SAKAI Toshihiko (pseudonymes : KOSEN et KAIZUKA Shiburoku)

Né le 15 janvier 1871, dans le département de Fukuoka ; mort le 23 janvier 1933. Pionnier du mouvement socialiste qu’il dirigea depuis sa fondation ; un des fondateurs du Parti communiste ; puis social-démocrate de gauche.

SAKAI Toshihiko était le troisième fils d’une famille de samurai du clan OGASAWARA ; son père Tokuji, et sa mère Koto, vivaient dans le village de Toyotsu (actuellement, ville de Toyotsu), district de Kyōto du département de Fukuoka. II sortit premier de l’école secondaire de Toyotsu, en 1886, où il était considéré comme l’enfant prodige du village ; il manifesta néanmoins un grand intérêt pour les idées défendues par le mouvement pour la liberté et les droits du peuple. II avait été adopté en 1885 par la famille de NAKAMURA Senji, habitant le village de Shiita dans le même district. Après qu’il eût été diplômé de l’école secondaire, comme il se destinait à la vie politique, il se rendit à Tōkyō avec l’aide que lui apporta le frère cadet de son père adoptif, BABA Motohiko. L’ancien chef du clan OGASAWARA et divers notables originaires de ce clan avaient mis sur pied une Association d’assistance scolaire (Ikueikai) ; grâce aux subsides fournis par son oncle et par cette association, SAKAI Toshihiko put suivre les cours de l’Institut privé d’études anglaises, Dōjinsha, fondé par NAKAMURA Masanao, puis ceux de l’école Kyōritsu qui devait devenir l’école secondaire Kaisei. C’est ainsi qu’il fut admis en 1887, à l’école secondaire et supérieure Daiichi, la future école supérieure Daiichi de Tōkyō. II y publia, dès l’année suivante, avec des camarades, Eigaku zasshi (Revue des études anglaises), mais s’étant laissé entraîner dans une vie dissipée, il négligea bientôt ses études, et fut finalement renvoyé de l’école en 1889, parce qu’il n’avait pu en régler les droits de scolarité. Ce renvoi lui valut une rupture avec sa famille adoptive qui décida de le rendre à son foyer d’origine. Son frère aîné mourut brusquement cette année-là et ses parents déménagèrent pour la ville de Kokura ; comme le second frère aîné Ototsuchi avait été adopté par la famille MOTOYOSHI, SAKAI Toshihiko était devenu le seul soutien de ses père et mère. Subissant l’influence de son frère qui vivait de sa plume à Ōsaka, SAKAI Toshihiko se mit lui aussi à écrire ; c’est ainsi qu’il collabora au Fukuoka nichi nichi shimbun (Le Quotidien de Fukuoka), dans lequel parut en feuilleton sa première nouvelle ; ayant emménagé à Ōsaka, où il était devenu professeur d’anglais du lycée de Tennoji, il y fit venir ses parents. Sur la recommandation du professeur de son frère aîné, NISHIMURA Tenshū, SAKAI Toshihiko adhéra en 1892 à la Société littéraire de Naniwa (Naniwa bungakukai ; Naniwa est l’ancien nom de la ville d’Ōsaka) et y rencontra des écrivains comme WATANABE Katei, KUTSUMI Kesson et KAMITSUKASA Koken, dont il devint l’ami. Sous le pseudonyme de KOSEN, il publia dans la revue de l’association Naniwa gata (Du côté de Naniwa), divers romans et essais. Ayant démissionné de son poste d’enseignement en février 1893, il entra au Ōsaka maichō shimbun (Le Journal du matin d’Ōsaka) qu’il quitta cependant au bout de trois mois pour devenir, en novembre, journaliste au Shin naniwa (Le Nouveau Naniwa) organe de l’Association populaire d’Ōsaka (Kokumin kyōkai) ; il ne cessa pas pour autant de collaborer au Naniwagata qui avait changé son nom en Naniwa bungaku (Littérature de Naniwa) et publia également de courts romans dans le Yomiuri shimbun (Journal Yomiuri). Après la mort de sa mère, en janvier 1895, et la disparition de la revue Shin naniwa (Le Nouveau Naniwa), SAKAI Toshihiko se rendit avec son père à Tōkyō pour travailler à la Société d’édition de journaux Jitsugyō. En février de l’année suivante, son père mourut et la Société Jitsugyō fit faillite : il perdit son emploi. II se maria cependant au mois d’avril avec Michiko, sœur cadette de l’écrivain HORI Shizan et, invité le mois suivant à revenir travailler au Fukuoka nichi nichi shimbun (Le Quotidien de Fukuoka), il déménagea pour Fukuoka où naquit son fils aîné Fujihiko qui devait mourir en 1899. Mais il devait bientôt démissionner pour divergences d’idées avec le rédacteur en chef du journal, TAKAHASHI Kōi ; c’est ainsi qu’étant retourné à Tōkyō en 1897, il entra à la maison d’éditions de la famille MŌRI, s’occupa de la rédaction de Bōchō kaiten shi (Histoire des transformations du département de Yamaguchi) et se lia d’amitié avec YAMAJI Aizan et SASAGAWA Rinpu pour finalement aller travailler en juillet de cette année-là au Yorozu chōhō (Informations diverses du matin) ; il y fut chargé de la rubrique littéraire « Yorozu bungaku » et se fit des amis parmi les collaborateurs réguliers de cette publication, comme KŌTOKU Shūsui, ENJŌJI Tenzan, UCHIMURA Kanzō et KAWAKAMI Kiyoshi.
