanson et d’autres, et préféra se consacrer au développement des mouvements de masse. Il devint avocat­-conseil de la Société d’entraide des tramways de la ville d’Ōsaka (Ōsaka shiden gojokai).
Candidat officiel du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmin tō) aux élections de février 1928, KOIWAI Kiyoshi se présenta avec succès dans la deuxième circonscription du département d’Ehime où il gagna le soutien de forces démocratiques très importantes, grâce à l’appui du Syndicat des paysans japonais (Nihon nōmin kumiai ou Nichinō). Après les grandes arrestations du 15 mars, il se consacra à la formation du Syndicat national des paysans (Zenkoku nōmin kumiai ou Zennō). A l’occasion des élections de la ville d’Ōsaka, la Fédération ouvriers-paysans pour l’obtention des libertés politiques (Seijiteki jiyū kakutoku rōnō dōmei) constitua l’Association des groupes prolétariens pour les élections municipales, et c’est grâce à ce soutien que KOIWAI Kiyoshi remporta un siège. Ce furent là des expériences préparatoires à la création du nouveau Parti ouvriers-paysans (Rōnō tō) après l’été 1929. Mais un an plus tard, KOIWAI Kiyoshi réussit à provoquer le vote pour la dissolution de cette organisation, au cours des délibérations du Comité exécutif pour l’extension du Parti ouvriers-paysans. Il suivait ainsi les directives du Comintern qui faisait pression sur le Parti communiste japonais et l’Association nationale des syndicats ouvriers japonais (Nihon rōdō kumiai zenkoku kyōgikai ou Zenkyō) pour que ces organisations contestent violemment l’existence même de ce parti.
En avril 1931, KOIWAI Kiydshi fut emprisonné parce qu’il était président pour la région d’Ōsaka du secours rouge international (Mopuru ou Sekishoku kyūenkai). Cinq mois plus tard, il fut quand même élu conseiller général d’Ōsaka. Libéré sous caution en février 1932, il ouvrit une école démocratique pour les paysans, dans sa propre maison au village de Morotsutsumi, district de Kitakochi, département d’Ōsaka. Privé de son titre d’avocat, il connut de grandes difficultés financières et il rompit avec ses anciennes conceptions. Pourtant, il prit, au cours de l’été 1934, la décision de partir pour Tōkyō où il créa avec KATŌ Kanjū et SUGIYAMA Motojirō Rōdō zasshi (Revue du travail). Il fit paraitre, en octobre 1936, Taishū seiji keizai (Politique et économie populaires), se consacrant ainsi avec KAWAKAMI Kan’ichi au développement du mouvement pour un front unifié des travailleurs (Tōitsu rōdō sha sensen) et pour un front populaire (Jinmin sensen). En juin 1937, KOIWAI Kiyoshi fut à nouveau appréhendé et inculpé. Après la guerre, il devint recteur de l’Université d’Aichi.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237291, notice KOIWAI Kiyoshi, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 30 avril 2021.

ŒUVRE : Rōdōsha to kokka (Les Travailleurs et la nation), 1922. — Fuyu wo shinogu (Endurer l’hiver), 1935.

SOURCE : lWAMURA Toshio, Nihon jinmin sensenshi josetsu (Introduction à l’histoire du Front populaire japonais), 1971.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable