NAKANO Shigeharu

Né le 25 janvier 1902 dans le département de Fukui. Écrivain prolétarien ; militant communiste.

Fils d’un paysan cultivant ses propres terres, qui était également petit propriétaire foncier (jinushi) — c’est-à-dire qu’il employait quelques petits fermiers — NAKANO Shigeharu naquit à Takaboko, district de Sakai dans le département de Fukui. Après qu’il eût été diplômé de l’école supérieure Daiyon, il fut admis en avril 1924 à l’Université de Tōkyō à la Faculté des Lettres. Ayant adhéré dans le courant de l’été 1925 à la Société des hommes nouveaux (Shinjinkai), il collabora en outre, à partir d’octobre, à la constitution du Cercle d’études sur les arts sociaux (Shakai bungei kenkyūkai) avec HAYASHI Fusao entre autres. Délégué par la Société des hommes nouveaux (Shinjinkai), il prit une part active à la grève de l’imprimerie Kyōdō de janvier à mars de l’année suivante. En février, il avait participé à la fondation du Groupe d’études marxistes sur l’art (Marukusushugi geijutsu kenkyūkai) et lança deux mois plus tard, avec HORI Tatsuo qu’il avait connu grâce au poète MURO Saisei, la revue Roba (L’Âne) ; cette publication fut remarquée par AKUTAGAWA Ryūnosuke lui-même, pour la qualité des poèmes et des essais sur la poésie qui y furent insérés. Lorsqu’en novembre de la même année, la Ligue japonaise de littérature prolétarienne (Nihon puroretaria bungei renmei) qui était une organisation de front unifié, fut remaniée en en groupement de militants marxistes, la Ligue japonaise d’art prolétarien (Purogei ou Nihon puroretaria geijutsu renmei), la dissolution du Groupe d’études marxistes sur l’art (Marugei ou Marukusushugi geijutsu kenkyūkai) fut prononcée et NAKANO Shigeharu se rallia à la nouvelle formation (Purogei) et devint membre de la direction centrale. En mars 1927, il fit la critique des éditoriaux de la revue Bungei sensen (Front littéraire) subissant, selon lui, l’influence du « fukumotoïsme » et trois mois plus tard, lors de la scission de La Ligue d’art prolétarien (Purogei), il resta dans le groupe des fidèles ; le mois suivant, il lançait la revue Purorelaria geijutsu (Art prolétarien) à la rédaction de laquelle il collabora, publiant nombre de poèmes, romans ou critiques littéraires. Il était incontestablement l’un des principaux dirigeants de cette association.
Quand eurent lieu les élections générales de février 1928, les premières à se dérouler après la promulgation de la Loi sur le suffrage universel, NAKANO Shigeharu apporta son concours à la campagne d’OYAMA lkuo qui se présentait dans une circonscription du département de Kagawa sur la liste du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmintō) ; il fut arrêté et poursuivi en justice à la suite de la vague de répression du 15 mars 1928. Il devint, cependant, membre de la direction de la Ligue pan-japonaise d’art prolétarien (N.A.P.F. ou Zen nihon musansha geijutsu renmei) au cours de son congrès constituant qui se tint le mois suivant et on lui confia la rédaction de l’organe du mouvement Senki (Drapeau de combat). Au sujet de la démocratisation des arts, il entreprit alors une vive controverse avec un autre membre de la N.A.P.F., KURAHARA Korehito. Lorsque fut organisée, en février 1929, la Fédération des auteurs prolétariens (Puroretaria sakka dōmei), NAKANO Shigeharu devint membre du Comité directeur. II publia en septembre un recueil de critiques Geijutu ni kansuru hashirigaki teki oboegaki (Notes sur l’art rédigées à la hâte), qui constitue avec celui de KURAHARA Korehito Geijutsu to musan kaikyū (L’Art et la classe prolétarienne) l’un des ouvrages les plus représentatifs de cette époque de la Ligue pan-japonaise d’art prolétarien (N.A.P.F.). Après avoir épousé en avril 1930 une actrice militante du mouvement du théâtre prolétarien, HARA Izumi, NAKANO Shigeharu, soupçonné d’avoir collecté des fonds destinés au Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō) fut arrêté et ne fut mis en liberté provisoire que sept mois plus tard, en décembre. Il adhéra dans le courant de l’été suivant au Parti communiste. En octobre de cette année-là, une de ses anthologies poétiques, NAKANO Shigeharu shishū (Recueil des poèmes de NAKANO Shigeharu) fut saisie en cours de fabrication et interdite à la vente. Le mois suivant, NAKANO Shigeharu devint membre du conseil à la direction de la Ligue japonaise de la culture prolétarienne (K.O.P.F. ou Nihon puroretaria bunka renmei). A la suite de la répression dirigée contre cette organisation en avril 1932, la mesure de mise en liberté provisoire dont il bénéficiait fut annulée, et il fut emprisonné pendant deux années environ. Le jugement le concernant fut rendu en mai 1934 : il était libéré à la condition d’abjurer ses convictions politiques. C’est ainsi qu’il put sortir de prison. Humilié par son reniement, il écrivit alors nombre de romans ou d’essais dénonçant le fascisme et le militarisme dominants, comme par exemple : Mura no ie (La Maison du village) en 1935 et SAITŌ Mokichi no nōto (Notes prises par SAlTŌ Mokichi), Il participa en décembre 1935 à la fondation du Club des auteurs indépendants (Dokuritsu sakka kurabu) et collabora aux activités de l’Association des hommes de lettres de conscience (Ryōshin teki bungakusha). Deux ans plus tard, il fut l’objet d’une mesure gouvernementale d’interdiction de prendre la plume en même temps que MIYAMOTO Yuriko, TOITA Jun et autres. Pendant la durée de la guerre du Pacifique, s’il ne fut pas mis sous mandat d’arrêt, il n’en fut pas moins assujetti au système de restriction de liberté et contraint de se présenter régulièrement aux autorités de la police ; il fut même mobilisé en juin 1945. Après la fin de la guerre, il réintégra le Parti communiste en novembre 1945, et prit part à l’organisation de la Société littéraire du Nouveau Japon (Shin nihon bungaku kai) ; il fut élu lors du congrès constitutif de décembre, membre du Comité central de cette formation au sein de laquelle il occupa ultérieurement les fonctions de rédacteur en chef puis de secrétaire général. Candidat du Parti communiste aux premières élections à la Chambre des conseillers de l’après-guerre, en avril 1947, il fut élu et siégea à la Diète jusqu’en mai 1950. Il était entre temps, en mai 1948, devenu responsable adjoint de la section culturelle du Parti. Lors de la scission de 1950, NAKANO Shigeharu se rallia à la Fraction internationaliste. Il fit partie de la seconde délégation des hommes de lettres japonais et séjourna deux mois en Chine à la fin de 1957. Elu au VIIe congrès du Parti communiste, membre du Comité central, en 1958, l’année suivante, il visita l’Union soviétique avec une délégation de la Société littéraire du Nouveau Japon (Shin nihon bungakukai). Expulsé du Parti communiste en octobre 1964 pour avoir émis des idées personnelles sur le traité d’interdiction des explosions nucléaires de Moscou, il collabora avec SHIGA Yoshio à la constitution de l’organisation communiste pro-soviétique, la Voix du Japon (Nihon no koe) qu’il devait d’ailleurs quitter ultérieurement.
Il se rendit également en Allemagne en 1965.
Parmi ses œuvres principales écrites après la guerre, citons : Muragimo (L’Esprit) 1954, Nashi no hana (Fleur de poirier) 1959, Ko otsu hei tei (Excellent, bon, moyen, passable) 1969, qui reçurent des prix littéraires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237445, notice NAKANO Shigeharu, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 4 janvier 2022.

ŒUVRE : NAKANO Shigeharu zenshū (Œuvres complètes de NAKANO Shigeharu) en dix-neuf volumes (1959-1963).

SOURCES : HIRANO Ken, NAKANO Shigeharu kenkyū (Recherches sur NAKANO Shigeharu), 1960. — MITSUTA Ikuo, NAKANO Shigeharu ron (Traité sur NAKANO Shigeharu), 1968.

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