OKUMIYA Kenshi (connu également sous le nom d’OKUNOMIYA Takeyuki)

Né le 27 décembre 1857, dans le département de Kōchi ; exécuté le 24 janvier 1911 pour participation au Complot de lèse-majesté.

Troisième fils d’OKUMIYA Masayoshi, un lettré, féru des classiques chinois (de son nom de plume ZŌSAI), OKUMIYA Kenshi naquit dans le village de Nunoshida, district de Tosa (actuellement quartier de Nunoshida à Kōchi), département de Kōchi. En 1870, il partit, accompagné de son père, pour Tōkyō où il étudia l’anglais.
Ayant adhéré en 1881 au Parti libéral (Jiyūtō), OKUMIYA Kenshi organisa de nombreuses réunions politiques où il attaqua si violemment le gouvernement qu’il lui fut interdit de tenir des meetings à Tōkyō. Montant alors sur la scène d’un théâtre de variétés, il continua son action sous forme de récits transposés, tentative qui fut immédiatement entravée. Un an plus tard, il réussit à regrouper trois cents conducteurs de pousse-pousse dans une Union professionnelle (Shakaitō).
En 1884, alors que le Mouvement pour la liberté et les droits du peuple (Jiyūminken undō) s’intensifiait, OKUMIYA Kenshi quitta Tōkyō pour Kagoshima. Impliqué en décembre dans une affaire de répression dirigée contre le Parti libéral à Nagoya, il fut faussement accusé de cambriolage et du meurtre d’un agent de police. Au cours des trois ans qu’il passa en détention préventive à la prison de Nagoya, il tenta de s’évader mais il échoua. Après sa condamnation, en 1887, aux travaux forcés à perpétuité (peine qui fut par la suite réduite à quinze ans), il fut sans cesse transféré d’un pénitencier à l’autre, à Tōkyō et à Miyagi ; pour être finalement envoyé à la maison d’arrêt de Kabato eu Hokkaidō. Ainsi resta-t-il enfermé pendant douze ans et demi jusqu’en juillet 1897, date à laquelle il fut gracié.
Pendant sa détention, OKUMIYA Kenshi écrivit des thèses philosophiques telles que Kaika kōhan (Principes de la politique), Warewa nanimono (Qui suis-je ?). Ses lectures favorites étaient Thomas B. Macaulay, Thomas Carlyle, la Bible et surtout Ralph W. Emerson. Immédiatement après sa libération, il publia son journal de prison intitulé Gokuchū no ware — OKUMIYA Kenshi zangeroku (Confessions de prison de OKUMIYA Kenshi).
En 1900, OKUMIYA Kenshi se rendit à Paris, à l’occasion de l’Exposition universelle. Il y resta pendant dix mois comme interprète et régisseur d’une troupe de danseuses qui faisait partie de la délégation japonaise et qui, ensuite, fit une tournée en Europe, à Copenhague, Moscou, Varsovie, Budapest, Vienne et Berlin. A peine était-il rentré dans son pays à la fin de 1902 qu’il repartit pour l’Amérique. Il travailla à Seattle pour la Compagnie orientale du commerce extérieur (Tōyō bōeki kaisha — The oriental trading Co.) qui était dirigée par YAMAOKA Onko et TSUKAHARA Kuwakichi, ses amis politiques du Parti libéral. Ce séjour fut toutefois de courte durée.
C’est à partir de cette époque que OKUMIYA Kenshi commença à s’intéresser au socialisme et qu’il fréquenta la Société de l’homme du peuple (Heiminsha) animée par KŌTOKU Shūsui, originaire de la même région que lui. Il écrivit de temps à autre pour le Heimin shimbun (Journal de l’homme du peuple), organe hebdomadaire de la Société. Mais il demeura toujours favorable à la coopération du capital et du travail.
En 1906, OKUMIYA Kenshi fonda le Parti des ouvriers japonais (Nihon rōdōtō) qui, très vite, se désagrégea. Un an après cet échec, il se mit en route pour la Chine où il devait servir de conseiller pour le développement. Passant par Rangoon en Birmanie, il parvint à destination mais il repartit pour le Japon peu de temps après.
OKUMIYA Kenshi s’occupa alors de la rédaction de journaux et de revues, mais comme toujours, il passa rapidement à autre chose. Le 28 juin 1910, il fut accusé d’avoir participé au complot de lèse-majesté contre la personne de l’empereur et arrêté. Le 24 janvier 1911, condamné à mort, il fut exécuté en même temps que KŌTOKU Shūsui et d’autres inculpés.
Parmi les documents qui furent saisis lors de son arrestation, on trouva un grand nombre de manuscrits où étaient exposées ses idées politiques et la traduction d’ouvrages socialistes. Pendant sa détention, il avait aussi écrit quatre confessions dans lesquelles il exposait ses convictions profondes. Certains suspectent OKUMIYA Kenshi d’avoir été un indicateur de police qui facilita les arrestations liées au complot de lèse-majesté. Il semble certes qu’il connaissait intimement KŌTOKU Shūsui et plusieurs de ceux qui avaient été mêlés à l’Affaire, mais il n’est pas permis d’en dire plus.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237526, notice OKUMIYA Kenshi (connu également sous le nom d'OKUNOMIYA Takeyuki), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 24 janvier 2022.

OUVRAGES TRADUITS : Kyōwa genri (Principes de la République), 1880. — Kyōwa seitairon (Théorie du régime républicain), 1883. — Hokubei iminron (Traité sur les immigrés en Amérique du Nord), 1903, etc.

SOURCES : NAKAJIMA Oyobu, Ansatsu no kiroku (Documents sur des assassinats), 1965. — KANZAKI Kiyoshi, Kakumei densetsu (Légende de la révolution), 1960. — TAOKA Reiun, Meiji hanshin den (Biographie des rebelles de Meiji), 1909. — Taigyaku jiken soshō kiroku (Documents du procès de l’Affaire du complot de lèse-majesté), 1911. — SHIOTA Shōbei, OKUMIYA Kenshi oboegaki (Notes sur OKUMIYA Kenshi), 1963, etc.

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