TAKANO Fusatarō (également connu sous le prénom d’Iwasaburō).

Né le 24 novembre 1868 à Nagasaki ; mort en Chine le 12 mars 1904. Journaliste ; l’un des fondateurs du mouvement syndicaliste japonais.

TAKANO Fusatarō était le fils aîné de TAKANO Senkichi, tailleur de kimono de Nagasaki. Alors que Fusatarō n’était encore qu’un enfant, son père alla s’installer avec toute sa famille à Tōkyō, où il dirigea simultanément une auberge et une agence de transport maritime, avant de mourir en 1879. Fusatarō, alors âgé de neuf ans, alla vivre chez son oncle Yasaburō à Yokohama. Là, tout en travaillant chez ce dernier (qui, de même que son père, dirigeait une maison de transport maritime), il fréquenta l’école municipale de commerce de Yokohama. Yasaburō mourut à son tour, subitement, en 1886. TAKANO Fusatarō, qui n’avait encore que dix-huit ans, décida alors d’aller vivre aux États-Unis d’Amérique. Si l’on excepte un bref retour au Japon en 1887, il y restera dix années. Installé aux États-Unis, TAKANO Fusatarō poursuivit ses études tout en travaillant pour gagner sa vie. Il fut ainsi amené à se rapprocher du mouvement ouvrier américain, de l’A.F.L. (American Federation of Labor — Fédération américaine du travail), alors en plein essor, et de la Société des Chevaliers du travail (Knights of labor). TAKANO Fusatarō fonda au cours de l’été 1890, de concert avec plusieurs japonais de San Francisco, dont SHIRO Tsunetarō, SAWADA Nakanosuke, HIRANO Eitarō, MUTŌ Buzen et KINOSHITA Genzō, la Société amicale des ouvriers (Shokkō giyū kai). Il eut également l’occasion de rencontrer Samuel Gompers, le président de la Fédération américaine du travail (A.F.L.). TAKANO Fusatarō publia par ailleurs dans divers journaux et revues japonais un certain nombre d’articles documentaires sur l’Amérique ainsi que des essais sur le mouvement ouvrier, dont l’un en particulier, daté 1891, portait le titre de « Nihon ni okeru rōdō mondai » (Les Problèmes ouvriers au Japon). Ces diverses activités ainsi que son expérience acquise au contact du mouvement ouvrier américain le firent nommer en 1896 organisateur de la Fédération ’américaine du travail pour le Japon. C’est en cette qualité qu’il revint dans son pays au cours de la même année. Il travailla alors quelque temps comme journaliste au Japan advertiser, journal japonais publié en anglais à Yokohama, mais bientôt, sous l’influence de SHIRO Tsunetarō et SAWADA Nakanosuke, rentrés au Japon vers la même époque, il reconstitua au Japon même la Société amicale des ouvriers (Shokkō giyū kai) en avril 1897. Devenu le personnage central de ce groupe, TAKANO Fusatarō organisa des réunions et des conférences, réalisa et distribua, sous le titre de « Shokkō shokun ni yokosu » (A tous les ouvriers), le premier bulletin de propagande ouvrière de l’histoire du Japon. Ayant reçu le soutien d’un grand nombre de travailleurs, il fonda en juillet 1897 l’Association pour la formation de syndicats ouvriers (Rōdō kumiai kisei kai), dont il assura la direction en même temps que KATAYAMA Sen. TAKANO Fusatarō travailla également en liaison avec le Syndicat des métallurgistes (Tekkō kumiai), créé sous l’influence de l’Association pour la formation de syndicats ouvriers (Rōdō kumiai kisei kai). La manière dont TAKANO Fusatarō envisageait le syndicalisme était celle qu’il avait apprise des Américains : elle excluait le socialisme et se fondait sur l’entente et la coopération entre ouvriers et patrons. Il se consacrait en même temps au mouvement syndicaliste des coopératives de consommateurs : jusqu’à sa démission du poste de membre permanent du comité de l’Association pour la formation de syndicats ouvriers ainsi que du Syndicat des métallurgistes, il accorda une grande importance au mouvement des « Kyōdoten » (coopératives ouvrières). Le mouvement ouvrier était en pleine évolution : d’une part, l’attitude de l’État et des milieux capitalistes se faisait répressive, et d’autre part les idées socialistes pénétraient peu à peu au sein du mouvement lui-même. Contrarié par cette évolution, TAKANO Fusatarō se retira du mouvement ouvrier dont il avait pourtant été l’un des pionniers. Après être revenu pour quelque temps au journalisme, il se rendit en Chine au mois de septembre 1900 et parcourut tout le pays. Souffrant d’un abcès au foie, il fut hospitalisé à l’hôpital américain de Ts’ing-tao et y mourut à l’âge de trente-six ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article237636, notice TAKANO Fusatarō (également connu sous le prénom d'Iwasaburō)., version mise en ligne le 29 juillet 2022, dernière modification le 26 avril 2022.

SOURCES : KATAYAMA Sen et NISHIKAWA Mitsujirō, Nihon no rōdō undō (Le Mouvement ouvrier japonais), 1901. — Hyman Kublin, Meiji rōdō undō shi no hitokusari (Discours sur l’histoire du mouvement ouvrier de la période Meiji), discours prononcé lors d’un colloque de l’American Philosophical Society, sous Je titre original « TAKANO Fusatarō ; a study in early japanese trades-unionism », 1959. — SUMITANI Etsuji et autres, Meiji shakai shisō no keisei — kōsa. Nihon shakai shisō shi 1 (Exposé sur la formation de la pensée sociale au cours de la période Meiji, in : Histoire de la pensée sociale au Japon, vol. 1), 1967. — OSHIMA Kiyoshi, TAKANO Iwasaburō den (Biographie de TAKANO Iwasaburō), 1968.

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