FAVIER Jacques

Par Gilles Morin, Stéphane Paquelin

Né le 18 décembre 1917 à Grenoble (Isère), mort le 30 août 2004 à Auxerre (Yonne) ; cadre intermédiaire de l’administration préfectorale ; résistant dans l’Ain ; syndicaliste CGT puis FO et militant socialiste SFIO puis PS de l’Ain, du Rhône et de l’Yonne.

Jacques Favier naquit dans un milieu dont on ignore les caractéristiques sociales, mais qui apparaît comme marqué par de nettes convictions politiques : son grand-père avait des convictions dreyfusardes, son père était radical-socialiste et franc-maçon. Jacques Favier suivit des études supérieures : élève de classe préparatoire au Lycée du Parc à Lyon (Rhône) avant de passer les concours administratif de rédacteur de préfecture, il grimpa ensuite les différents échelons et prit sa retraite à l’âge de soixante ans comme chef de service en 1978. Marié à une institutrice, il exerça ses compétences dans quatre préfectures différentes : l’Ain, la Haute-Saône, les Basses-Alpes et l’Yonne, préfectures où il dirigea différents services. Il eut notamment à gérer l’aménagement du barrage de Serre-Ponçon pour lequel il s’investit fortement.

Il termina au grade de directeur de l’administration générale à la préfecture de l’Yonne.

Les fonctions de Jacques Favier dans l’administration préfectorale ne l’empêchèrent pas de militer successivement à la SFIO puis au Parti socialiste, ainsi qu’à la CGT puis à la CGT-FO. Par contre, il dut se contenter du second rang dans les organigrammes départementaux de ces différentes organisations.

Jacques Favier milita très tôt dans la mouvance socialiste, adhérant en 1935 à la SFIO. En 1937, il était notamment responsable des Jeunesses laïques à Bourg-en-Bresse et, lors des ses études à Lyon, il anima la section des étudiants socialistes. Il entra à la SFIO peu après. Il avait adhéré à la CGT le 16 octobre 1936, en s’inscrivant au syndicat de la préfecture de l’Ain.

La période de la Seconde Guerre mondiale vit Jacques Favier jouer un rôle actif. Il fut sans doute démobilisé après avoir servi dans l’aviation (il avait fait l’école de l’air), puis résista à partir de 1943, mais sans appartenir à une organisation particulière. Travaillant à la préfecture de Bourg-en-Bresse, il en profitait pour faire de faux papiers et s’assura également de la distribution de la presse clandestine. En juillet 1944, il entra dans la clandestinité car il se sentait menacé. Il fut reçu par le colonel Rolland (ou Romanqui), commandant les maquis de l’Ain. Il fut envoyé comme instructeur dans le bataillon du même nom. Après la Libération, Jacques Favier participa à l’offensive contre l’armée allemande. Incorporé dans la division alpine composée d’éléments provenant de différentes organisations de la Résistance, il combattit dans de dures conditions dans les régions montagneuses, notamment la région de Digne (Alpes de Haute-Provence). Il rejoignit ensuite l’armée de l’air lorsque celle-ci fut reconstituée et fut stationné à Lyon. Une fois la guerre terminée, il retrouva son emploi à la préfecture de l’Ain.

Jacques Favier poursuivit ses activités syndicales et anima le groupe des amis de FO dans l’Ain qu’il représenta lors des deux conférences de décembre 1947.

En attendant que l’Union départementale CGT de l’Ain choisisse entre soit rester à la CGT , soit rejoindre Force Ouvrière, la direction de la nouvelle confédération désigna Jacques Favier comme responsable Force Ouvrière pour ce département. Il demeurait alors à l’école des Vennes à Bourg-en-Bresse.
Le 23 décembre 1947, l’U. D. opta pour Force Ouvrière et Jean Chiriconi fut désigné comme secrétaire général provisoire avec Jacques Favier et Laracine comme adjoints.

Ces trois responsables furent confirmés dans leurs fonctions lors du congrès de l’union départementale qui eut lieu le 13 juin 1948.

