KURAHARA Korehito (pseudonyme : MATSUMURA Noboru)

Né le 26 janvier 1902 à Tōkyō ; dirigeant du Parti communiste japonais ; critique littéraire marxiste.

KURAHARA Korehito naquit à Tōkyō dans le quartier de Sangen’ya, arrondissement d’Azabu (actuellement quartier de Nishiazabu, arrondissement de Minato). Son père, KURAHARA Korehiro, membre du groupe des chrétiens de Kumamoto, fut secrétaire général de la Société impériale d’éducation (Teikoku kyōiku kai), puis député de tendance démocrate à la Chambre des représentants. Sa mère, KURAHARA Shūko, était la sœur cadette de KITAZATO Shibasaburo, pathologiste célèbre.
KURAHARA Korehito entra en 1920 dans la section de russe de l’Ecole des langues étrangères de Tōkyō où il constitua un groupe de recherche sur la littérature russe avec BABA Tetsuya (TOMURA Shiro), chargé de cours et, l’année suivante, ils créèrent ensemble la revue Roshia bungaku (Littérature russe).
Diplômé, en mars 1925, KURAHARA Korehito partit en Union soviétique poursuivre ses recherches sur la littérature russe. Dès son retour au Japon, en novembre de l’année suivante, il entra dans la Ligue japonaise d’art prolétarien (Purōgei ou Nihou puroretaria geijutsu renmei). Quatre mois plus tard, il adhérait à la Société du front littéraire (Bungei sensen sha). Dans ce cadre, il écrivit des essais critiques et introduisit des ouvrages marxistes de base au Japon, en traduisant en particulier des livres sur l’art, à commencer par Geijutsu to shakaiseikatsu (L’Art et la vie sociale) de Plekhanov, et les écrits de Lounatcharski et de A.A. Fadeev.
Après la dissolution de la Purōgei, au mois de juin, KURAHARA Korehito constitua la Ligue des artistes ouvriers et paysans (Rōgei ou Rōnō geitjutsu renmei), mais en automne, cette organisation se démembra également ; et il participa alors à la création de la Fédération des artistes d’avant-garde (Zen’ei geijutsuka dōmei). En janvier 1928, dans le premier numéro de Zen’ei (Avant-garde), organe de la Fédération, il publia son essai théorique « Musansha kaikyū undō no shindankai », (La nouvelle étape du mouvement de la classe prolétarienne) où il appela à l’unification des mouvements des artistes de gauche. Trois mois plus tard fut créée l’Union générale pan-japonaise des écrivains de gauche (Zennihon sayoku bungeika sōrengō), sur la base de cette déclaration. La Fédération des artistes d’avant-garde (Zen’ei) et la Ligue japonaise d’art prolétarien fusionnèrent en une seule organisation, la Ligue pan­-japonaise d’art prolétarien (N.A.P.F. ou Nihon musansha geijutsu renmei) à laquelle KURAHARA Korehito se rallia.
Dans le premier numéro de l’organe de la N.A.P.F., Senki (Drapeau de combat) paru en mai 1928, il publia son essai critique « Puroretaria rearisu mu e no michi » (La Route vers le réalisme prolétarien) qui tentait de clarifier théoriquement le processus de création de la littérature prolétarienne. Cet écrit exerça une influence directe sur KOBAYASHI Takiji qui établit les fondements de la méthode de la littérature prolétarienne. KURAHARA Korehito est l’auteur de nombreux autres essais, à commencer par une discussion sur la vulgarisation de l’art, avec NAKANO Shigeharu qui avait des conceptions proches des siennes ; il fit aussi la critique de l’art formaliste, où il visait particulièrement YOKOMITSU Riichi, en tant qu’écrivain « petit-bourgeois ». C’est ainsi qu’il s’imposa comme critique littéraire d’un type nouveau, grâce à sa force de persuasion fondée sur la clarté théorique ; progressivement, il fut reconnu comme le maître incontesté de la critique littéraire marxiste.
A partir du printemps 1928, KURAHARA Korehito devint sympathisant du Parti communiste japonais, qu’il soutint financièrement. Il participa à la création, en novembre, de l’Institut de la culture internationale (Kokusai bunka kenkyū jo) ; il fut nommé rédacteur en chef de Kokusai bunka (La Culture internationale), organe de l’Institut.
A la fondation de la Fédération japonaise des auteurs prolétariens (Nihon puroretaria sakka dōmei), en février 1929, il fut élu membre du Comité directeur, et à la fin de l’année, il adhérait au Parti communiste. Alors qu’il travaillait dans la clandestinité, KURAHARA Korehito publia, sous le pseudonyme de MATSUMURA Noboru, en avril 1930, Nappu geijutsuka no atarashii ninmu (Le Rôle nouveau des artistes de la N.A.P.F.). En été, obéissant aux directives de son organisation, il partit en secret pour l’Union soviétique, où il était prévu qu’il resterait longtemps. Il assista au Ve congrès du Profintern (Internationale syndicale rouge), mais en février 1931, à la suite de l’arrestation des membres du Comité central du Parti communiste japonais, il dut changer de programme et rentrer au Japon où il travailla dans la section agitation-propagande en même temps qu’il publiait, sous son pseudonyme, plusieurs essais théoriques. Parmi ces ouvrages, Puroretaria geijutsu undō no soshiki mondai (Les Problèmes d’organisation du mouvement artistique prolétarien), paru le 10 septembre 1931, fut le point de départ de la Ligue japonaise de la culture prolétarienne (K.O.P.F. ou Nihon puroretaria bunka renmei). L’année suivante, en avril, il fut arrêté.
Après trois ans de détention préventive, KURAHARA Korehito fut condamné, en mai 1935, à sept ans de travaux forcés. Il fut libéré, en octobre 1940, sans qu’il ait renié ses convictions communistes. En prison, il avait contracté une maladie qui allait s’aggraver et il fut hospitalisé. Grâce notamment aux soins que lui prodigua NAKAMOTO Takako, qui avait appartenu à la Fédération des écrivains (Sakka dōmei), il recouvra peu à peu la santé et put sortir de l’hôpital en avril 1941. Un mois plus tard, il se mariait avec NAKAMOTO Takako. Pendant sa convalescence qui se prolongea jusqu’au mois d’août 1945, il mena des recherches sur WATANABE Kazan, peintre et érudit de la fin du dernier shogunat.
Après la défaite, KURAHARA Korehito se consacra à la reconstruction du Parti communiste japonais ainsi qu’à la création de la Société littéraire du nouvean Japon (Shin nihon bungaku kai). Quand celle-ci fut fondée, en novembre, il fit partie du comité directeur ; un mois plus tard, au IVe congrès qui consacrait la reconstruction du Parti communiste, il devint suppléant au Comité central.
KURAHARA Korehito rédigea en janvier 1946 le projet de politique culturelle du Parti communiste japonais, puis, au Ve congrès de février, devint membre du Comité central. Quatre ans plus tard, lors de la dissolution du Comité central, suite à la critique prononcée contre le Parti communiste japonais par le Cominform, il se rangea dans la Fraction internationaliste. En qualité de chef de la délégation du Parti communiste japonais, KURAHARA Korehito alla en Union soviétique à l’occasion du quarantième anniversaire de la Révolution bolchevique et, par la suite, il rendit visite aux partis communistes de nombreux pays.
Au VIIe congrès du Parti communiste japonais, en juillet-août 1958, KURAHARA Korehito fut élu membre de l’exécutif du Comité central et sept ans plus tard, il forma la Fédération littéraire démocratique du Japon (Nihon minshushugi bungaku dōmei) dont il devint responsable permanent. Il est actuellement (1972) membre du Presidium depuis le XIe congrès tenu en juillet 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237333, notice KURAHARA Korehito (pseudonyme : MATSUMURA Noboru), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 6 juillet 2021.

ŒUVRE : KURAHARA Korehito hyōron shū (Œuvres critiques de KURAHARA Korehito), en sept volumes, 1966-1970.

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