La constitution du Parti social-démocrate (Shakai minshu tō), en mai 1901, fit renaître son intérêt pour la politique qu’il avait abandonnée pour la littérature et SAKAI Toshihiko décida d’y adhérer aussitôt ; mais l’interdiction dont fut immédiatement frappé le jeune parti fut une nouvelle source de découragement. En juillet 1901, il fonda avec le rédacteur en chef du journal Yorozu, KUROIWA Ruikō, KŌTOKU Shūsui, UCHIMURA Kanzō et d’autres le Groupe idéaliste (Risōdan) qui allait militer pour la justice sociale. Après la naissance, en janvier 1903, de sa fille aînée Magara, SAKAI Toshihiko mit sur pied sa propre maison d’édition Yubunsha, et commença à publier Katei zasshi (Revue des ménages) où il se proposait de traiter des problèmes de la vie quotidienne des familles dans une perspective socialiste. La crise entre la Russie et le Japon s’annonçait ; SAKAI Toshihiko ainsi que ses amis KŌTOKU Shūsui et UCHIMURA Kanzō étaient farouchement opposés à la guerre imminente ; leur attitude pacifiste ne s’accordait plus avec la nouvelle ligne du journal définie par le rédacteur en chef KUROIWA Ruikō ; SAKAI Toshihiko et KŌTOKU Shūsui démissionnèrent donc non sans avoir publié dans le numéro du 12 octobre du Yorozu chōhō, sous leur signature conjointe, un article expliquant les raisons de leur acte, « Taisha no ji » (A propos d’une démission) ; UCHIMURA Kanzō les suivit. Ils fondèrent le 15 novembre de la même année la Société de l’homme du peuple (Heiminsha) et lancèrent bientôt un hebdomadaire, le Heimin shimbun (Le Journal de l’homme du peuple) dans lequel ils publièrent de nombreux articles et proclamations pacifistes. Lorsque parut dans les colonnes de l’hebdomadaire, l’article de KŌTOKU Shūsui intitulé « Aa zōzei » (Ah, cette augmentation de l’impôt !), le numéro fut interdit à la vente et le responsable de la publication condamné à une peine de deux mois d’emprisonnement : c’est ainsi que SAKAI Toshihiko devint la première victime du mouvement socialiste japonais ; il fut incarcéré dans la prison de Sugamo. Un mois et demi après sa libération, en août 1904, il perdit son épouse, Michiko. C’est dans le numéro du premier anniversaire du Heimin shimbun que parut pour la première fois au Japon Le Manifeste communiste, dans une version japonaise mise au point conjointement par SAKAI Toshihiko et KŌTOKU Shūsui. Le numéro fut frappé d’interdiction à la vente et les responsables se virent infliger une peine d’amende. Objet d’une répression sévère, le Heimin shimbun fut bientôt contraint à cesser sa parution. SAKAI Toshihiko lança alors Chokugen (A vrai dire). En septembre 1905, il se remaria avec NOBEOKA Tameko, jeune femme originaire de Kanazawa dans la préfecture d’ Ishikawa, qui avait travaillé pour la Société de l’homme du peuple (Heiminsha). L’existence de Chokugen ne devait pas être longue ; la revue fut interdite pour un article paru dans son numéro du 10 septembre : sous le titre « Seifu no mōsei wo unagasu » (Réflexions sur l’action du gouvernement), il y était question de la grande manifestation populaire d’opposition à la signature du traité de paix entre le Japon et la Russie (Affaire de l’incendie de Hibiya) ; peu après, la Société de l’homme du peuple (Heiminsha) était dissoute. SAKAI Toshihiko, rompant alors avec la Fraction des socialistes chrétiens, commença à collaborer à la revue bimensuelle Hikari (Lumière) ; il prit également une part active à la constitution, en février 