NANBA Daisuke

Né le 7 novembre 1889 dans le département de Yamaguchi ; exécuté le 15 novembre 1924. Terroriste.

NANBA Daisuke était le quatrième fils de NANBA Sakunoshin, notable de haute réputation du village de Suhō, district de Kumago, département de Yamaguchi, qui devait par la suite devenir député à la Diète. Le jeune Daisuke ne s’entendait guère avec son père et avait, de plus, des difficultés à suivre ses classes ; après avoir fréquenté l’école secondaire de Tokuyama puis l’école Kōjō, il fut envoyé à Tōkyō, où, ayant été inscrit dans une école privée de préparation à l’examen d’entrée à l’Université, il finit par être admis, en 1922, dans la section de littérature de l’institut supérieur Waseda. Il avait entre-temps pris contact avec le mouvement pour le suffrage universel et le mouvement ouvrier qui avaient connu un grand développement à Tōkyō après la fin de la Première guerre mondiale et commençait à s’intéresser vive­ ment au socialisme. Ayant lu, en avril 1921, dans la revue Kaizō (Reconstruction), l’essai de KAWAKAMI Hajime intitulé « Danpen » (Fragments), il se sentit très proche des terroristes russes ; lorsqu’il eut pris connaissance des articles publiés à la suite de l’audience publique du procès de l’Affaire de lèse-majesté (cf. Historique), la personnalité de KŌTOKU Shūsui et sa doctrine proche du terrorisme exercèrent sur lui une certaine fascination ; il décida donc de venger sa mort et d’assurer sa succession militante. Abandonnant alors ses études, en 1923, NANBA Daisuke rejoignit la masse des ouvriers « libres » ; s’il nourrissait encore à cette époque quelque espoir concernant le mouvement syndicaliste ouvrier, la répression le raffermit dans sa conviction de la nécessité du recours au terrorisme. C’est dans son village natal où il était retourné en mai 1923 pour s’y soigner, que lui parvinrent les nouvelles concernant le Grand tremblement de terre du Kantō et la terreur blanche qui lui succéda (cf. Historique). Il prit la route de la capitale en décembre, emportant les armes qu’il avait trouvées chez lui ; en chemin, il apprit le 25 décembre à Kyōto que le prince héritier devait se rendre à Tōkyō pour la séance inaugurale de la session de la Diète et résolut d’attenter à la vie de ce dernier. Pour éviter que son acte ne soit mis sur le compte de la folie, il rédigea une lettre expliquant ses motivations qu’il envoya aux principaux journaux. Deux jours plus tard, il arrivait à Tōkyō et alla se poster immédiatement aux abords de la Diète, à Toranomon, attendant le passage de la voiture du prince ; la balle dévia de sa trajectoire et ce fut un échec. Cet épisode est connu sous le nom d’« Affaire de Toranomon » et il provoqua la chute du deuxième Cabinet YAMAMOTO. Au cours de l’audience publique du procès qui se déroula devant la Cour de cassation constituée en Cour suprême, NANBA Daisuke, très calme, fit un long exposé de ses mobiles et de ses convictions. Quand la sentence le condamnant à la peine de mort lui fut signifiée, il s’écria « Vive les prolétaires japonais ! », « Vive le Parti communiste japonais ! », « Vive l’U.R.S.S. ! », et « Vive l’Internationale communiste ! », Il fut exécuté deux jours plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237448, notice NANBA Daisuke, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 5 janvier 2022.

SOURCES : AZUMA Sakae, Nihon sei ji sai ban shiroku -(Documents historiques concernant les procès politiques du Japon), volume sur l’époque Taishō, 1969.

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