Né le 29 avril 1901 à Tōkyō, mort le 7 novembre 1944 à Tōkyō. Journaliste, spécialiste des questions chinoises ; exécuté pour ses activités d’espionnage en faveur de l’U.R.S.S.
Deuxième fils d’OZAKI Hotsutarō, ancien journaliste, qui composait des poèmes chinois et qui, plus tard, prit le prénom de Hotsuma, et de Kita (sa mère), OZAKI Hotsumi naquit à Isarako-machi dans l’arrondissement de Shiba, à Tōkyō. Peu après sa naissance, son père fut envoyé à Taipei comme journaliste du journal Taiwan nichi nichi shimbun (Journal quotidien de Taiwan). Sa mère l’emmena à Formose en octobre 1901.
Il fréquenta l’école primaire Daini de Taipei, puis entra, en 1913, à l’école secondaire de Taipei (future école secondaire Daiichi de Taipei) dans la première section où l’internat était obligatoire et la durée des études de six ans. Alors qu’il poursuivait ses études secondaires, OZAKI Hotsumi commença déjà à s’intéresser aux questions chinoises. Un jour, il s’opposa à sou père qui battait un conducteur de pousse-pousse formosan, insistant pour obtenir un supplément après l’avoir conduit chez lui.
Dès sa sortie de l’École secondaire en mars 1919, OZAKI Hotsumi se rendit à Tōkyō où il entra d’abord au lycée supérieur Ichikō puis, en mars 1922, dans la section de droit de l’Université impériale de Tōkyō. Au lycée, il avait manifesté plus d’intérêt pour la philosophie que pour les problèmes sociaux. Mais, après son entrée à l’université, les premières arrestations de membres du Parti communiste de 1923, l’Affaire de Kameido, les massacres de Coréens et l’assassinat d’ŌSUGI Sakae et d’ITŌ Noe qui suivirent le Grand tremblement de terre du Kantō, exercèrent sur lui une grande influence. En mai 1925, il commença son année de maîtrise et participa an cercle d’études sur le Matérialisme historique de Boukharine, dirigé par ŌMORI Yoshitarō, professeur adjoint de la Faculté d’Economie de l’Université impériale de Tōkyō. C’est là que OZAKI Hotsumi s’initia au marxisme et qu’il décida de se consacrer à l’étude des questions chinoises.
L’année suivante, il entra au Tōkyō asahi shimbun (Journal Asahi de Tōkyō), en mai, et fit partie de la section de la presse du Syndicat ouvrier de l’édition du Kantō (Kantō shuppan rōdō kumiai), affilié an Conseil des syndicats ouvriers du Japon (Nihon rōdō kumiai hyōgikai). Il quitta ce syndicat lorsqu’il fut muté, en octobre 1927, au Ōsaka asahi shimbun (Journal Asahi d’Ōsaka) ; dans ce syndicat, il avait milité essentiellement par sympathie pour son ancien camarade de lycée FUYUNO Takōeo qui fut un des dirigeants du Conseil des syndicats ouvriers du Japon jusqu’aux alentours de mars 1928.
OZAKI Hotsumi se maria en novembre 1927 avec HIROSE Hideko qui était l’ancienne femme de son frère aîné OZAKI Hon’ami. Un an plus tard, il fut nommé au bureau de Shanghai du Asahi shimbun (Journal Asahi). A l’époque où il se rendit en Chine, l’influence de la gauche persistait malgré le coup d’État de CHANG Kai-chek. Sa fille aînée Yoko naquit à Shanghai, en novembre 1929.
Dès son arrivée dans cette ville, OZAKI Hotsumi commença à procéder à un vaste dépouillement de documents concernant la Chine et le marxisme. Il entra en rapport avec la Société de la création (Sōzōsha) qui était formée par un groupe d’écrivains de gauche, et il prit, d’autre part, la direction d’un cercle d’études sur le matérialisme historique, organisé par des étudiants de l’Académie des pays d’Asie orientale partageant la même écriture (Tōa dōbun shoin), comme, par exemple, NAKANISHI Ko, ANZAI Kuraji et MIZUNO Shigeru. OZAKI Hotsumi fréquenta également nombre de savants de gauche, de journalistes et d’étudiants chinois tels que WANG Xuewen et CHEN Hanhuang, et fit la connaissance d’Agnes Smedley à la fin de l’année 1929. A la fin de l’année suivante, KITŌ Gin’ichi, qui se disait envoyé du Comintern, présenta Richard Sorge appelé John à OZAKI Hotsumi. A la demande de Sorge, OZAKI échangea avec celui-ci et Smedley des informations sur la situation chinoise de l’époque et la politique japonaise à l’égard de la Chine. OZAKI Hotsumi présenta ensuite Sorge à KAWAI Teikichi, journaliste au journal Shanhai Shūhō (Nouvelles hebdomadaires de Shanghai) qui demanda à Richard Sorge, agent secret soviétique, de lui fournir divers renseignements sur Shanghai.
Richard Sorge était né en octobre 1895 à Bakou d’un père allemand, ingénieur chargé de l’exploitation pétrolière et d’une mère russe. Peu avant sa sortie du lycée de Berlin, il avait été mobilisé, en 1914, pendant la Première Guerre mondiale. Démobilisé à la suite d’une blessure, il avait fréquenté successivement les universités de Berlin, de Kiel et de Hambourg dont il était sorti docteur ès sciences politiques en 1920. Sorge était devenu assistant, en même temps que maître de conférences, à l’université de Francfort, qu’il avait quittée pour participer au mouvement révolutionnaire. En 1925, il s’était installé à Moscou et était entré au bureau de renseignements au siège du Comintern, puis en 1929, il était passé au quatrième quartier général de l’Armée rouge soviétique. Devenu agent secret, Sorge était arrivé à Shanghai en janvier 1930.