1906, du Parti socialiste ; ce parti légal avait été créé à la faveur du climat de détente politique qui avait accompagné l’avènement du Cabinet SAlONJI et SAKAI Toshihiko en fut nommé conseiller. Le mois suivant, il lança avec FUKAO Akira une nouvelle publication Shakai shugi kenkyū (Recherches sur le socialisme) dans laquelle parurent successivement les traductions du Manifeste communiste (n° 1) et de Socialisme utopique el socialisme scientifique. Ensuite, revenant sur sa rupture avec les socialistes chrétiens, il relança avec eux, en janvier 1907, le Heimin shimbun (Le Journal de l’homme du peuple) mais cette fois comme quotidien. Un mois plus tard, avait lieu le IIe congrès du Parti socialiste japonais (Nihon shakai tō) où éclatèrent ouvertement les profondes divergences entre les partisans de l’action directe (Chokusetsu kōdō ha) de KŌTOKU Shūsui et les défenseurs de la politique parlementaire (Gikai seisaku ha) de TAZOE Tetsuji ; SAKAI Toshihiko travailla alors dans le cadre du comité de délibération à l’élaboration d’un projet de résolution de compromis entre les positions des deux fractions violemment opposées ; ce projet fut finalement adopté par le congrès mais le Parti socialiste fut forcé à la dissolution par les autorités ; le Heimin shimbun quotidien était lui-même frappé sans relâche d’interdictions à la vente et fut finalement contraint, en avril, à disparaître. La Fraction de l’action directe (Chokusetsu kodo ha) se rapprochant alors de la revue bimensuelle publiée à Ōsaka par MORICHIKA Unpei, Ōsaka heimin shimbun (Le Journal de l’homme du peuple d’Ōsaka qui devait devenir Le Journal de l’homme du peuple du Japon), fonda en juin de cette année-là la Société des causeries du vendredi (Kin’yō kōen kai) ; de son côté, la Fraction de la politique parlementaire (Gikai seisakuha) animée par KATAYAMA Sen et NISHIKAWA Mitsujirō entreprit de publier l’hebdomadaire Shakai shimbun (Le Journal social) et constitua également la Société socialiste des camarades (Shakaishugi dōshikai) ; c’est ainsi que les dissensions entre les deux fractions allèrent en s’aggravant. Quant à SAKAI Toshihiko, il se rangea aux côtés des partisans de l’action directe, bien qu’il ne fût pas pleinement d’accord avec les théories de KŌTOKU Shūsui. Lorsque en janvier·1908, ordre fut donné à la Société des causeries du vendredi (Kin’yō kōen kai) de se dissoudre, SAKAI Toshihiko, monta avec YAMAKAWA Hitoshi et ŌSUGI Sakae sur le toit de la maison où se tenaient les réunions, harangua les militaires chargés de l’exécution de l’ordre, ce qui lui valut d’être condamné à une peine d’un mois et demi d’emprisonnement. En juin, impliqué dans l’Affaire des drapeaux rouges, il fut condamné à deux ans de travaux forcés. A cette peine s’ajouta une condamnation à deux mois d’incarcération pour les articles publiés dans le Ōsaka heimin shimbun (Le Journal de l’homme du peuple d’Ōsaka). Il fut emprisonné dans la prison de Chiba qui était alors située à Kaizuka ; c’est le nom de cet emplacement qui lui fournit son nouveau pseudonyme KAIZUKA Shiburoku, dont il devait se servir pour ses écrits ultérieurs ; il forma le prénom à partir des rations quotidiennes de riz (quatre mesures, ce qui se dit, en japonais « shibu ») et d’orge (six mesures ; six se dit en japonais « roku »). Pendant qu’il purgeait sa peine, survint l’Affaire du complot de lèse-majesté, c’est ainsi qu’il put échapper à la dure répression qui s’ensuivit.
