Né le 18 décembre 1897 dans le département de Chiba. Principal théoricien du Parti populaire japonais, puis du Parti national-populaire, enfin du Parti socialiste populaire ; militant socialiste après la guerre.
KŌNO Mitsu naquit dans la localité de Nakagawa, district d’Isumi, département de Chiba. A l’époque où il étudiait au collège, sa lecture favorite était le quotidien Yorozu chōhō (Journal des dix mille matins) qui joua un rôle considérable dans sa formation intellectuelle. Devenu élève à l’École supérieure Daiichi, il organisa, avec son camarade YOSHINO Sakuzō, un meeting public de l’Association des rōnin (Rōnin kai, les « rōnin » sont à la fois des anciens guerriers errant parce que privés d’occupation militaire et des élèves redoublant des classes préparatoires à l’examen d’entrée à l’université), qui se tint au club Nanmei dans le quartier de Kanda. Il fut admis en 1919 à la Faculté de droit allemand de l’Université impériale de Tōkyō. L’année suivante, il assista à la cé rémonie d’inauguration de la Fédération socialiste (Shakaishugi dōmei) et, membre de la Société des hommes nouveau) (Shinjin kai), il travailla dans le groupe de recherche scientifique qui s’opposait à la tendance activiste dirigée par AKAMATSU Katsumaro. Affilié à la Société de la pensée sociale (Shakai shisō sha), il écrivit de nombreux articles dans son organe Shakai shisō (La Pensée sociale).
Diplômé de l’Université en 1922, KŌNO Mitsu entra à l’Asahi shimbun (Journal Asahi) à la section des nouvelles étrangères, mais il abandonna ce travail au bout de deux ans pour un poste de chargé de cours à l’Université Dōshisha. Parallèlement, à ses activités théoriques et professionnelles, il participait au mouvement social en enseignant à l’Ecole ouvrière d’Ōsaka (Ōsaka rōdō gakkō), en militant à la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei ou Nihon rōdō sōdōmei). Lors de la scission de cette dernière en deux organisations distinctes, la Sōdōmei et le Conseil des syndicats ouvriers du Japon (Hyōgikai ou Nihon rōdō kumiai hyogi kai), KŌNO Mitsu jona, avec HOSOSAKO Kanemitsu, le rôle de médiateur entre les deux fractions.
KŌNO Mitsu développa, dans les pages de la revue Shakai shisō (La Pensée sociale), la ligne de la tendance centriste. Après s’être livré à une étude approfondie du révolutionnarisme de l’aile gauche et du réformisme de l’aile droite, il soutint que la position correcte était de s’en tenir au syndicalisme ouvrier. Son objectif était de justifier le courant centriste. Cette ligne fut adoptée comme théorie directrice par le Parti ouvriers-paysans japonais (Nihon rōnō tō ) dont le programme fut publié en novembre 1926.
Attiré par les idées de FUKUMOTO Kazuo, KŌNO Mitsu exposa, toujours dans la revue Shakai shisō (La Pensée sociale), la différence essentielle entre le système conceptuel de FUKUMOTO Kazuo et celui de YAMAKAWA Hitoshi. Il fut le premier à analyser et à démontrer le rapport contradictoire qui unissait le Yamakawaïsme et le Fukumotoïsme. C’est d’un point de vue proche de celui de YAMAKAWA Hitoshi qu’il mena la polémique avec FUKUMOTO Kazuo.
KŌNO Mitsu rédigea la proclamation et le programme dn Parti ouvriers-paysans japonais (Nihon rōnō tō) dont il était membre fondateur. Il abandonna son poste de chargé de cours à l’Université Dōshisha quand il entra à l’exécutif du Comité central où il dirigea la section de politique parlementaire. Entre 1925 et le début des années 1930, d’abord secrétaire général du Parti populaire japonais (Nihon taishū tō) et responsable de son organe, il fut ensuite membre permanent de l’exécutif du Comité central du Parti national populaire (Zenkoku taishū tō) dont il dirigea le journal, puis du Parti national populaire ouvriers-paysans (Zenkoku rōnō taishū tō) dont il présida le Comité ouvrier (Rōdō iin) : ainsi il assuma toujours des fonctions importantes dans les partis social-démocrates de tendance centriste dont il était le chef de file théorique.
