Née à Tōkyō le 13 février 1899 ; morte le 21 janvier 1951. Écrivain révolutionnaire ; dirigeante communiste.
MIYAMOTO Yuriko est née à Tōkyō dans le quartier de Haramachi, situé dans l’arrondissement de Koishikawa (actuellement Bunkyōku). Son père, CHŪJO Seiichirō, qui était architecte, travaillait au ministère de l’Éducation. Sa mère, CHŪJO Yoshie, était la fille aînée de NISHIMURA Shigeki, un moraliste représentatif de l’époque d’émancipation des idées que fut l’ère Meiji. En 1916, MIYAMOTO Yuriko entra à l’Université de jeunes filles du Japon (Nihon joshi daigaku). Elle achevait alors d’écrire son roman Mazushiki hitobito no mure (La Foule des pauvres gens) dont elle avait puisé l’inspiration dans la campagne de Fukushima ; elle connaissait bien cette région défavorisée où, quand elle était encore petite, étaient allés s’installer ses grands-parents paternels. La publication de ce premier écrit, en septembre 1916, dans la revue Chūō kōron (La Tribune centrale) marqua les débuts de sa carrière de femme de lettres. Deux ans plus tard, elle s’embarqua pour l’Amérique avec son père qui s’y rendait pour affaires. Là-bas, MIYAMOTO Yuriko rencontra ARAKI Shigeru, spécialiste des langues anciennes de l’Orient. Ils se marièrent en octobre 1919, puis rentrèrent séparément au Japon, elle d’abord, en décembre, et lui, quatre mois plus tard. Ils habitèrent quelque temps chez les parents de Yuriko puis s’installèrent dans leur propre maison. Cela n’empêcha pas leur union de se dissoudre et de se transformer en relations extrêmement compliquées qui se soldèrent en été 1924 par le divorce. MIYAMOTO Yuriko fit une description romancée de toute cette période dans Nobuko (Nobuko), son chef-d’œuvre achevé en 1928. Elle avait adhéré en 1922 à l’Association des femmes pour secourir les victimes de la famine en Russie (Roshia kikin kyūsai fu jin kai), créée par YAMAKAWA Kikue et ses camarades ; cet engagement la fit évoluer progressivement vers le marxisme.
L’année de son divorce, au printemps, MIYAMOTO Yuriko avait fait la connaissance de YUASA Yoshiko, spécialiste de littérature russe. En décembre 1927, elles partirent ensemble en Union soviétique. Excepté une période de six mois environ (mai-novembre 1929) durant laquelle elle fit le tour des capitales d’Europe — Varsovie, Berlin, Vienne, Paris, Londres — MIYAMOTO Yuriko vécut, jusqu’en novembre 1930, en Russie soviétique. Elle y rencontra Gorki, KATAYAMA Sen, et nombre d’écrivains sympathisants de la révolution bolchevique. Quand elle rentra au Japon, après trois ans d’absence, elle s’affilia aussitôt à la Fédération japonaise des auteurs prolétariens (N.A.R.P. ou Nihon puroretaria sakka dōmei). Dès janvier 1931, elle fit partie du comité directeur de cette organisation nationale des écrivains marxistes et, en juillet, elle fut élue responsable permanente. Quatre mois plus tard, elle fut chargée de la commission des femmes de la N.A.R.P., et devint rédactrice en chef de Hataraku fujin (Les Femmes au travail), revue qu’avait créée la Ligue japonaise de culture prolétarienne (K.O.P.F. ou Nihon puroretaria bunka renmei). A l’automne 1931, MIYAMOTO Yuriko adhéra au Parti communiste japonais.
