SAKISAKA Itsurō (pseudonyme : MINAMI Keiji)

Né le 6 février 1897, dans le département de Fukuoka. Économiste marxiste ; un des théoriciens les plus représentatifs de l’École marxiste Rōnō (Rōnōha) ; militant socialiste de gauche.

Né à Omuta, dans le département de Fukuoka, fils d’un employé de la Société commerciale Mitsui Bussan, SAKISAKA Itsurō entra, en 1910, à l’école secondaire de Yame, école départementale de Fukuoka, puis à l’école secondaire d’Otaru, dans le département de Hokkaidō, à la suite d’un changement de poste de son père. Il y resta jusqu’à la troisième année, puis entra à Fukuoka chez sa grand-mère, sur l’insistance de sa mère qui s’inquiétait des mauvaises notes de son fils. Refusé à Fukuoka, à cause de sou niveau scolaire insuffisant, SAKISAKA Itsurō retourna finalement à l’école secondaire de Yame, d’où, mieux stimulé, il sortit premier. Il entra ensuite en 1915 à l’école supérieure Daigo malgré la pauvreté de sa famille à cette époque, engendrée par le chômage du père. Après avoir lu Bimbō monogatari (Histoire des pauvres) de KAWAKAMI Hajime, SAKISAKA Itsurō s’intéressa aux sciences économiques qu’il étudia à partir de 1918, à la Faculté de Droit de l’université impériale de Tōkyō. C’est alors qu’il évolua vers le marxisme sous l’influence d’UNO Kōzō, un de ses camarades avec lequel il lut Kyōsantō sengen (Manifeste communiste). Au moment de l’Affaire MORITO en 1919 (un traité écrit par le professeur MORITO dans une revue de la Faculté des Sciences économiques nouvellement fondée fut considéré comme « criminel ») il prit, en tant que membre de l’Association autonome des étudiants (Jichikai), la tête du mouvement contre les mesures répressives de la police. Dès sa sortie de l’Université en 1921, il devint assistant à la Faculté des Sciences économiques et se consacra à des recherches sur le marxisme. Envoyé, l’année suivante, en Allemagne pour poursuivre ses études, mais à la condition de travailler à la Faculté de Droit et des Lettres de l’université impériale de Kyūshū à son retour, il consacra les deux ans et demi de sou séjour à Berlin à rechercher et à collectionner les œuvres classiques du marxisme. Après son retour au Japon, il donna des cours sur les principes d’économie politique à l’université impériale de Kyūshū. Licencié en 1928 à la suite de l’Affaire du 15 mars (arrestations massives des communistes), SAKISAKA Itsurō se rendit à Tōkyō où il vécut de sa plume jusqu’à sa réintégration en 1946 à l’université. Durant cette période, il s’occupa de la publication de Marukusu engerusu zenshū (Œuvres complètes de Marx et Engels, édition Kaizōsha, 1933) et participa à des débats contradictoires au sujet de Shihonron (Le Capital) ; il s’était spécialisé dans le domaine de la théorie de la rente foncière. Devenu membre de la rédaction de la revue Rōnō (Ouvriers et paysans) dont YAMAKAWA Hitoshi était un des responsables, il contesta l’analyse du capitalisme japonais de NORO Eitarō et YAMADA Moritarō, les théoriciens les plus brillants de l’Ecole marxiste Kōza (Kōzaha).
Arrêté en décembre 1937 au cours de l’Affaire du front populaire, il restera en prison jusqu’à l’automne 1939. Après sa mise en liberté provisoire, il ne put plus ni écrire ni traduire sous son propre nom et cultiva un lopin de terre pour gagner sa vie jusqu’à la fin de la guerre. SAKISAKA Itsurō retrouva, en 1946, son poste de professeur à l’université de Kyūshū en affirmant son droit au militantisme socialiste et le quitta en 1960 à l’âge de la retraite. Il lança, en août 1947, Zenshin (En avant), revue théorique de l’École marxiste Rōnō (Rōnōha), et en assuma la direction avec YAMAKAWA Hitoshi. La publication de cette revue fut interrompue en août 1950 à la suite du désaccord entre SAKISAKA Itsurō et KOBORI Jinji, un des collaborateurs, sur les problèmes du réarmement et sur le rôle de l’Union soviétique. SAKISAKA Itsurō fonda, en 1951, l’Association socialiste (Shakaishugi kyōkai) avec YAMAKAWA Hitoshi et commença à publier en juin la revue Shakaishugi (Socialisme). Ce furent SAKISAKA Itsurō et INAMURA Junzō qui élaborèrent le programme du Parti socialiste de gauche (Saha shakaitō), adopté en janvier 1954. Ayant participé, en octobre de la même année, à la fondation de l’université des ouvriers du Parti socialiste dont il devint responsable, SAKISAKA Itsurō déploya des efforts particuliers dans le domaine de l’éducation des travailleurs. II s’occupa, par exemple, des activités éducatives du Syndicat des mineurs de Miike (Miike tankō rōdō kumiai). Malgré le départ de ses principaux membres, l’Association socialiste (Shakaishugi kyōkai), reprise par SAKISAKA Itsurō après la mort de YAMAKAWA Hitoshi, vit peu à peu son influence croître au sein du Conseil général des syndicats ouvriers japonais (Sōhyō ou Nihon rōdō kumiai sōhyōgikai) ainsi que du Parti socialiste, notamment auprès des militants de base. Cette association socialiste (Shakaishugi kyōkai) composée de marxistes-léninistes s’est donné pour mission de soutenir le Parti socialiste japonais ainsi que les syndicats ouvriers ; elle se consacre à des recherches théoriques et pratiques et effectue des enquêtes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237570, notice SAKISAKA Itsurō (pseudonyme : MINAMI Keiji), version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 15 février 2022.

ŒUVRE : Shihonron taikei (Le Système du Capital), deux volumes, 1932. — Rëninden (Biographie de Lénine), 1932. — Fashizumu kenkyū (Recherches sur le fascisme, œuvre collective), 1932.-Chidairon kankyū (Recherches sur la rente foncière), 1933. — Tōsei keizai sōron (Observations générales sur l’économie dirigée), 1934. — Chishiki kaikyūron (Essai sur la classe intellectuelle), 1935. — Genka no nōson mondai (Problèmes actuels des villages agricoles), 1936. — Nihon shihonshugi no shomondai (Problèmes du capitalisme japonais), 1937. — Keizaigaku hōhōron (Méthode des sciences économiques), trois volumes, 1950. — Marukusu keizaigakuno hōhō (Méthode des sciences économiques marxistes), 1959. — Senshi no hi (Tombeau des soldats), 1970. — Etc.
TRADUCTIONS : Shihonron (Le Capital), 1946-1956. — Kyōsantō sengen (Manifeste communiste), traduction collective, 1951.

SOURCES : SAKISAKA Itsurō, Nagare ni kōshite (En résistant contre le courant, autobiographie), 1964. — Nihon no marukusu keizaigaku (Sciences économiques marxistes du Japon) 2e vol., ouvrage collectif publié chez Aoki Shōten, 1968.

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