Jacques Favier contribua également, en janvier 1948, à la transformation du syndicat national CGT des personnels des préfectures en syndicat FO, à la suite d’un référendum organisé parmi ses adhérents, qui, par 3 680 voix contre 750 et 585 abstentions, décidèrent de quitter la CGT et de choisir Force Ouvrière par 2 217 voix contre 1.484 voix pour l’autonomie.

Il continua de représenter un certain nombre de syndicats départementaux du personnel des préfectures lors des congrès confédéraux à partir de 1956.

Responsable depuis quelques années de la section des Basses-Alpes de la Fédération générale des fonctionnaires, Jacques Favier remplaça, en novembre 1959, Paul Guercin, décédé, au poste de secrétaire général de l’Union départementale.

Après onze années passées dans les Basses-Alpes, il quitta ce département pour l’Yonne et cessa donc le 25 juin 1961 ses fonctions de secrétaire général de l’UD alpine.

Il participa, par la suite, à celle d’une Union départementale de la même organisation peu après son arrivée dans le département de l’Yonne en 1961, département où la centrale n’existait que de manière embryonnaire depuis 1948.

Délégué à la propagande de la fédération SFIO de l’Ain en mai 1946, Jacques Favier appuya la motion Mollet pour le congrès de 1946. Secrétaire de section SFIO de Bourg-en-Bresse après ce congrès, il était par ailleurs rédacteur du Travailleur de l’Ain. Membre de la commission administrative fédérale en novembre 1951 et 1953, il fut secrétaire fédéral adjoint de mai 1954 à 1958. Jacques Favier appartenait à la commission chargée d’étudier la politique économique, financière et sociale au conseil national des 10-11 janvier 1959. Il démissionna de ses fonctions dans l’Ain en juin 1959.

Secrétaire de la CGT-FO en janvier 1955, rapporteur général sur les questions économiques au congrès confédéral d’avril 1959, Jacques Favier représenta notamment son organisation pendant vingt-cinq ans à la CODER de Bourgogne puis à son successeur, l’établissement public régional, et enfin au Conseil économique et social régional dont il assura la présidence durant plusieurs années.

Il fut également président de l’AFOC (Association FO des consommateurs) de 1990 à 1999.

Jacques Favier fut secrétaire général de la FGDS de l’Yonne en 1966 et, en 1971, adhéra au Parti socialiste né du congrès d’Epinay

En juin 1999, Jacques Favier avait été fait officier de la Légion d’honneur.

Jacques Favier alimenta régulièrement et pendant de très nombreuses années la chronique des lecteurs du quotidien "L’Yonne Républicaine".

Le 30 août 2004, il mourut à l’hôpital d’Auxerre après des complications pulmonaires suite à une opération du col du fémur effectuée quinze jours avant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23736, notice FAVIER Jacques par Gilles Morin, Stéphane Paquelin, version mise en ligne le 24 novembre 2008, dernière modification le 18 février 2013.

Par Gilles Morin, Stéphane Paquelin

SOURCES : Arch. OURS, dossiers Ain et Basses-Alpes, 2/APO/2, fonds FGDS. — Bulletin intérieur, n° 109. — Denis Lefebvre (dir.), 19 décembre 1947 : Force ouvrière, Bruno Leprince Éditeur, 1997. — Jacques Favier et le Conseil économique et social de Bourgogne. Démographie de la Bourgogne, édité par le Conseil économique et social, Dijon, 1986. — Force ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 1er janvier, 5 février, 24 avril, 8 juillet 1948, 12 juillet 1961, 29 novembre 1956, 12 avril et 12 juillet 1961. — Comptes rendus des congrès confédéraux de la CGT-FO. — L’Yonne républicaine, 29 juin 1999. — Entretiens avec l’intéressé (juillet 1998), avec Pierre Claude, secrétaire général de l’UD-FO de l’Yonne (juillet 1998). — Gérard Delorme in L’Yonne Républicaine, 2 septembre 2004. — État civil de Grenoble. — Notes de Louis Botella.

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