Né le 1er septembre 1898 dans le département de Kanagawa ; mort le 9 juillet 1932. Dirigeant du mouvement syndicaliste ouvrier en Hokkaidō.
Quatrième fils d’un paysan qui était maire du village de Nukui, district de Kita-tama, département de Kanagawa (actuellement situé sur le territoire de la ville de Koganei dans le département de Tōkyō), SUZUKI Jisuke perdit son père à l’âge de douze ans et fut engagé sept ans plus tard comme chef de gare à Hakodate en Hokkaidō par les Chemins de fer nationaux. Prenant part au mouvement socialiste, il constitua dans cette ville le Groupe d’études sur les problèmes sociaux (Shakai mondai kankyūkai), ce qui lui valut d’être déplacé et envoyé à Ōdomari dans la presqu’île de Sakkhaline. Il ne mit pas pour autant fin à ses activités et fut finalement licencié en 1921. De retour à Hakodate, il gagna sa vie comme livreur de journaux, tout en fondant d’autre part le Groupe d’études sur les sciences sociales (Shakai kagaku kenkyūkai) ; à cette époque où le mouvement ouvrier était dominé par la recherche d’une conciliation entre le capital et le travail prôné par la Société fraternelle (Yūaikai) et les tenants d’un syndicalisme corporatiste, SUZUKI Jisuke s’engagea totalement dans la promotion d’un mouvement syndicaliste révolutionnaire. Dans le courant de l’été 1924, il organisa avec HAKAMADA Satomi et TAKEUCHI Kiyoshi le Syndicat ouvrier unifié de Hakodate (Hakodate gōdō rōsō) d’une part, et la Fédération des jeunesses prolétariennes de Hakodate (Hakodate musan seinen dōmei) d’autre part ; il dirigea en outre le conflit des dockers et débardeurs du port de la ville. Ayant dirigé, en avril 1925, la lutte des employés de la Compagnie d’électricité de Hakodate, il fut arrêté ; mais les revendications des grévistes furent satisfaites à soixante-dix pour cent et un syndicat ouvrier fut constitué, la Société des relations amicales de la compagnie d’électricité (Suiden kōgikai). Lorsque le Conseil des syndicats ouvriers (Hyōgikai ou Nihon rōdō kumiai hyōgikai) eut été formé en mai 1925, s’y affilièrent immédiatement les adhérents du Syndicat ouvrier unifié de Hakodate (Hakodate gōdō rōsō), du Syndicat des ouvriers des bateaux de bois (Mokuzōsen rōsō), du Syndicat des ouvriers métallurgistes (Tekkō rōsō) et de la Société des relations amicales de la compagnie d’électricité (Suiden kōgikai) (un peu moins de deux mille membres en tout). Par la suite, les militants principaux se répartirent les différentes zones de Hokkaidō afin de fonder dans chacune d’entre elles, un syndicat ouvrier unifié : TAKEUCHI Kiyoshi fut affecté à Otaru, TSUDA Ihei à Asahigawa, NUMAYAMA Sō6zō à Sapporo ; SUZUKI Jisuke, quant à lui, resta à Hakodate. En octobre 1926, ayant pris une part active à la campagne pour les premières élections municipales se déroulant au suffrage universel, il réussit à faire élire deux candidats du Parti des ouvriers et des paysans (Rōnōtō ou Rōdō nōmintō). Organisant, en mars de l’année suivante, sept cents ouvriers du port de sa ville, il constitua le Syndicat des ouvriers des installations portuaires de Hakodate (Hakodate kowan rōsō) dont il devint secrétaire général. Pour protester contre des actes de violence commis par des agents de police dans la ville de Hakodate, SUZUKI Jisuke regroupa en septembre quelque cinq cents habitants de la ville qui allèrent manifester devant le commissariat de police central ; il fut alors arrêté avec MURAKAMI Yukari et inculpé pour infraction à la Loi de police sur la sécurité publique. Après avoir été relaxé en fin d’année, il adhéra au Parti communiste japonais (Nihon kyōsantō) en même temps que MURAKAMI Yukari et SAlTŌ Kin’ichi et ils furent à l’origine de la première organisation locale du Parti en Hokkaidō. En janvier 1928, SUZUKI Jisuke dirigea la grève des huit cents ouvriers des docks de Hakodate puis il se consacra à la campagne électorale des candidats prolétariens à la Chambre des représentants ; c’étaient les premières élections générales au suffrage universel. Elles furent aussitôt suivies de la vague de répression du 15 mars 1928 au cours de laquelle deux cents personnes furent arrêtées et dix-sept inculpées dans la seule ville de Hakodate. Condamné à une peine de cinq années de travaux forcés pour ses activités de dirigeant, SUZUKI Jisuke mourut pendant son incarcération dans la prison d’Asahigawa ; il laissait des poèmes et des « haïku » (courts poèmes de trente et une syllabes) écrits au cours de sa détention.
SOURCES : YAMAGISHI Isshō, Fukutsu no seishun (Jeunesse indomptable), 1969.