Né le 8 avril 1881 dans le département de Tottori ; mort le 14 août 1958. Ouvrier ; militant social-démocrate ; dirigeant du mouvement syndical japonais.
MATSUOKA Komakichi était le troisième fils d’un commerçant d’Iwai, dans le district d’Iwami, département de Tottori. Diplômé de l’école primaire supérieure d’Iwai en 1902, il travailla quelque temps comme marchand de pétrole itinérant puis comme postier, puis, désireux d’acquérir une qualification de mécanicien, il se rendit à Maizuru au mois de novembre de la même année. L’année suivante, il entra à l’arsenal de cette ville, en qualité d’apprenti mécanicien. C’est là qu’il reçut le baptême chrétien, au cours de l’année 1906. En 1908, MATSUOKA Komakichi quitta l’arsenal de Maizuru pour aller travailler à Ōsaka, puis en Corée, avant d’entrer finalement, en août 1910, à l’usine de Muroran des Aciéries Nihon. Ayant rencontré SUZUKI Bunji, président de la Société fraternelle (Yūaikai), à l’occasion de la cérémonie de fondation de la section de Muroran, en juin 1914, MATSUOKA Komakichi s’inscrivit à cette dernière et en fut élu secrétaire. En 1916, il fonda le premier centre ouvrier japonais, le centre de la section de Muroran de la Société fraternelle. Il y fit preuve de grandes capacités d’administrateur. Devenu en avril de l’année suivante administrateur en chef de la Société fraternelle (Yūaikai) pour la ville d’Ōsaka, il gagna à cet organisme l’adhésion de NISHIO Suehiro. Promu responsable de la trésorerie de la Société fraternelle en février 1918, il cumula en décembre ces nouvelles fonctions avec celles de directeur du siège. C’est à ce titre qu’il fixa les délais pour l’évolution de la Société fraternelle vers le syndicalisme et sa transformation en Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei). Par ailleurs, comme il était également responsable de la trésorerie, il entreprit de donner à la Fédération ses bases financières. Bientôt cependant, mécontent de la montée des éléments de gauche, il manifesta son opposition au nom du syndicalisme ouvrier et quitta la direction pour ouvrir une boutique de fruits. En avril 1924, c’est-à-dire l’année qui suivit le Grand tremblement de terre du Kantō, MATSUOKA Komakichi, représentant plénipotentiaire du Groupe japonais pour l’aide aux ouvriers victimes de tremblement de terre et de l’incendie, se rendit à Pékin pour y discuter avec l’ambassadeur d’Union soviétique en Chine, Lev M. Karakhan. Au mois de juin de la même année, il réintégra la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei) ; il fut promu président de la section centrale des grèves lors de la création de cette dernière. Il entra au Comité central en février 1925. MATSUOKA Komakichi continuait cependant à manifester son hostilité à la fraction de gauche de la Fédération, en particulier à l’occasion de la fondation, en décembre 1924, du Conseil régional du Kantō d’où il fit ainsi exclure, l’année suivante, vingt-trois syndicats de gauche. Promu président de la Fédération des ouvriers du Kantō (Kantō rōdō dōmeikai) en septembre 1925, puis directeur de la Fédération générale du travail (Sōdōmei) en octobre 1926, il travailla activement à mettre cette organisation sur la voie du syndicalisme ouvrier. Sur le plan international, MATSUOKA Komakichi participa à deux reprises, en 1926 et 1929, aux assemblées générales de l’Organisation internationale du travail (O.I.T.) en qualité de conseiller des représentants ouvriers, puis de représentant ouvrier lui-même. En mai 1927, il se rendit en Chine, avec MIYAZAKI Ryūsuke, pour rencontrer les dirigeants du gouvernement de Nankin au nom du Parti socialiste du peuple (Shakai minshū tō) et de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei). Après avoir accédé en novembre 1932 au poste de président de la Fédération, il fut à l’origine du « manifeste des trois anti » (anticommunisme, anti fascisme, anticapitalisme). Il assuma par ailleurs les responsabilités de président du congrès japonais des syndicats ouvriers (Nihon rōdō kumiai kaigi), organisme qui regroupait l’ensemble des syndicats ouvriers japonais de l’aile droite. Après le début des hostilités sino-japonaises, il soutint ouvertement l’effort de guerre japonais, en publiant la « proclamation d’arrêt des grèves » et en lançant les « trois grands mouvements » de soutien à l’arrière du front. MATSUOKA Komakichi fut par ailleurs membre du Comité central du Parti socialiste du peuple (Shakai minshū tō), fondé en 1926, et du Parti socialiste populaire (Shakai taishū tō), fondé en 1932. Au mois de mai 1940, il organisa avec ABE Isoo et SUZUKI Bunji, le Parti national des travailleurs (Kinrō kokumin tō), qui fut interdit le jour même. La dissolution de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei) survint deux mois plus tard, en juillet 1940. MATSUOKA Komakichi se présenta ensuite sans succès aux élections organisées en 1942 par la Société de soutien au régime impérial (Yokusan kai), qui ne lui avait d’ailleurs pas accordé son soutien.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, il se consacra à la reconstitution des syndicats ouvriers. C’est ainsi que, le 10 octobre 1945, il assista en qualité d’observateur, à la réunion de discussion pour l’organisation des ouvriers. Le premier congrès de la Fédération générale des syndicats ouvriers japonais (Sōdōmei), se tint au mois d’août 1946 sous sa présidence. Il assuma cette responsabilité jusqu’en 1952. Auparavant, MATSUOKA Komakichi avait présidé, en novembre 1945, le Congrès d’ouverture du Parti socialiste japonais (Nihon shakai tō) dont il devint conseiller. Il se présenta ensuite, et cette fois avec succès aux premières élections générales d’après la guerre en avril 1946. Il fut réélu l’année suivante ; il fut alors président de la Chambre des représentants, au moment de la mise en vigueur de la nouvelle constitution. Il conserva son siège de député jusqu’à sa mort. MATSUOKA Komakichi continuait à se situer à la droite du mouvement ouvrier. C’est ainsi qu’à la scission du Parti socialiste japonais, il resta comme conseiller au Parti socialiste de droite (Uha shakai tō). Entre la fin de la guerre et son décès, MATSUOKA Komakichi assuma en outre diverses responsabilités : membre de la Commission d’enquête sur les mesures d’après-guerre (1945), conseiller au ministère de la Santé, membre de la commission centrale des salaires (1946), conseiller de la Banque du Japon, membre du Comité national japonais de l’U.N.E.S.C.O. (1952), et enfin vice-président de la Société japonaise d’aide à la Hongrie (Nihon hangari kyūen kai), au moment des événements de 1956.
ŒUVRE : Noda dai rōdō sōgi (La Grande grève ouvrière de Noda), 1928. 0151 Rōdō kumiai ron (Les Syndicats ouvriers), 1929.
SOURCES : NAKAMURA Kikuo, MATSUOKA Komakichi den (Biographie de MATSUOKA Komakichi), 1963.