Après la formation du Parti socialiste populaire (Shakai taishū tō) où il siégeait comme membre permanent de l’exécutif du Comité central, KŌNO Mitsu dirigea le mouvement ouvrier centriste : il fut président du Comité de la Fédération nationale des syndicats ouvriers (Zenkoku rōdō kumiai dōmei), puis vice-président de la Fédération générale pan-japonaise du travail (Zen nihon rōdō sōdōmei). Lors des élections générales de 1930, il s’était porté candidat dans la première circonscription de Tōkyō, mais ne conquit le siège que lors des élections de 1936. Le renforcement de la discipline électorale fut pour beaucoup dans cette victoire. Il fut réélu lors des élections générales de 1937 consécutives à la tentative de coup d’Etat du 26 février de l’année précédente. Parmi les slogans que lança, à cette occasion, le Parti socialiste populaire (Shakai taishū tō), KŌNO Mitsu fit adopter : « La prospérité du peuple garantit : la protection de la Nation » et : « Réalisons d’abord les réformes intérieures ».
KŌNO Mitsu assista en qualité de délégué ouvrier au congrès de l’Organisation internationale du travail (I.L.O.) qui se tint à Genève en 1936. Sur le chemin du retour, il s’arrêta à Londres pour le congrès de l’Union internationale des syndicats ouvriers (I.F.T.U.). Un an plus tard, le Parti socialiste populaire (Shakai taishū tō) adopta une nouvelle orientation fondée sur le concept fondamental de Nation, en réponse au nouveau régime mis en place après l’ouverture des hostilités entre le Japon et la Chine. KŌNO Mitsu organisa une mission d’encouragement auprès des soldats mobilisés dans l’armée impériale ; il y participa en personne et se rendit en Chine à cette occasion. L’établissement progressif du régime fasciste fit surgir des désaccords entre les sociaux démocrates modérés et ceux de l’aile droite.
KŌNO Mitsu joua le rôle de médiateur entre les deux tendances, sans abandonner sa propre position qui le rapprochait de MATSUOKA Komakichi, NISHIO Suehiro, YONEKUBO Michisuke, tous de l’aile droite. Et toujours dans le courant centriste, il devint administrateur de l’Association japonaise pour une politique ouvrière nationale (Nihon rōdō kokusaku kyōkai), ainsi que de l’Association patriotique industrielle (Sangyō hōkoku kai). Il exerça aussi d’autres activités en qualité de vice-président du bureau parlementaire de soutien au régime impérial (Taisei yokusankai gikai kyoku), président de la Société de la politique de soutien au régime impérial (Yokusan seiji kai), directeur du Groupe de recherche de l’Ère Shōwa (Shōwa kenkyū kai) et chargé de cours à l’École Shôwa.
Après la guerre, durant les travaux préparatoires à la création du Parti socialiste japonais, KŌNO Mitsu s’employa pour que soit formé un gouvernement de coalition avec le parti libéral. Exclu de la fonction publique en 1946 ; il fut réintégré cinq ans plus tard au moment où le Parti socialiste se divisa en une aile gauche et une aile droite. KŌNO Mitsu milita dans cette dernière comme représentant de la tendance Nichirō (dans la tradition du Parti ouvriers-paysans japonais de 1926-1928). Il fut élu en 1952 dans la cinquième circonscription de Tōkyō et il est resté député jusqu’à ce jour (1973). L’un des fondateurs de la Ligue démocrate-socialiste (Minshu shakaishugi renmei) avec NISHIO Suehiro et MIWA Jusō, il s’est toujours défini depuis, du point de vue théorique, comme un social-démocrate. En 1954, KŌNO Mitsu partit, avec SONE Eki, visiter la nouvelle Chine, comme délégué officiel du Parti socialiste de droite ; deux ans plus tard, il fut invité en Europe par le Parlement anglais et sur le chemin de retour, il eut des entrevues avec Nasser, premier ministre de la République Arabe Unie, avec Nehru, premier ministre indien, ainsi qu’avec M. Ba Shwe, premier ministre de Birmanie. En Allemagne fédérale, il rencontra aussi des personnalités comme Ollenhauer et Gerstenmayer, et assista à l’élaboration du programme de Bad-Godesberg.
KŌNO Mitsu était incontestablement l’un des principaux dirigeants de l’aile droite du Parti socialiste, mais lors de la création du Parti démocrate-socialiste (Minshu shakai tō), il refusa d’y adhérer, ainsi que KAWAKAMI Jōtarō, tous deux estimant qu’il était encore trop tôt pour former cette organisation. Il n’en fut pas moins un partisan actif de la collaboration entre le Parti socialiste, le Parti Kōmei (Kōmei tō) et le Parti démocrate-socialiste ; c’est ainsi qu’il poursuit son action d’instigateur d’une politique de réorganisation des partis d’opposition (1973).
ŒUVRE : notamment, Nihon shakai seitō shi (Histoire des partis politiques d’obédience socialiste japonais), 1960.
SOURCES : sous la direction de NAKAMURA Takahide, Gendaishi-wo tsukuru hitobito (Ceux qui font l’histoire contemporaine), 1971. — MAJIMA Hiroto, Musan seitō no kenkyū (Etude sur les partis prolétariens, 1969.