MIYAMOTO Yuriko fut emprisonnée deux mois, à la suite de la vague de répression qui déferla sur la K.O.P.F. en avril 1932. MIYAMOTO Kenji, qu’elle avait épousé en février, dut entrer dans la clandestinité et mener son activité politique illégale. Elle fut à nouveau appréhendée en septembre pour être relâchée au bout d’un mois. En février 1933, alors qu’elle était venue rendre un dernier hommage à KOBAYASHI Takiji, mort sous la torture, la police l’interpella, mais la laissa bientôt repartir. A la fin de l’année, ce fut au tour de MIYAMOTO Kenji d’être arrêté. En janvier 1934, le bruit fut lancé que MIYAMOTO Yuriko organisait l’évasion de son mari : elle fut incarcérée mais retrouva la liberté en juin, car sa mère était en train de mourir. Ces six mois de détention causèrent cependant un grave préjudice à sa santé. Pendant les quatre années qui s’écoulèrent depuis son retour d’Union soviétique et son adhésion à la N.A.R.P. jusqu’à sou emprisonnement qui précéda de peu la dissolution de l’organisation culturelle, MIYAMOTO Yuriko se livra sans relâche à son activité d’écrivain révolutionnaire. En mai 1935, la répression s’abattit encore sur elle et c’est en prison qu’elle apprit la mort de son père, en janvier 1936. Le verdict, la condamnant à deux ans de travaux forcés avec un sursis de quatre ans, fut rendu en juin ; elle fut alors mise en liberté surveillée. Elle reprit ses activités d’auteur communiste et, en octobre 1937, signa pour la première fois ses écrits du nom de MIYAMOTO Yuriko. Mais, trois mois plus tard, elle se vit interdire la publication de ses œuvres, tout comme TOITA Jun et NAKANO Shigeharu. Cette sanction ne fut levée qu’en avril-mai 1939, pour lui être à nouveau infligée en janvier 1941.
MIYAMOTO Yuriko fut une fois de plus arrêtée, le 9 décembre de la même année, le jour qui suivit le déclenchement de la guerre du Pacifique. En juillet 1942, on la trouva évanouie dans sa cellule ; elle fut renvoyée chez elle, toujours sans connaissance, et sa peine fut suspendue. Cependant, durant toute l’année 1943, elle fut soumise aux interrogatoires du parquet. Sa combativité ne s’émoussait pas pour autant. Quand son mari, MIYAMOTO Kenji, fut condamné en décembre 1944 aux travaux forcés à perpétuité, elle fit aussitôt appel à la Cour de cassation, mais en avril de l’année suivante, sa demande fut rejetée.
Pendant toute la période qui s’étendit de la dissolution de la N.A.R.P. (1932) à la défaite (1945), MIYAMOTO Yuriko continua son œuvre littéraire autant que le lui permirent les arrestations répétées et les interdictions de publication. Le recueil des lettres échangées avec son mari pendant qu’il était en prison — Jūninen no tegami (Douze ans de correspondance, 1950-1952) est un document humain extraordinaire. MIYAMOTO Kenji ne fut libéré qu’en octobre 1945 ; il reprit alors au grand jour son activité de responsable du Parti communiste japonais dont le IVe congrès eut lieu en décembre. MIYAMOTO Yuriko y participa en qualité de déléguée. Elle avait travaillé principalement à la fondation du Club des femmes démocratiques (Fujin minsei kurabu) et de la Société littéraire du Japon nouveau (Shin nihon bungaku kai) à la direction de laquelle elle fut élue lors du congrès constitutif en décembre. Elle devint membre suppléant du Comité central du Parti communiste, trois mois plus tard, lors du Ve congrès.
MIYAMOTO Yuriko remporta en 1947 le prix de l’édition décerné par le Mainichi shimbun (Journal Mainichi), pour ses deux livres publiés après la guerre : Banshū heiya (La Plaine de Banshū), 1947 et Fūchisō (L’Herbe qui connaît le vent), 1946. Son état de santé commença alors à s’aggraver de manière alarmante ; elle consacra toute son énergie à écrire son dernier grand roman Dōhyō (Le Poteau indicateur), 1947-1950. Elle mourut alors qu’elle venait d’en achever la troisième partie.
Certaines des œuvres de MIYAMOTO Yuriko sont traduites en chinois, en russe et en allemand.
ŒUVRE : MIYAMOTO Yuriko zenshū (Œuvres complètes de MIYAMOTO Yuriko), 15 volumes, 1951-1953. — MIYAMOTO Yuriko senshū (Œuvres choisies de MIYAMOTO Yuriko), 12 volumes, 1968-1969.
SOURCES : MIYAMOTO Kenji, MIYAMOTO Yuriko no sekai (Le Monde de MIYAMOTO Yuriko), 1954, qui sera inclus dans le troisième volume de Bungei hyōron senshū. (Choix de critiques littéraires de MIYAMOTO Kenji). — Recueil rédigé sous la direction de HONDA Shūgo, MIYAMOTO Yuriko kenkyū (Etudes sur MIYAMOTO Yuriko), 1957.