OZAKI Hotsumi regagna le Japon en février 1932 pour reprendre son poste au Ōsaka asahi shimbun (Journal Asahi d’Ōsaka). Deux ans plus tard, vers le mois de mai, il rencontra à nouveau Sorge par l’intermédiaire de MINAMI Ryūichi (de son vrai nom MIYAGI Yotoku) qui venait de rentrer des États-Unis où il avait appartenu à la section japonaise du Parti communiste américain. Sorge demanda à OZAKI Hotsumi de participer à des activités d’espionnage ; celui-ci finit par accepter. A partir de septembre de la même année 1932, OZAKI travailla, à Tōkyō, dans la Société d’enquêtes sur les problèmes d’Asie orientale (Tōa mondai chōsakai) dépendant du Tōkyō asahi shimbun (Journal Asahi de Tōkyō). Ce fut après l’Affaire du coup d’Etat manqué par de jeunes soldats fidèles à l’empereur, qui éclata le 26 février 1936, qu’OZAKI Hotsumi collabora vraiment avec Sorge. Ce dernier envoyait des informations à Moscou qu’il communiquait en même temps, à Ott, attaché militaire de l’ambassade d’Allemagne au Japon (futur ambassadeur du Troisième Reich au Japon à partir de 1939). En retour, Sarge obtenait des renseignements secrets concernant, par exemple, le projet d’attaque de l’U.R.S.S. par l’armée allemande, qui furent transmis à Moscou. En tant que spécialiste des questions chinoises, OZAKI Hotsumi avait été choisi comme délégué japonais au Congrès sur les problèmes du Pacifique qui se tint à Yosemite, en juillet 1936. Puis, en avril de l’année suivante, il avait participé d’abord an Cercle d’études Shōwa (Shōwa kenkyū kai) dirigé par GOTŌ Ryūnosuke qui appartenait au brain-trust de l’homme politique KONOE Fumimaro, puis au Cercle d’études sur les questions chinoises (Shina mondai kenkyū kai) animé par KAZAMI Akira qui devint secrétaire général du Cabinet KONOE formé en juin 1937. OZAKI Hotsumi fut invité par KAZAMI à quitter le Tōkyō asahi shimbun (Journal Asahi de Tōkyō) pour entrer dans ce Cabinet, et il fut chargé des problèmes concernant la Chine au sein du gouvernement.
Lorsque le Cabinet KONOE fut renversé en janvier 1939, OZAKI Hotsumi fut relevé de ses fonctions de conseiller ministériel. Avec l’aide financière de KAZAMI Akira, il fonda le Bureau d’études sur la Chine (Shina kenkyū shitsu), puis, en juin de la même année, il devint conseiller auprès du responsable des enquêtes au siège local de Tōkyō de la Société des chemins de fer de Mandchourie. Avant et après la formation, en juillet 1940, du deuxième Cabinet KONOE, OZAKI Hotsumi déploya son activité dans la sphère gouvernementale, et rédigea, entre autres, un projet de réorganisation de la nation à la demande de KAZAMI Akira.
Les renseignements qu’OZAKI obtint et les analyses précises qu’il fit de la situation politique japonaise furent transmis à Sorge qui les envoya en U.R.S.S. Dénoncés par ITŌ Ritsu qui avait été arrêté en septembre 1941 pour avoir participé à la reconstitution du Parti communiste japonais, OZAKI Hotsumi et Richard Sorge furent arrêtés respectivement le 15 et le 18 octobre de la même année. Les autres membres de ce groupe d’espionnage international dirigé par Sorge tels que KITABAYASHI Tomo, MIYAGI Yotoku, Vukelitch, Max Klausen, sa femme Anna et KAWAI Teikichi furent arrêtés les uns après les autres.
Accusé de contravention aux Lois sur le maintien de l’ordre, sur la garde et la sécurité du pays et sur la défense du secret militaire, OZAKI Hotsumi fut condamné à la peine de mort en première instance en septembre 1943. La Cour suprême rejeta son appel en avril 1944 ; il fut exécuté en même temps que Richard Sorge dans une prison de Tōkyō le 7 novembre de la même année, jour anniversaire de la Révolution russe.
ŒUVRE : Arashi ni tatsu shina (La Chine debout dans la tempête), 1937. — Kokusai kankei kara mita shina (La Chine du point de vue des relations internationales), 1937. — Gendai shina ron (Essai sur la Chine contemporaine), 1939. — Shina shakai keizai ron (Essai sur la société et sur l’économie chinoises), 1940. — Aijō wa furu hoshi no gotoku (L’Amour, c’est comme une étoile filante), 1946.
Traduction : Agnès Smedley, Onna hitori daichi woiku (Une Femme parcourant la terre), 1934.
SOURCES : Gendaishi shiryō : Zoruge jiken (Documents d’histoire contemporaine : l’Affaire Sorge), en quatre volumes, 1962-1971. — KAZAMA Michitarō, OZAKI Hotsumi den (Biographie d’OZAKI Hotsumi), 1968. — S. Boudkevitch, L’Affaire Sorge et OZAKI, traduit par NAKAYAMA Ichirō, 1970. — Chalmers, Johnson, l’Affaire Sorge et OZAKI, (An instance of treason : OZAKI Hotsumi and the Sarge spyring. Stanford, 1964) traduit par OGIWARA Minoru, 1971. — OZAKI Hotsuki, Zoruge jiken : OZAKI Hotsumi no risō to zasetsu (L’Affaire Sarge : l’Idéal d’OZAKI Hotsumi et son échec), 1963.