A sa sortie de prison, en septembre 1910, SAKAI Toshihiko trouva le mouvement socialiste considérablement diminué : c’était l’« ère d’hiver », toute activité qui aurait pu avoir un rapport avec le mouvement social étant strictement contrôlée et immédiatement réprimée. C’est dans ce contexte que SAKAI Toshihiko fonda la maison d’édition Baibumsha (La Société des écrivaillons) dont l’objet était de procurer une source de revenus aux camarades restés libres, en leur servant de porte-parole ; c’est ainsi que cette société devint l’organe de liaison de nombreux socialistes anciens et nouveaux comme ŌSUGI Sakae, ARAHATA Kanson, TAKAHATA Motokore, OBARA Shinzō et HASHIURA Tokio. A partir de janvier 1914, la Société Baibunsha commença à publier un petit journal mensuel Hechima no hana (Fleur de Luffa) qui consistait en un recueil d’écrits satiriques et d’essais ; cette publication devait, en changeant de nom en septembre 1915, devenir une revue mensuelle, Shin shakai (La Nouvelle société) dont l’éditorial « Chiisaki hataage » (Relevons le drapeau), proclamait le nouveau départ du mouvement socialiste. Lors des élections d’avril 1917 à la Chambre des représentants, SAKAI Toshihiko fut candidat dans une circonscription de Tōkyō ; malgré la campagne menée par ses camarades et ses amis, il ne réussit à recueillir que vingt-cinq voix, à cause de la répression particulièrement implacable qui régnait alors. A l’occasion du 1er mai de cette même année, une trentaine de socialistes résidant dans la capitale se réunirent en secret pour célébrer la fête du Travail ; ils rédigèrent un message de félicitations pour la victoire de la Révolution russe, qui fut envoyé aux Partis socialistes de Russie et de tous les autres pays, et fut signé par SAKAI Toshihiko au nom du Comité exécutif du Groupe des socialistes de Tōkyō (Tōkyō shakaishugisha dan). C’est d’ailleurs dans le numéro d’octobre de Shin shakai (La Nouvelle société) que fut publiée dans des délais extrêmement rapides la traduction de La Révolution russe de Lénine.
Lorsqu’en mars 1919, TAKAHATA Motokore commença à pencher vers le socialisme national, SAKAI Toshihiko se démarquant publiquement de lui, proclama ouvertement son attachement ferme au marxisme et reprenant la publication de Shakaishugi kenkyū (Recherches sur le socialisme) avec YAMAZAKI Kesaya et YAMAKAWA Hitoshi, il présenta au Japon l’expérience de la Révolution russe. Invité en août au congrès du septième anniversaire de la Société fraternelle (Yūaikai), il prit la parole au cours d’une réunion amicale et contribua ainsi au rapprochement des syndicats ouvriers et des socialistes. L’année suivante, il confia à MIZUNUMA Tatsuo, membre de la Société des vrais amis (Shin’yūkai), une somme d’argent destinée à couvrir les frais d’organisation de la première fête du Travail du Japon qui se tint le 2 mai ; ces fonds étaient constitués par une partie des droits d’auteur provenant de l’ouvrage posthume de KŌTOKU Shūsui, Kirisuto massatsu ron (Le Christ supprimé) qui lui avaient été confiés. Enfin, c’est en août 1919 que fut constituée la Fédération socialiste du Japon (Nihon shakaishugi dōmei), couronnement des efforts déployés par SAKAI Toshihiko pour réunir dans une même et vaste organisation toutes les tendances du mouvement socialiste japonais ; il dota aussitôt la jeune fédération d’un organe de presse Shakaishugi (Socialisme), qui n’était autre que le successeur de Shin shakai hyōron (Journal critique de la nouvelle société), nouveau titre depuis 1920 de Shin shakai (La Nouvelle société). Au mois de décembre fut organisée une réunion pour célébrer la constitution de la Fédération socialiste ; la police donna l’ordre de dispersion et au cours de l’affrontement qui s’ensuivit, SAKAI Toshihiko fut blessé ; d’autre part, les dissensions internes entre anarchistes et communistes (appelés alors « bolchevistes » au Japon) ; ne faisaient que s’aggraver et quand, une nouvelle fois, fut donné l’ordre de dispersion, lors du IIe congrès en mai 1921, la Fédération socialiste se démembra. En août 1920 SAKAI Toshihiko avait été invité par un Coréen, envoyé spécial du Comintern, à prendre part à la réunion des socialistes d’Extrême-Orient, qui devait se tenir en automne à Shanghai ; il avait alors refusé en même temps que YAMAKAWA Hitoshi de s’y rendre. Il accepta cependant de former en avril de l’année suivante, avec divers socialistes dont YAMAKAWA et HASHIURA Tokio, un Comité chargé de préparer la constitution d’une section japonaise du Comintern (Kominterun nihon shibu kessei junbi kai) et il en devint le président. Il prit cependant ses distances par rapport à ce comité lorsque KONDO Eizō, émissaire du groupe à Shanghai fut arrêté à sou retour de Chine avec une importante somme d’argent destinée à financer leurs activités. C’est ainsi qu’il réussit à ne pas être impliqué dans l’« Affaire du Parti communiste de l’aube » (Gyōminkyōsantō ; les membres de cette organisation avaient distribué des tracts antimilitaristes aux soldats du contingent. Tout en collaborant ensuite à la revue de YAMAKAWA Hitoshi, Zen’ei (Avant-garde), il participa à la fondation du Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō) le 15 juillet 1922. Ayant pris part au congrès constitutif de l’Union générale des syndicats ouvriers du Japon (Nihon rōdō kumiai sōrengō sōritsu taikai) qui se tint au mois de septembre de cette même année à Ōsaka, il prit la tête des syndiqués de la tendance dite bolchevique. Il fut cette année-là victime de deux attentats : du premier, en janvier où il avait été attaqué par un homme de main, il était sorti indemne ; mais il fut blessé lors du second, en décembre, au cours duquel il avait été poignardé dans la poitrine par un soldat.
Appréhendé au cours de la première vague d’arrestations massives visant les communistes (5 juin 1923), il vécut le Grand tremblement de terre de Tōkyō-Yokohama en prison et fut relâché à titre provisoire en décembre.
Arrêté une nouvelle fois en 1926, il fut condamné en juin à une peine d’incarcération de dix mois, les quatre mois qu’il avait passés en détention préventive déduits ; c’est ainsi qu’il sortit de la prison de Sugamo fin décembre, après la réunion de Goshiki qui avait proclamé la reconstitution du Parti communiste japonais ; SAKAI Toshihiko n’y avait pas participé. Ayant lancé, en décembre 1927, une nouvelle revue Rōnō (Ouvriers-paysans) avec YAMAKAWA Hitoshi, ARAHATA Kan son et INOMATA Tsunao, il fonda le groupe dit de l’Ecole marxiste Rōnō (Rōnōha). Après l’interdiction du Parti des ouvriers et des paysans (Rōdō nōmintō) il organisa le Parti prolétarien populaire (Musan taishū tō), en juillet 1928 avec, notamment, SUZUKI Mosaburō et KURODA Toshio. Ce parti devait fusionner sur l’initiative du Parti ouvriers-paysans japonais (Nihon rōnōtō) en décembre de la même année avec six autres partis politiques pour former le Parti populaire japonais (Nihon taishū tō) ; SAKAI Toshihiko devint membre de son Comité central. Candidat aux élections municipales de la ville de Tōkyō en janvier 1929 pour l’arrondissement d’Ushigome, il fut élu avec le plus grand nombre de voix. Cependant, à la suite de dissensions internes, SAKAI Toshihiko fut exclu de son parti, en juin, en même temps que SUZUKI Mosaburō et KURODA Toshio. Ils organisèrent alors la Ligue d’opposition (Hantai dōmei) dont SAKAI devint président et constituèrent finalement, en décembre, le Parti prolétarien de Tōkyō (Tōkyō musantō). L’année suivante, en février, SAKAI Toshihiko se présenta aux élections à la Chambre des représentants mais il échoua. Se consacrant alors à l’unification de tous les partis prolétariens locaux ou régionaux, SAKAI Toshihiko participa à l’organisation, en septembre 1929, du Conseil d’unification du front des partis prolétariens (Musan seitō sensen tōitsu kyōgikai) ; il prit également part à la constitution, en juillet 1930, du Parti national populaire (Zenkoku taishūtō) qui regroupait, avec le Parti national du peuple (Zenkoku minshūtō), des éléments venus du Parti populaire japonais (Nihon taishūtō) et du Parti socialiste du peuple (Shakai minshūtō) ; il devint conseiller de ce nouveau parti unifié. L’année suivante, il conjugua ses efforts avec ceux de la Fraction de l’union du Parti ouvriers-paysans (Rōnōtō) et du Parti socialiste du peuple (Shakai minshūtō) ; c’est ainsi que fut organisé, en juillet, le Parti national populaire ouvriers-paysans (Zenkoku rōnō taishūtō) dont SAKAI Toshihiko fut nommé conseiller.
