KOKURYŌ Goichirō

Né le 20 décembre 1902 à Kyōto ; mort en prison le 19 mars 1943. Militant communiste ; dirigeant syndical.

KOKURYŌ Goichirō est né dans l’arrondissement de Kamikyō à Kyōto où son père était artisan-tisseur de brocart Nishijin. Quand il eut treize ans environ, il commença à travailler comme ouvrier dans les ateliers de brocart Nishijin et au bout de cinq ans de travail industriel, adhérant à l’Union de Kyōto de la Fédération générale du travail (Sōdōmei Kyōto rengōkai), il fit ses premières armes dans le mouvement ouvrier. Il n’avait reçu que fort peu d’instruction, mais le soir, en autodidacte, il étudait les sciences sociales, l’économie, etc.
En janvier 1921, KOKURYŌ Goichirō fut élu membre de l’exécutif , du Syndicat ouvrier du brocart Nishijin (Nishijin shokubutsu rōdō kumiai) et, en juillet, membre de l’exécutif de l’Union locale de Kyōto de la Fédération générale du travail où, de tendance communiste, il milita dans l’aile gauche.
KOKURYŌ Goichirō adhéra au Parti communiste japonais en septembre 1922, très peu de temps après la fondation de ce parti ; il fut rattaché à l’organisation locale de Kyōto et le même mois, siégeant au congrès de la Fédération générale du travail (Sōdōmei) qui se tenait à Ōsaka, il y mena une vive polémique contre l’aile libérale de la Fédération. L’année suivante, il fut promu délégué responsable de l’organisation à Kyōto du Parti communiste. Au troisième congrès de la Fédération générale du travail en février 1924, KOKURYŌ Goichirō se heurta violemment à NISHIO Suehiro de l’aile droite, à propos du texte de la Résolution finale du congrès dont il rédigea les amendements avec TANIGUCHI Zentarō. Déjà membre de l’exécutif de l’Union de Kyōto, il fut élu, en octobre, responsable de la section politique. S’opposant à la politique de division menée par l’aile droite et à la pous­sée à droite dans la Fédération générale du travail, KOKURYŌ Goichirō forma la Fédération pour le renouveau (Sasshin dōmei) avec TANIGUCHI Zentarō et OKUMURA Jinnosuke et, en mai 1925, lors du congrès constitutif du Conseil des syndicats ouvriers du Japon (Hyōgikai ou Nihon rōdō kumiai hyōgikai), il siégea en qualité de délégué de la région de Kyōto pour être par la suite élu secrétaire de cette région. Durant l’année 1926, KOKURYŌ Goichirō déploya son activité en faveur de la création du Parti des ouvriers et des paysans (Rōnō tō ou Rōdō nōmin tō) en mars, et un mois plus tard, au cours du IIe congrès du Conseil des syndicats ouvriers du Japon, il fut nommé membre permanent du Comité central, responsable du département éducation et publications, et il devint rédacteur en chef de Rōdōshimbun (Journal du travail), organe du Syndicat. Il eut un rôle prépondérant dans la grande grève de l’entreprise Nihon gakki à Hamamatsu qui dura du mois d’avril au mois d’août, et dans la grève des ouvriers du bois de construction d’Ōsaka à Sakai, au mois d’août. Lors du congrès national des ouvriers et des paysans (Zenkoku rōnō kaigi) qni eut lieu an mois de juin, il prit la tête du mouvement pour un front unifié des ouvriers et des paysans. Il fut aussi le chef de file du mouvement pour la dissolution de la Diète. En septembre, KOKURYŌ Goichirō dirigea les élections au conseil municipal de Hamamatsu ainsi que les élections municipales des villes de Hokkaidō, et il assista en qualité de membre du comité préparatoire au congrès pour la formation du groupe Left qui devait mener à la constitution d’une confédération syndicale de gauche. Le mois suivant, il fut élu membre permanent du Conseil national du mouvement pour la dissolution de la Diète, et devint responsable du Parti communiste pour la région du Kansai.
KOKURYŌ Goichirō prit la tête de la lutte pour l’obtention de la loi sur la sécurité sociale, lutte qu’il élargit à tout le pays. Il fut aussi à l’origine de la Fédération poùr la non-intervention en Chine (Taishi bikanshō dōmei), formée au mois de mai 1927, et quand, un mois plus tard, se déclenchait la grève des dockers du port d’Otaru, il la dirigea ; le conflit suscita une grève de solidarité des ouvriers de la ville entière et se solda par une victoire. Il eut une action prépondérante dans plusieurs autres conflits du travail tels que la grève des ouvriers de la succursale de Tsurumi de l’entreprise Shibaura et la lutte contre la rationalisation industrielle aux usines sidérurgiques Yahata.
KOKURYŌ Goichirō était devenu suppléant au Comité central, lors du IIIe congrès du Parti communiste en décembre 1926 ; il fut élu, à la réunion extraordinaire du Comité central en juillet de l’année suivante, membre du nouveau Comité central, structuré sur les bases des Thèses de 1927 du Parti communiste japonais.
Délégué du Japon au IVe congrès du Profintern (organisation internationale communiste des syndicats) qui se tint à Moscou, en février 1928, KOKURYŌ Goichirō fit un rapport sur la situation du mouvement ouvrier de son pays. Il ne rentra au Japon que trois mois plus tard, en juin. Les arrestations massives du 15 mars avaient alors décimé les rangs du Parti communiste ; élu membre de l’organisation centrale, KOKURYŌ Goichirō dirigea l’action pour la reconstruction du Parti. Au mois d’août, il convoqua le conseil des syndicats ouvriers du Kantō avec pour objectif la réunification des syndicats ouvriers de gauche. Mais en octobre il fut arrêté. En prison il insista beaucoup pour qu’il y ait un procès unique eu première instance pour tous ceux qui avaient été appréhendés le 15 mars et le 16 avril ; et il fut finalement désigné en avril 1931 comme délégué juridique des prisonniers. Au procès général de septembre, porte-parole des inculpés, il fit un exposé sur les principes directeurs et les activités du mouvement ouvrier. Il fut condamné à quinze ans de travaux forcés en octobre 1932. Lors du jugement en deuxième instance, deux ans plus tard, il fit sa dernière plaidoirie où il déclarait : « AlJ’avenir comme dans le passé, je veux travailler à la libération du peuple courbé par l’oppresseur, alors qu’on me mette en liberté sur le champ ! » L’appel ayant été rejeté par la Cour de cassation, sa peine de quinze ans de travaux forcés devint définitive et il fut transféré à la prison d’Abashiri. KOKURYŌ Goichirō s’éteignit après quarante-et-une années de lutte, la santé minée par la longue détention qui l’avait conduit de la prison de Kushiro à la prison de Nara et à celle de Sakai.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237293, notice KOKURYŌ Goichirō, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 30 avril 2021.

ŒUVRE : KOKURYŌ Goichirō, YAMAMOTO Kenzō Chosakushū. (Recueil d’œuvres de KOKURYŌ Goichirō et YAMAMOTO Kenzō), 1963. — Périodique, Rōdō sha (Ouvriers), décembre 1926-mars 1928. — Périodique, Rōdō shimbun (Journal du travail), juin 1925-mars 1928 (52 numéros).

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