NISHIO Suehiro

Né le 28 mars 1891 dans le département de Kagawa. Dirigeant social-démocrate. Militant syndical.

NISHIO Suehiro, cadet de quatre garçons et deux filles, naquit dans le village de Shiyujima, district de Kagawa, département de Kagawa. Tout en cultivant du riz, ses parents tenaient une boutique d’articles courants dans cette petite île de Megishima, sur la mer intérieure de Seto. A l’âge de quinze ans, alors qu’il venait d’achever sa troisième année de scolarité à l’école primaire supérieure de Shibayama, il partit pour Ōsaka où il devint apprenti à l’arsenal, mais, au bout de quelque temps, il se fit embaucher dans une usine de la ville où il acquit la qualification d’ouvrier tourneur. II changea encore plusieurs fois d’employeurs avant d’être engagé comme ouvrier temporaire aux aciéries Sumitomo ; c’est là qu’il entra en contact avec la Société fraternelle (Yūaikai) à laquelle il adhéra aussitôt. Mais, insatisfait de son activité militante dans ce groupe, il fonda bientôt avec quatre camarades, dont DOMAE Gosaburō et SAKAMOTO Kosaburō, la Société des camarades pour la création d’un syndicat ouvrier (Shokkō kumiai kisei dōshikai) ; ils insistaient pour que ce syndicat comprenne uniquement des membres de la classe ouvrière, à l’exclusion de dirigeants intellectuels. L’association avait un organe, Kojōseikatsu (La Vie à l’usine), et, à son apogée, elle parvint à unir trois mille ouvriers, mais à la fin de 1917, elle disparut.
En 1919, se séparant de DOMAE Gosaburō et SAKAMOTO Kosaburō, NISHIO Suehiro réintégra la Société fraternelle (Yūaikai) en voie de radicalisation, suivant ainsi les conseils de MATSUOKA Komakichi, qui en dirigeait la section d’Ōsaka. Le mouvement social était alors en plein essor et la Société fraternelle se transformait en Fédération générale japonaise du travail (Nihon rōdō sōdōmei ou Sōdōmei). Dès qu’il devint responsable de l’Union d’Ōsaka (Ōsaka rengōkai), en juin 1920, NISHIO Suehiro révéla de grandes capacités de dirigeant, qui lui valurent une réputation semblable à celle de MATSUOKA Komakichi et on parlait toujours de « MATSUOKA de l’Est et NISHIO de l’Ouest ». II adhéra alors à la Société pour le travail et la liberté (L.L. kai) formée autour de ARAHATA Kanson et suivit des cours traitant du travail à l’Institut de recherches Ōhara sur les problèmes sociaux (Ōhara shakaimondai kenkyūjo). NISHIO Suehiro fit preuve de ses talents de leader dans les grands conflits sociaux qui eurent lieu en 1921 dans le Kansai (région d’Ōsaka, Nara et Kyōto) : il prit la direction de la grève qui éclata en mai à la manufacture de lampes Ōsaka dentō et, immédiatement après, il organisa le comité de lutte qu’il dirigea dans la grève des chantiers navals de Fujinagata. Il fut arrêté pour avoir distribué des tracts qui appelaient tous les ouvriers de la ville à cesser le travail par solidarité et accusé d’avoir semé le trouble et incité à la grève, faits qui constituaient des infractions à l’article dix-sept de la Loi de police sur la sécurité publique (cet article était conçu pour réprimer les activités syndicales).
Son expérience de lutte lui ayant appris que toutes les grèves mal préparées sont négatives pour le mouvement syndical, NISHIO Suehiro proposa, lors du congrès de la Fédération japonaise du travail (Sōdōmei), en octobre 1921, un projet de contrôle systématique des grèves qui provoqua des controverses enflammées. Un mois plus tard, il fixait la réglementation des grèves pour l’Union d’Ōsaka. Au printemps 1923, il assista au congrès du groupe Left (Lefuto) que dirigeait YAMAMOTO Kenzō. Un an après, il accompagna la délégation ouvrière de SUZUKI Bunji à l’assemblée générale de l’Organisation internationale du travail (O.I.T.) qui se tint à Genève, en juin 1924. Sur le chemin de retour, il eut des entretiens à Moscou avec S.-A. Lozovsky, le secrétaire général du Profintern puis rentra an Japon en octobre. A ce moment-là, l’opposition s’accrut entre la droite et la gauche au sein de la Fédération du Kantō de la Sōdōmei (région de Tōkyō) ; membre du « comité restreint », constitué pour faire face au conflit interne qui déchirait le Comité central, il trouva une solution temporaire au problème en ne faisant dépendre l’aile gauche, sans intermédiaire, que de la direction centrale et fut élu secrétaire général. Quand, par la suite, fut formé le Conseil de la région du Kantō (Kantō chihō hyōgikai), NISHIO Suehiro, usant de son pouvoir de secrétaire général, prit une part active dans l’exclusion de l’aile gauche qui eut lieu en mai 1925. Après juin 