Peu après, en septembre, l’Incident de Mandchourie marqua le début de l’invasion de la Chine par le Japon. Au sein du Parti national populaire ouvriers-paysans (Zenkoku rōnō taishū tō), fut constitué sous la direction de SAKAI Toshihiko, un Comité de lutte contre l’envoi de militaires en Chine (Taishi shuppei hantai tōsō iinkai) qui s’opposa violemment à la Fraction de soutien à la guerre (Sensō shienha) dirigée par MATSUTANI Yōjirō.
En février 1931, accédant à la demande de TAHARA Haruji, président de la Fédération départementale de Fukuoka du nouveau Syndicat des paysans japonais (Nichinō ou Nihon nōmin kumiai), formé un mois auparavant, SAKAI Toshihiko avait fondé, dans son village natal de Toyotsu, une École pour ouvriers et paysans qui portait son nom ; mais victime d’une hémorragie cérébrale en décembre de cette même année, il succomba un mois plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237565, notice SAKAI Toshihiko (pseudonymes : KOSEN et KAIZUKA Shiburoku), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 7 février 2022.

ŒUVRE : SAKAI Toshihiko senshū (Œuvres choisies de SAKAI Toshihiko), 1933. — SAKAI Toshihiko zenshū (Œuvres complètes de SAKAI Toshihiko) en six volumes, 1970. — Publié sous la direction de KISHIMOTO Eitarō, ouvrage commenté, MORICHIKA Unpei, SAKAI Toshihiko shū (Recueil des œuvres de MORICHIKA Unpei et SAKAI Toshihiko), 1955.

SOURCES : SAKAI Tameko, « Daidokoro kata sanjū san nen ; otto Toshihiko no kage ni ikite » (Du côté de la cuisine pendant trente-trois années ; la vie dans l’ombre de mon époux Toshihiko), publié dans le numéro de mars 1933 de la revue Chūō kōron. — KAWAGUCHI Tadahiko, « SAKAI Toshihiko to yuibutsu shi kan kenkyū » (Recherches sur SAKAI Toshihiko et le matérialisme historique), publié dans Shisō, numéro 9, 1955. — ARAHATA Kanson, « Bonjin, SAKAI Toshihiko » (Un homme ordinaire, SAKAI Toshihiko) ; YAMAKAWA Hitoshi, « Shakaishugi_shijō no SAKAI Toshihiko » (SAKAI Toshihiko dans l’histoire du socialisme) ; KOSAKA Itsurō, « SAKAI Toshihiko to gakumon » (SAKAI Toshihiko et la science), publiés dans Shakaishugi, numéro 10, 1955. — Table ronde avec YAMAKAWA Hitoshi et autres, « SAKAI Kosen »(SAKAI Kosen), publié dans Sekai, octobre-novembre 1955. — YAMABE Kentarō, « SAKAI Toshihiko », dans Nihon jimbutsushi taikei (Histoire systématique des personnages du Japon), tome VII, 1960. — ARAHATA Kanson, « SAKAI Toshihiko »(SAKAI Toshihiko), dans « Sandai genronjin shū », juillet 1963. — TAMAKI Motoi, « SAKAI Toshihiko, nihon no marukusushugisha » (SAKAI Toshihiko, marxiste japonais), publié dans Shisō no kagaku, numéro de mai 1965. — TERAYA Takashi, « SAKAI Toshihiko ron » (Essai sur SAKAI Toshihiko), publié dans Kokugo to kokubungaku, numéro d’août 1965.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable