NABEYAMA Sadachika (pseudonymes : ISHIBASHI Yoga ; SUDA Rinzō ; KAWAKAMI Takekichi ; KAIZU Tasaku ; YASHIRO Kakusaburō ; SHIMAZAKI Kōji ; TOYOSAKI Goichi ; MATSUMOTO Ginzō ; HAYASHI Minokichi ; OKAWA Kenzō)

Né le 1er septembre 1901 à Ōsaka. Dirigeant syndicaliste ; dirigeant communiste.

Fils aîné d’un agent de police, NABEYAMA Ikumatsu, qui était originaire du département de Fukuoka, NABEYAMA Sadachika naquit à Ōsaka. Alors qu’il était en deuxième année d’école primaire, son père mourut subitement en 1909 ; il dut alors gagner sa vie et s’embaucha avec sa sœur aînée Namie dans une fabrique de tricots. Il passa pour la forme son certificat d’études en 1914, année où, l’usine ayant fait faillite, il travailla d’abord dans une autre compagnie du même type puis comme garçon de bureau à la mairie de l’arrondissement. Devenu, deux ans plus tard, apprenti tourneur à l’usine électrique Kawakita, il fut encouragé par ses camarades de travail à adhérer à la Société fraternelle (Yūaikai) et s’abonna au périodique Rōdō oyobi sangyō (Le Travail et l’industrie). Mais après un an et demi, il quitta la compagnie Kawakita et travailla ici et là, dans les usines du département, notamment à l’arsenal d’Ōsaka. Dès lors, NABEYAMA Sadachika, enthousiasmé par la Révolution russe, et ébranlé par les émeutes du riz, commença à s’intéresser au socialisme. En 1919, il alla rendre visite à ARAHATA Kanson qui s’occupait du Nihon rōdō shimbun (Journal du travail du Japon), paru pour la première fois au mois de mars. Il suivit alors des cours sur le syndicalisme ouvrier, organisés par le journal et s’affilia bientôt à la Société pour le travail et la liberté (L.L. kai) qui avait été créée en juillet 1920.
Abandonnant peu à peu le mouvement syndical pour l’activité communiste, il mit sur pied, en décembre 1920, une manifestation pour célébrer la libération du service militaire de TAKAYAMA Gizō, président de l’Union de Kyōto de la Société fraternelle (Yūaikai). Brandissant une banderole où était écrit « Vive la libération de prison », NABEYAMA Sadachika et ses camarades se heurtèrent aux forces de police. A la suite de cet affrontement connu comme l’Affaire du drapeau rouge de Kyōto, il fut condamné à deux mois de prison ferme.
Relâché en février 1921, il demanda à sa sœur aînée de prendre soin de sa mère et partit à Ōsaka apporter sa collaboration à la Société Rōdō shimbun (Journal du travail) tout en travaillant en usine sous un nom d’emprunt. Il milita à partir du mois d’août dans le Groupe des guerriers errants (Nobusbigumi) qu’avaient fondé NODA Ritsuta et OYA Shōzō ; TAKAO Heibei lui ayant demandé de venir à Tōkyō, il s’y rendit en automne et c’est à cette occasion qu’il rencontra SAKAI Toshihiko, YAMAKAWA Hitoshi et KAMICHIKA Ichiko mais après quelques mois, il préféra retourner à Ōsaka. Il entra alors à la Compagnie d’électricité d’Ōsaka, ceci grâce à NAKAMURA Yoshiaki, et ensemble, lui à l’intérieur, et NAKAMURA Yoshiaki à l’extérieur, ils travaillèrent à reconstituer le Syndicat des employés de l’industrie électrique qui avait été démantelé. En avril 1923, leurs efforts aboutirent à la création du Syndicat des ouvriers de l’électricité d’Ōsaka (Ōsaka denki rōdō kumiai), noyau à partir duquel se formèrent l’Union locale d’Ōsaka de la Fédération générale japonaise du travail (Nihon rōdō sōdōmei ou Sōdōmei) ainsi que l’Association du Kansai où NABEYAMA Sadachika occupa des fonctions dirigeantes.
En été 1922, NABEYAMA Sadachika, informé par ARAHATA Kanson de la fondation du Parti communiste japonais, rejoignit aussitôt les rangs du Parti. L’année de son mariage avec MURAI Utako, en avril 1924, dans le conflit entre la droite et la gauche de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei), il prit la tête de l’aile gauche ; et en mai 1925, lors du congrès constitutif du Conseil des syndicats ouvriers japonais (Nihon rōdō kumiai hyōgikai ou Hyōgikai), il fut élu membre du comité exécutif et responsable de la commission de l’éducation. Trois mois plus tard, il adhéra, encouragé par ARAHATA Kanson, au groupe communiste pour la reconstruction du Parti.
En avril 1926, NABEYAMA Sadachika dirigea avec MITAMURA Shirō la grande grève des travailleurs de la Société Nihongakki à Hamamatsu dans le département de Shizuoka, et il fut arrêté fin mai. Libéré quatre mois et demi plus tard, il participa aux réunions du comité spécial du Parti pour le mouvement syndical et au congrès de formation du Groupe Left qui s’ouvrirent fin septembre, à Hakone, dans le département de Kanagawa.
