MAEDA San’yū

Né le 20 novembre 1869 dans le département de Kyōto ; mort le 15 novembre 1923. Journaliste, militant du mouvement d’émancipation des « gens des hameaux » (burakumin ou hors castes japonais).

Troisième fils d’un hôtelier qui remplissait également des fonctions responsables dans le village, MAEDA San’yū naquit à Noso, district de Kū dans le département de Kyōto.
Un jour où, adolescent, il était absorbé dans la contemplation de la devanture du libraire du village, il entendit un jeune garçon appartenant à un clan de samurai s’exclamer : « Pas possible qu’il y ait quelqu’un dans ce bled pour lire un tel livre ! » ; MAEDA San’yū se plongea dès lors avec acharnement dans l’étude. Et l’on dit que l’une des motivations de son combat ultérieur pour l’égalité et l’abolition des discriminations sociales a pour origine cet épisode de sa jeunesse.
MAEDA San’yū s’inscrivit en 1883 à l’Institut anglo-japonais d’Ōsaka et suivit également plus tard les cours de l’école Kyōritsu de Tōkyō pour finalement poursuivre des études sous la direction de NAKAE Chōmin en son Institut privé d’études françaises ; en 1888, il entra au Shinonome shinbun (Le Journal de l’aurore) dont NAKAE Chōmin était le directeur. Fortement influencé par les théories de ce dernier sur la liberté, les droits du peuple et l’émancipation des « burakumin » (hors-castes japonais victimes de discrimination sociale en fonction de leur lieu de naissance et de leurs occupations), il se lia aussi d’amitié avec KŌTOKU Shūsui qui étudiait également sous la direction de NAKAE Chōmin. MAEDA San’yū devint, en 1891, journaliste au Geibi nichinichi shinbun (Le Quotidien de Hiroshima) où il restera huit ans si l’on excepte une courte période, entre 1894 et 1896, pendant laquelle il travailla pour le Hiroshima shinbun (Journal de Hiroshima). Il cumula ensuite les fonctions de président et de rédacteur en chef du Hiroshima mainichi shinbun (Le Journal quotidien de Hiroshima). Au cours de ces années, il collabora par ailleurs à de nombreux journaux et revues pour y réclamer toujours énergiquement l’abolition des discriminations dont étaient victimes les habitants des hameaux non émancipés. C’est ainsi qu’il publia en 1903, dans la revue Chūō kōron (Tribune centrale), un article intitulé « Tenka no shin heimin shokun ni gekisu », (Appel aux Nouveaux Citoyens ; on nommait ainsi les « burakumin », nouvellement promus au rang de citoyens de plein droit), où il cherchait à susciter la prise de conscience et l’action des habitants des hameaux discriminés, les exhortant à se situer à l’avant-garde de la « Deuxième réforme de Meiji ».
MAEDA San’yū apporta également son soutien à l’Association des gens du peuple de Mimasaka (Mimasaka heiminkai) que MIYOSHI Iheiji avait organisée dans le département d’Okayama et incita les habitants des hameaux non émancipés du département de Hiroshima à suivre l’exemple donné par MIYOSHI et ses amis. Participant par ailleurs activement au mouvement d’amélioration de la vie dans les hameaux, il fut nommé, en 1907, conseiller de l’Association pour l’union (Itchi kyōkai) qui venait d’être organisée dans la ville de Hiroshima. MAEDA San’yū pensait que l’origine des discriminations dont faisaient l’objet les burakumin (hors-castes) résidait dans la rigidité du système des classes sociales et que l’émancipation des hameaux passait nécessairement par une transformation de la société ; après l’Affaire du complot de lèse-majesté de 1910, il se fit le champion de l’égalité des citoyens qui étaient tous les « enfants chéris de l’empereur », et réclama sans relâche « l’abolition du système des classes sociales » ; ainsi il luttait en réalité sur un front très proche de celui du mouvement de réconciliation nationale dont le slogan était « amour et fraternité ». Lorsqu’en 1921 fut constituée dans cette perspective l’Association des sympathisants du département de Hiroshima (Hiroshima ken kyōmeikai), MAEDA San’yū en devint secrétaire général, mais il devait bientôt démissionner de ce poste en signe de protestation contre le contrôle opéré par les autorités sur les activités de l’association ; il défendait en effet avec énergie l’autonomie des habitants des hameaux (burakumin).
En·dehors de ces activités, MAEDA San’yū s’est également préoccupé des questions du monde du travail ; c’est ainsi qu’après avoir travaillé à l’organisation, en 1917, de la section départementale de Hiroshima de la Société fraternelle (Yūaikai), il en devint le conseiller.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237349, notice MAEDA San'yū, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 9 juillet 2021.

ŒUVRE : MAEDA San’yū ron shū (Recueil des essais de MAEDA San’yū), 1969.

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