CAVALIER Guy, Yves

Par Hugues Lenoir

Né le 19 juin 1945 à Passy-en-Valois (Aisne) ; militant de la CNT ; libertaire espérantiste.

Guy Cavalier lors d’un congrès de Sat-Amikaro, le 6 avril 1995 à Orly, en pull rouge, à coté d’Yves Peyraut.

Guy Cavalier était le deuxième d’une famille de trois enfants. Son père, Jean Cavalier (1918-1998), l’ainé d’une famille de sept enfants, obtint son certificat d’études à 13 ans puis travailla à la ferme locative de ses parents. Après son service militaire il fut appelé en 1940, à rejoindre une unité dans les Ardennes puis dans les Vosges où il fut fait prisonnier de guerre. Il s’évada d’Allemagne en 1941 mais fut repris lors du passage du Rhin. Après l’accord le rapatriement des prisonniers (sept.1942), ils eurent l’obligation d’aller chaque semaine pointer à leur sous-préfecture. Pour lui ce retour était justifié par le fait d’être l’ainé d’une famille nombreuse et d’avoir un père ayant effectué la campagne durant la 1ere guerre mondiale dans les Balkans, aux Dardanelles, à Salonique. Il travailla en culture avant de reprendre la ferme en 1947.
Sa mère, Yolande Duhaut (1919-2009), orpheline dès son adolescence, fut élevée par sa grand-mère, elle passa de nombreuses années de pension à l’EPS (École principale supérieure pour jeunes filles à Hirson (Aisne) de 1931 à 1939. Début octobre 1939 elle obtint sa première nomination d’institutrice. En août 1940 sa famille, en singulier convoi (chevaux, vaches, cochons et volailles), partit comme toute la population régionale, en exode, poussée par l’armée française. Elle-même chassée par les troupes allemandes, elle s’arrêta un mois après, ironiquement à Montoire. Début 1944, leur 1er enfant venait de naître, ils acceptèrent pour quelques temps de cacher un résistant qu’ils présentèrent comme étant un cousin, Mr Ramage, et ce ne fut que plus tard qu’ils surent qu’il s’agissait d’un chef de réseau Compiégnois du nom de Léon Terqueux (réseau OCM). Yolande, après quatre mutations fut en poste définitif à Morsain (Aisne) de 1949 à 1969. Elle apprit l’Espéranto à l’âge de 80 ans en adhérant à SAT et Satamikaro et participa à trois congrès.

Parmi les trois enfant, Gérard né en 1943 fut directeur de la MJC à Épinay-les Presles avant de reprendre la ferme familiale, Monique, la cadette, (janvier 1949-nov. 2020) fit des études d’infirmière à Soissons et elle travailla en tant qu’assistante dans les écoles maternelles et primaires. Son dernier baroud eut lieu sur des ronds-points auprès des « Gilets jaunes ».

Guy Cavalier, après des études générales au lycée de Compiègne ou seules les langues vivantes (anglais, allemand, espagnol) l’intéressèrent, ne trouva une issue que tardivement, dans l’enseignement technique à Soissons, en 1961, puis en spécialisation « automobile » à Amiens, en 1964. Sursitaire il effectua son service militaire de novembre1966 à février1968 à la base aérienne de Reims. Guy logea dans le FJT (Foyer de jeunes travailleurs) d’Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), d’avril 1968 à août 1969, il fut alors mécanicien « touche à tout » dans le garage Alpine-Renault qui en mars 1968 venait juste d’ouvrir sur un rez-de-chaussée. En janvier 1970 il entra chez Renault, pour un poste de technicien au Centre d’Études de Rueil-Malmaison, jusqu’en septembre 1998, dans la vague de transfert vers le Technocentre de Guyancourt (Yvelines). Il prit sa retraite en août 2002.

La vie militante de Guy prit racine en 1961 lorsque son père l’emmena avec son frère à une réunion informelle, à Soissons. C’est un petit noyau de 4 à 5 personnes mené par l’assureur familial, René Dufour, où il était question de pacifisme, de service militaire, de Louis Lecoin et de Jacques Duboin. Son père avait gardé des contacts avec son copain d’évasion qui habita à Palaiseau (Essonne) et qui était sur la même longueur d’ondes, et plus tard ils furent du voyage pour la cérémonie mortuaire de Louis Lecoin au Père-Lachaise.
Début des années 1970, Guy s’abonna alors, comme ses parents l’étaient déjà, à la Grande Relève de novembre 1970 à janvier 1981, qui prônait l’économie distributive, et ensuite au Mouvement pour l’Autogestion Directe avec Charles Loriant en février 1978), au journal Liberté de Louis Lecoin (novembre 1970). Il demanda sa carte de citoyen du monde en mai 1971, puis le 3 août 1971, il adhéra à l’Union Pacifiste et devint lecteur du journal Le Réfractaire.

C’est aussi en 1970, que Guy Cavalier fit connaissance, chez Renault à Rueil, de Volga Marcos, ancien réfugié républicain Espagnol suite à la retirada en décembre 1938. Volga fut dans l’équipe qui travailla sur la brochure bilingue l’Espéranto une langue pour tous aux éditions Volonté anarchiste et en retraite il écrivit sa fin de parcours chez Renault dans un livre intitulé La blouse blanche. Grâce à lui Guy Cavalier rencontra un couple d’espérantistes, Juliette et Marcel Ternant. Il commença l’étude de l’Espéranto en septembre 1971 au Centre Social de Saint Gratien (Val d’Oise) puis à leur domicile à Ermont. C’étaient des adhérents actifs au sein de SAT et de sa fraction libertaire qui éditait le bulletin Liberecana ligilo (Lien libertaire). Il s’y abonna le en septembre 1972.
Puis il milita avec Jean-Marie Gérard, un passionné du mouvement du 22 mars, qui fut le lien administratif d’un groupe informel d’Écologie Libertaire intitulé « Groupe Écologique » dont les thèmes principaux de luttes furent l’anti-nucléaire, l’antimilitarisme (le Larzac) et pro-contraception-avortement. Quelques actions furent coordonnées avec le groupe anarchiste Kropotkine d’Argenteuil. Guy Cavalier vendit Le Monde Libertaire à la gare d’Épinay-Villetaneuse et il fréquenta la librairie Publico au 3, rue Ternaux dans le XIe et parfois lors d’action locale du groupe Maurice Laisant de l’Union des Anarchistes

Fin 1982, le couple Ternant s’installa à Épinay-sur-Seine. Juliette faisait déjà partie du comité directeur de SAT depuis mars 1972 et Guy adhéra à SAT (mai 1972) et à SatAmikaro (février 1974), il rejoignît ce Comité du 1er mars 1982 à fin février 2021. Il continua avec Marcel Ternant à renforcer les cours d’espéranto dans diverses MJC.
Guy Cavalier rencontra Yves Peyraut à Bâle (Suisse) en août 1981 lors du congrès annuel de SAT, il ne le connaissait que par des articles écrits dans Le Monde Libertaire. En janvier 1982 Yves menait depuis 3 mois une émission d’espéranto sur Radio Libertaire, gravement malade il mandata Marcel Ternant, Lucien Uzé et Guy Cavalier pour en assurer la continuité.
Il fréquenta aussi le 33 rue des Vignoles où il côtoyât dans leur librairie des républicains Espagnols, Siège de la CNT française où Yves anima un cours d’espéranto avec le compagnon Georges Meillhac.
Guy Cavalier s’abonna au Combat syndicaliste en 1995 et adhéra au syndicat Etpreci de la CNT où il milita de 1995 jusqu’à fin janvier 2011.

En juillet 2002, libéré de son emploi, Guy Cavalier rejoignit le comité de SatAmikaro (association de divulgation de l’espéranto dans les milieux sociaux pour les francophones), adhérent depuis 1974, il en devint président en 2010. Il quitta SatAmikaro début 2015 suite à une prise de pouvoir par des adhérents de la gauche traditionnelle, ce qui le rendit plus disponible pour s’engager dans l’association mondiale Sat et pour s’occuper des locaux du siège à Paris. En fin 2020 il avait participé à de nombreux congrès annuels (10 avec SatAmikaro et 28 avec Sat).

Sur radio libertaire après l’émission des espérantistes il assura la technique radiophonique pour d’autres émissions : « La mémoire sociale », « La grenouille noire », « Ça bouste sous les pavés », « Léo 38 », « Offensive sonore », « Radio X ». En 2021 il continuait à diffuser la voix espérantiste sur la radio anarchiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237579, notice CAVALIER Guy, Yves par Hugues Lenoir, version mise en ligne le 28 janvier 2021, dernière modification le 18 septembre 2022.

Par Hugues Lenoir

Guy Cavalier lors d’un congrès de Sat-Amikaro, le 6 avril 1995 à Orly, en pull rouge, à coté d’Yves Peyraut.

SOURCE : témoignage direct, janvier 2021.

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