Aussitôt après, en décembre, il partit pour l’U.R.S.S. où, prenant part aux débats du VIe congrès de l’Exécutif élargi et à ceux du VIIe congrès de l’Exécutif du Comintern, il collabora à l’élaboration des Thèses de 1927. De retour au Japon en novembre 1927, il siégea au Comité central où il avait été élu lors du IIIe congrès du Parti communiste japonais (congrès de la reconstruction) qui avait eu lieu pendant son absence, en décembre 1926. Très peu de temps après, à l’assemblée plénière des membres titulaires du Comité central, il fut nommé responsable de la section syndicale du Parti. En janvier 1928, il prit part en tant que délégué japonais du mouvement syndical de gauche à la IIe conférence pan-Pacifique des syndicats ouvriers qui se tint à Shanghai. Rentré au pays fin février, il fut l’un des rares communistes qui échappèrent à la vague d’arrestations du 15 mars et il milita activement pour la reconstitution du Parti. En septembre, il repartit avec WATANABE Masanosuke pour Shanghai où se tint fin octobre, la IIIe conférence pan-Pacifique des syndicats ouvriers. II fut appréhendé, le 29 avril 1929, en même temps que WATANABE Masanosuke, alors qu’il faisait partie avec ICHIKAWA Shōichi et MITAMURA Shirō du bureau central qui travaillait à la réorganisation du Parti.
Au procès unique des prévenus, membres du Parti communiste, en juillet 1931, ce fut à NABEYAMA Sadachika qu’incomba la charge de faire un exposé sur l’organisation, au nom de tous les accusés ; il fut condamné, en octobre de l’année suivante, aux travaux forcés à per­ pétuité. Mais le 8 juin 1933, NABEYAMA Sadachika et SANO Manabu rendirent publique une « Lettre au Groupe des accusés », déclaration écrite en commun où ils abjuraient leurs convictions communistes. Cet acte surprenant se solda par leur exclusion du Parti. La peine de NABEYAMA Sadachika fut commuée en quinze ans de travaux forcés, lors du jugement en appel de 1934 et il fut transféré, en décembre de la même année, à la maison d’arrêt de Kosuge. II put cependant sortir de prison six ans plus tard, en bénéficiant d’une amnistie accordée pour célébrer l’an 2600 de l’ère impériale.
Revenu auprès de sa femme Utako qui gérait un magasin de confection dans le quartier de Kyōbashi à Tōkyō, NABEYAMA Sadachika fut engagé en janvier 1944 par l’entremise du ministère de la Justice, dans la compagnie d’aviation Nihon kōkūki. Le mois suivant, grâce aux bons offices de TSUDA Shūei, vice-président pour la mise en valeur de la Chine du Nord, il y partit en tournée d’inspection, et y retourna en automne. A l’issue de ces voyages, il fit des rapports à son protecteur et en février 1945, il partit s’installer avec sa femme à Pékin. C’est là qu’il apprit la défaite et en août 1946, il rentra au Japon où il fonda un Institut de recherches sur la démocratie. En accord avec les sociaux­ démocrates de droite, il commença à militer activement contre les communistes. Par ailleurs, il fit paraître de nombreux essais dans la revue Marukusushugi (Marxisme), sous les pseudonymes de ISHIBASHI Yogo, SUDA Rinzō, KAWAKAMI Takekichi, KAIZU Tasaku, YASHIRO Kakusaburō, SHIMAZAKI Kōji, TOYOSAKI Goichi, MATSUMOTO Ginzō, HAYASHI Minokichi, ŌKAWA Kenzō.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237433, notice NABEYAMA Sadachika (pseudonymes : ISHIBASHI Yoga ; SUDA Rinzō ; KAWAKAMI Takekichi ; KAIZU Tasaku ; YASHIRO Kakusaburō ; SHIMAZAKI Kōji ; TOYOSAKI Goichi ; MATSUMOTO Ginzō ; HAYASHI Minokichi ; OKAWA Kenzō), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 19 novembre 2021.

ŒUVRE : Shakaiminshushugi tono tōsō (La Lutte avec la social-démocratie), 1931. — Sayoku rōdōkumiai to uyoku to no tōsō (La Lutte entre les syndicats ouvriers de gauche et la droite), 1931. — Watakushi wa kyōsantō wo suteta (J’ai rejeté le Parti communiste), 1949. — En collaboration avec SANO Manabu, Tenkō jūgonen (Quinze ans après notre revirement), 1949.

SOURCES : « NABEYAMA Sadachika yoshin jinmon chōsho » (Procès-verbal de l’interrogatoire de NABEYAMA Sadachika) tome 19 de Gendai shi shiryō (Documents d’histoire contemporaine), 1967. — TAKABATAKE Michitoshi, « Ikkoku shakaishu­ gisha, SANO Manabu et NABEYAMA Sadachika » (SANO Manabu et NABEYAMA Sadachika, deux partisans du socialisme national) dans Tenkō (Abjuration), édité par l’Institut de recherches scientifiques sur la pensée, en 1959.

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