1925, dès que se concrétisa le mouvement en faveur de l’organisation d’un parti politique prolétarien, NISHIO Suehiro, devenu responsable de la section d’organisation de la Sōdōmei, participa au Comité chargé de préparer la formation du parti prolétarien (Musanseitō junbikai) et il revendiqua avec vigueur, ici aussi, l’exclusion de la gauche. Il eut un rôle déterminant dans le retrait du soutien de la Fédération générale du travail (Sōdōmei) au Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmin tō) en 1926, ainsi que dans la constitution du Parti socialiste du peuple (Shakai minshūtō), à la fin de cette même année. En 1929, il milita encore une fois pour l’expulsion de l’aile gauche lors de la scission de l’Union d’Ōsaka. Entre-temps, il avait été élu dans une circonscription d’Ōsaka aux premières élections générales au suffrage universel de 1928.
Après l’Incident de Mandchourie, il assista en 1932, à l’assemblée générale de l’Organisation internationale du travail (O.I.T.) comme délégué ouvrier. Dès son retour, il prit part à la formation de la Grande droite (Dai uyoku), ainsi qu’à la création du Parti socialiste populaire (Shakai taishūtō) dans le but de constituer un front uni contre les communistes ; il fut aussi !"un des organisateurs du congrès des syndicats ouvriers japonais (Nihon rōdō kumiai kaigi). Il occupa ainsi une place de plus en plus importante dans le mouvement syndical. En janvier 1936, il prit l’initiative de fonder la Fédération générale pan-japonaise du travail (Zennihon rōdō sōdōmei) en fusionnant la Fédération générale du travail (Sōdōmei) avec la Fédération des syndicats ouvriers nationaux (Zenkoku rōdōkumiai dōmei) ; c’est alors qu’il fut élu au poste de président de l’Union d’Ōsaka. En 1938, à l’occasion de la délibération à la Diète pour la mobilisation générale de la nation, il prononça une allocution au cours de laquelle il exhorta le gouvernement à suivre les exemples de « Hitler, Mussolini et Staline » ; le fait d’avoir prononcé le nom de ce dernier fut sanctionné par son expulsion immédiate de la Chambre. Mais l’année suivante, il fut mandaté à nouveau lors des élections complémentaires. Après la dissolution de la Fédération générale japonaise du travail (Sōdōmei) en 1940, il se présenta avec succès comme candidat sans étiquette aux élections pour le sou­ tien au régime impérial qui eurent lieu pendant la guerre.
Le 18 août 1945, trois jours après la défaite, il partit pour Tōkyō, rendre visite à MATSUOKA Komakichi, afin de discuter de la reconstruction des syndicats ouvriers, et d’un parti d’obédience socialiste. Il travailla à la formation du Parti socialiste japonais (Nihon shakaitō) dont le congrès constitutif eut lieu en novembre, et fut élu responsable de la section d’élaboration de la politique du parti ; l’année suivante, il devint secrétaire général de l’organisation. Sur le plan syndical, NISHIO Suehiro contribua à la reconstitution de l’organisation d’Ōsaka par sa participation active an groupe de discussion pour la formation d’un Syndicat ouvrier, en octobre 1945.
En juin 1947, NISHIO Suehiro devint secrétaire général auprès du ministère des Affaires intérieures du Cabinet socialiste. L’année suivante, il fut nommé vice-Premier ministre dans le Cabinet ASHIDA. Mais il fut arrêté pour corruption, à la suite d’une collecte politique qu’il avait faite à son profit parmi les ouvriers des travaux publics et ceux des industries électriques Shōwa denki ; il dut démissionner de la fonction publique et fut exclu en octobre 1948 du Parti socialiste. Il fut cependant admis dans le Parti socialiste de droite (Uha shakaitō) en août 1952 et trois mois pins tard, il fut élu à la Chambre des représentants. Après son retour au Parti socialiste, il fut un défenseur de la théorie du Parti du peuple qui s’opposait à celle du Parti de classe mise en avant par le Parti socialiste de gauche (Saha shakaitō). Instigateur du Parti démocrate-socialiste (Minshu shakaitō) qui fut créé en 1960, il devint président de l’exécutif du Comité central de cette nouvelle formation. NISHIO Suehiro abandonna en 1967 ses fonctions de président pour devenir conseiller, puis il se retira complètement de la vie politique, en 1972.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237468, notice NISHIO Suehiro, version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 10 janvier 2022.

ŒUVRE : Taishū tō tomoni (Avec les masses), 1951. — NISHIO Suehiro no seiji oboegaki (Notes politiques de NISHIO Suehiro), 1968.

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